La Recherche en diabétologie

Deux types dans le viseur !

Publié le 16/11/2015
Le diabète est une épidémie silencieuse redoutable. Maladie de la suralimentation et de la sédentarité, le diabète a des conséquences en terme de morbimortalité gravissimes (insuffisance cardiaque, événements cardio-vasculaires, insuffisance rénale chronique…). La recherche pré-clinique et clinique du diabète de type 1 et de type 2 se mobilise, bénéficiant des avancées technologiques que connaît ce début du XXIe siècle. Difficile d’être exhaustif tant la recherche est active. Morceaux choisis des grandes thématiques qui suscitent l’engouement de la spécialité et nous projettent dans la diabétologie du futur.
L’épidémie de diabète n’est toujours pas sous contrôle (1) ! En France, en 2013, plus de 3 millions de personnes étaient traitées pharmacologiquement pour un diabète, soit une prévalence de 4,7 %. Cette prévalence ne cesse d’augmenter, particulièrement chez les hommes, les jeunes ( < 20 ans) et les plus âgés (> 80 ans) ; les prévisions les plus pessimistes annoncent un doublement du nombre des diabétiques d’ici 2025. Il s’agit essentiellement de diabète de type 2, qui représente plus de 90 % des cas de diabète en France.
Quels sont les moyens à opposer à ces données épidémiologiques alarmantes et prévisibles ? Face à cet enjeu, la recherche se mobilise, aucun thème n’est laissé de côté : nouveaux médicaments, futurs traitements, cellules souches, greffes d’îlots, capteurs, télémédecine, médecine de précision, médecine préventive...les avancées de la recherche sur le diabète (types 1, 2, diabètes rares...) en France et dans le monde sont porteuses d’espoir.

Des greffes d’îlots de Langerhans aux cellules souches…

Outre ses effets sur l’hyperglycémie, la greffe d’îlots de Langerhans restaure les réponses déficientes à l’hypoglycémie. Elle est tout particulièrement indiquée chez les diabétiques de type 1 évoluant de longue date et présentant un risque d’hypoglycémie très sévère voire fatale. La recherche se concentre également sur la greffe de cellules souches embryonnaires capables de se transformer en tout type cellulaire et de se multiplier à l’infini. D’autres recherches évaluent la greffe de cellules souches pluripotentes induites dérivées de cellules somatiques adultes, ou encore des cellules progénitrices des cellules bêta (productrices d’insuline) présentes chez l’adulte.

Le pancréas artificiel, une révolution intelligente

Les systèmes développés associent une pompe à insuline miniaturisée comprenant un ou deux capteurs continus du glucose sanguin patchés, un logiciel inséré dans un smartphone dédié. Les patients qui étaient équipés de pompes à insuline, et modifiaient eux-mêmes de façon plus ou moins adaptée leurs doses en fonction de leur glycémie, pourront bénéficier d’une telle technologie. Ce pancréas artificiel de demain limitera en effet cette variabilité. Et pour la sécurité du patient, le smartphone communiquera en permanence avec un système de télésurveillance.

Une médecine prédictive et préventive adaptée au diabète

Quand on traite les patients prédiabétiques (glycémie à jeun comprise entre 1g/l et 1,26 g/l) par des mesures hygiéno-diététiques associées à de la metformine, on réduit de moitié le risque de diabète de type 2 à court terme. Mais à long terme, la plupart d’entre eux seront diabétiques, il faut donc agir avant. Les données génétiques ne suffisent pas. Les chercheurs tentent d’identifier des marqueurs de risque présents dès le stade infra-clinique. Ils analysent le métabolome et l’épigénome des patients.
Les populations cibles candidates sont :
– les familles de diabétiques, les personnes en surpoids ou obèses, les femmes ayant fait un diabète gestationnel ;
– les groupes ethniques à risque. L’objectif est de proposer très précocement des mesures préventives telles que l’amélioration du mode de vie et de développer une médecine personnalisée.

Du point de vue de la pharmacopée

La nouvelle classe des inhibiteurs SGLT2, en raison de la survenue de cas d’acidocétose, est l’objet d’une revue des données par l’Agence européenne du médicament. Dans ce contexte, dans le diabète de type 2, notons les résultats d’une vaste étude de morbi-mortalité, EMPA-REG (2), qui a fait le buzz au dernier congrès de l’EASD. Cette étude a évalué  l’empagliflozine, et a montré son intérêt chez le diabétique à haut risque cardiovasculaire en prévention secondaire : cet anti-SGLT2 réduit de façon significative la mortalité cardiaque et la mortalité totale. C’est la 1re fois dans l’histoire de la diabétologie, que l’on observe de tels résultats sous traitement anti-diabétique. Il faut maintenant attendre les études en cours avec les autres anti-SGLT2 pour y voir plus clair sur l’éventuel effet classe et tenter d’élucider les mécanismes physiopathologiques à l’origine de ces bénéfices cliniques.

Dr Sylvie Le Gac

(1) BEH 34-35. 10 novembre 2015.
http://www.invs.sante.fr.
(2) Zinman B, et al. Empagliflozin, Cardiovascular Outcomes, and Mortality in Type 2 Diabetes. NEJM 2015. DOI: 10.1056/NEJMoa1504720


Source : lequotidiendupharmacien.fr
Sommaire du dossier