Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) (1), « la stimulation cognitive fait partie des techniques de prise en charge non médicamenteuses des patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA) et de syndromes apparentés (voir encadré). Il s’agit d’une approche pédagogique globale, cognitive, psychologique et sociale qu’il faut adapter à chaque profil patient ».
« Ces patients âgés à domicile ou en institution gagnent à être stimulés, explique le Dr Laurence Hugonot-Diener*(psycho-gériatre, hôpital Broca, Paris). En effet, le trouble du comportement le plus fréquent dans ces populations est l’apathie qui entraîne un manque souvent total d’initiative. »
Stimuler les régions encore opérantes afin de compenser les déficits
Des ateliers de stimulation cognitive (mémoire, réminiscence, lecture de conte, revue de presse, atelier d’écriture de chanson…), mais aussi de stimulation psychomotrice (gymnastique douce, tai-chi…), sensorielle (musicothérapie, atelier goût…), créant du lien social (danse, promenade, sorties), ont été conçus. Une étude prospective qui a été à l’origine des ateliers mémoire avait montré que c’était l’âge de l’arrêt du travail obligatoire, ou de la retraite, et non l’âge chronologique qui constituait un facteur de risque de déclin cognitif (2).
« Quand la parole devient difficile, certains ateliers visent à solliciter les neurones miroirs impliqués dans la cognition sociale, notamment dans l’apprentissage par imitation, mais aussi dans les processus affectifs, tels que l’empathie, et les processus émotionnels, indique la spécialiste. L’objectif principal de cette démarche est de préserver l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne. »
Il peut alors s’agir d’ateliers théâtre, d’ateliers rire…
L’objectif est de ralentir la pente du déclin en sollicitant de manière appropriée les capacités cognitives et psychosociales préservées et permettre ainsi au malade de conserver plus longtemps une certaine autonomie, une activité sociale et de lui redonner confiance et estime de soi.
La stimulation cognitive peut être proposée aux stades légers de la maladie d’Alzheimer et jusqu’au stade modéré dans certains troubles dégénératifs focaux. Elle ne se conçoit qu’individuellement ou en petits groupes homogènes. Cette prise en charge ne peut être réalisée que par un personnel spécialisé.
Stimulation non verbale, place de la musicothérapie
Dans le cadre de la stimulation non verbale, la musicothérapie occupe une place importante.
Comme le rappelle Laurence Hugonot-Diener, « la musicothérapie réussit à activer les capacités résiduelles du cerveau musical de patients atteints de maladie d’Alzheimer modérée à sévère ».
Le Pr Hervé Platel (INSERM, Caen) a mené des recherches dans ce domaine particulier : il a montré chez ces patients une dissociation évidente entre une capacité conservée à mémoriser une mélodie alors que la capacité à mémoriser un texte, une phrase est complètement effondrée.
Comment expliquer cet effet dissociatif ?
Les études de neuro-imagerie ont montré que la mémoire de la musique engageait beaucoup plus largement le cerveau, tant l’hémisphère gauche que droit ; la différence la plus marquante du point de vue structural, c’est-à-dire la différence de densité en neurones dans le cerveau, est retrouvée dans les régions hippocampiques, l’hippocampe étant une zone clé dans la mémoire.
« L’enjeu de tout atelier thérapeutique, qu’il soit dans le domaine cognitif et/ou sensoriel, explique le Dr Hugonot-Diener, est de positiver l’ensemble des fonctions cérébrales. Ces initiatives sont bénéfiques sur le plan cognitif, comportemental (réduction des manifestations agressives, des agitations, des épisodes anxieux et dépressifs) et sur le plan de la vie quotidienne (autonomie). Ces ateliers aident également les aidants qui sont également souvent en souffrance. »
Dr Sylvie Le Gac
* www.geriatrieonline.com/
(1) Haute Autorité de santé (HAS). Recommandations professionnelles. Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées. Mars 2008. www.has-sante.fr
(2) Israël L et al. Les troubles de la mémoire chez la personne âgée. Revue de Gériatrie 1979 ; 4-9 : 472-3.
(3) Bruno Dubois et al. Preclinical Alzheimer’s disease : definition, natural history, and diagnostic criteria. Alzheimers Dement 2016 ; 12 : 292-323.
Article précédent
Passer de la cure au care – du soin à l’accompagnement
Article suivant
Il était une fois le Galien… Le tour du monde en 45 ans
L’atout télémédecine
Patients fragiles et pré-fragiles : mission prévention
Les nouvelles recommandations de la SPLF
Les objets connectés vont-ils vraiment « révolutionner » la santé ?
Femmes à couper le souffle
Protection masculine ou manque de sensibilisation ?
Le serment de Galien et ses ancêtres
Un SESAM pour apprendre la médecine
Une nouvelle ère thérapeutique
Galien : J – 10
Le cerveau du cerveau
Les Européens à cœur ouvert
Regards sur l’œil du diabétique
Le cœur high-tech
Quand la réalité dépasse la fiction
PDA cherche cadre réglementaire
Des barrières de sécurité
La peau en danger
La BPCO tue 5 fois plus que la route
Une révolution dans le monde de la pharmacie
Deux types dans le viseur !
Les patients diabétiques bientôt tous connectés ?
À la recherche d’antalgiques puissants et bien tolérés
Le rouge de la honte
Galien : la comparaison « Nobel »
HTA : peut mieux faire
De la magic bullet au nanomédicament
Imaginer la cardiologie de demain…
Un leitmotiv : arriver à la « Aids-Free Generation »
Les clés d’une prise en charge optimale
Cap or
Ces cinq années qui ont permis de dompter l'hépatite C
Une révolution annoncée : voir au lieu d’écouter
La révolution du microbiote intestinal
Dix ans après : de plus en plus de champs thérapeutiques concernés
FODMAPs : une hypothèse qui fermente
Création du DU « e-santé et médecine connectée »
Le bébé en danger
Des avancées continues
Une arme de pointe en milieu carcéral
L’algorithme, futur bras droit du médecin ?
L’OFSEP : plus de 45 000 patients français à la loupe
Alcool cherche généraliste
Les médecines non conventionnelles à l’étude
Claude Galien, père de la pharmacie
De la fibrillation atriale à l’accident vasculaire cérébral
L'ado a rendez-vous avec la sexualité
L’école avec un grand H
Une avalanche de biomédicaments en rhumatologie
Roland Mehl, père du prix Galien
Menace intérieure sur la peau
Une décennie de révolution
Des données big data à l’immunothérapie dans l’asthme sévère
La montée en puissance des algorithmes
Lever les derniers freins
La peau… à rude épreuve !
Des pansements toujours plus intelligents
Les recommandations mises à jour
Les cinq cancers et l’hépatite C concernés
L’axe cerveau-peau
Quelles vaccinations ?
Zebda, Lhermitte, Garou et les autres
L’odyssée des AOD
Officines : 4 millions de personnes par jour
Les CeGIDD, une approche globale de la santé sexuelle
Big data : code en stocks
Zika : quand la peur permet d’éviter le danger
Lifting dans la gastro-entérite de l’enfant
Les biosimilaires arrivent en force
Maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés
La ville sous le signe du cancer
Les nouveaux traitements en ligne de mire
Galien : les derniers crus
Traits de plume
Lombalgie : l’enjeu de la chronicisation
Les quatre de saison
Un passage exaucé par les aumôniers hospitaliers
Grippe : restaurer la confiance
L’homme trahi par sa prostate
La mauvaise e-réputation : prudence et vigilance
L’ASIP propose un guide aux éditeurs de logiciels
Nouveautés d’aujourd’hui, visions d’avenir
Une sécurité obligée
Couvrez cette peau…
Un rôle majeur dans l’organisation des soins
Passer de la cure au care – du soin à l’accompagnement
Alzheimer : des ateliers pour stimuler les patients
Il était une fois le Galien… Le tour du monde en 45 ans
Une évolution technologique fulgurante
Panser… demain !
Le LDL-cholestérol, une cible à privilégier
L’alcool, le fléau de l’hospitalisation
Une recherche clinique tous azimuts
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques