Accompagnement de fin de vie

Un passage exaucé par les aumôniers hospitaliers

Publié le 01/03/2016
D’un accompagnement spirituel aux rites funéraires, les aumôneries hospitalières se portent au chevet des patients qui en font la demande.
Accompagnement de fin de vie : un passage exaucé par les aumôniers hospitaliers

Accompagnement de fin de vie : un passage exaucé par les aumôniers hospitaliers
Crédit photo : ©Phanie

« Qu’est-ce que la dignité ? », interpelle Denise Lanblin, aumônier national catholique des établissements de santé. Une interrogation dans l’air du temps alors que la loi sur la fin de vie, adoptée le 27 janvier 2016, instaure un droit à une sédation « profonde et continue », jusqu’au décès pour les malades en phase terminale. Risque de dérive euthanasique pour les uns ; pis-aller au regard d’une aide active à mourir pour les autres… « Pour l’Église, le fait que la personne est créature de Dieu supplante ses qualités propres, dont sa situation de souffrance. » Une conviction loin de tout dogmatisme. « On peut respecter le choix de quelqu’un sans y participer. À nous d’essayer de l’accompagner en trouvant la juste distance. »

Enseignements liturgiques, rites sacramentels dont l’extrême-onction et le viatique – soit « la dernière communion pour le dernier voyage », notions sur la laïcité, approche personnelle de la mort : la formation est une pierre angulaire de cet accompagnement. « La charte ministérielle de 2011 en fait un impératif, pour les agents publics comme pour les bénévoles. » Expérience individuelle forte d’une dynamique d’équipe, cette mission d’Église se ravive à la faveur de relectures pastorales, histoire de ne pas « rester ancré dans du faire ». « En laissant faire les choses, des choses extraordinaires se passent. »

Aumônier général israélite des hôpitaux de France, multipliant des permanences à Saint-Louis (Paris) et Avicenne (Bobigny), Mikaël Journo confirme : « Les patients ont souvent besoin d’être écoutés, sans exiger de réponses à leurs interrogations. Il faut avoir la modestie et l’honnêteté de dire “je ne sais pas”. Avant d’entrer dans une chambre, on est pris de doute et d’angoisse ; quand on sort, on est transformé par des leçons de résistance à la vie et de courage ! » Quant à laisser partir la personne, possible interprétation du « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir » formulé par le député Jean Leonetti, c’est au cas par cas, quitte à solliciter le grand rabbin de Paris, Michel Guggenheim. En présence de ce dernier, aux côtés du professeur Emmanuel Hirsch, une cinquième conférence d’éthique médicale et judaïsme a d’ailleurs convié le grand public, fin janvier. « Ces deux pensées concordent étonnamment », se réjouit Mikaël Journo.

Le don d’organe est-il halal ? Quid des médicaments à base de gélatine ? Le jeûne du ramadan reste-t-il recommandé pendant une hospitalisation ? Les juristes du monde arabo-musulman se révèlent aussi en phase avec l’époque : « C’est la santé qui prime », résume Mohammed Azizi. Islam oblige, l’imam référent pour l’Île-de-France est particulièrement sollicité pour les rites funéraires. « Si le mourant ne peut prononcer la chahada, on murmure ce témoignage de foi dans son oreille droite. Tout de suite après le décès, on ferme doucement les paupières du mort, les bras le long de son corps, recouvert d’un drap et tourné vers La Mecque. Puis on récite la sourate 36 (Yâ-Sîn). »

Autant de confessions qui prônent le dialogue et voisinent souvent dans le même bureau. « Depuis trois ans, elles nous ont aidés à formaliser une dizaine d’aumôneries bouddhistes hospitalières », partage leur coordinateur national François Lecointre. Vers la renaissance, il s’agit encore et toujours de créer une sérénité, par la pratique des rites comme de l’écoute. « Savoir se taire », conclurait Mikaël Journo, « c’est aussi ne se prendre ni pour le médecin, ni pour Dieu. » Quel(s) qu’il(s) soi(en)t.
 

Anne-Laure Murier


Source : lequotidiendupharmacien.fr
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