La simulation en santé

Un SESAM pour apprendre la médecine

Publié le 31/03/2016
Depuis 2009, le département de simulation en santé iLumens de l’université Sorbonne-Paris-Cité accueille quotidiennement des professionnels de santé pour les former sur mannequins et outils de simulation à une grande variété de situations de soins auxquelles ils pourraient être confrontés dans leurs activités. Une manière ludique, interactive et intelligente d’appréhender la médecine. Rencontre avec le Pr Antoine Tesnière, directeur général d’iLumens.


Situé au 5e étage de la faculté de médecine de Paris-Descartes, cet hôpital virtuel reçoit chaque jour médecins, infirmières, sages-femmes, kinésithérapeutes ou étudiants en médecine en vue d’améliorer leurs pratiques. Cette plate-forme est équipée de mannequins dernier cri et autres outils innovants sur lesquels les participants s’entraînent pour optimiser la prise en charge de leurs vrais patients.

« L’ensemble des outils du laboratoire de simulation en santé est dédié à l’apprentissage. Nous pouvons reproduire une grande variété de situations de soins à travers l’utilisation de nos installations pouvant enregistrer et analyser en temps réel tous les faits et gestes des participants, complétés de nombreuses informations venant des mannequins », explique le Pr  Antoine Tesnière, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Cochin, cofondateur et directeur général d’iLumens et président de la Société européenne de simulation appliquée en médecine (SESAM).

Ils pleurent, saignent, toussent…

Les participants peuvent s’entraîner sur différents outils. Pour coller au plus près de la réalité, les mannequins « haute fidélité » pleurent, saignent, parlent, toussent. Les mannequins « de tâche » sont soumis, quant à eux, à des gestes techniques effectués par les participants : ponction, intubation, pose de perfusion, incision ou encore la pratique de touchers pelviens. Dès les premières années d’études médicales, les étudiants des facultés de médecine de Sorbonne-Paris-Cité s’exercent plusieurs fois par an sur les mannequins du laboratoire de simulation où ils apprennent toute la sémiologie médicale, de la palpation mammaire à l’examen urologique en passant par l’examen ORL ou l’auscultation cardiaque et pulmonaire. « À iLumens, les gynécologues obstétriciens forment par exemple depuis longtemps les étudiants à la réalisation de touchers vaginaux sur des mannequins, avant qu’ils ne le fassent pour la première fois sur des patientes », souligne l’anesthésiste-réanimateur.

Apprendre à soigner

Dans le but de sensibiliser les participants à la relation médecin-malade, des sessions de formation, avec des comédiens jouant le rôle de patients, sont organisées dans les locaux du laboratoire. iLumens propose également dans son panel d’enseignements innovants des jeux sérieux dans des environnements virtuels. « De la même façon que l’on peut créer des scénarios de simulation fondés sur la vraie vie avec les mannequins, nous avons la possibilité de mettre en scène des situations interactives dans des environnements virtuels. L’équivalent d’un jeu vidéo dont le but n’est pas de se divertir, mais d’apprendre à soigner avec des avatars qui vont se comporter comme de vrais patients », ajoute le professeur de médecine.

Un intérêt scientifique majeur

Un grand nombre d’études scientifiques ont démontré l’intérêt de la simulation dans l’apprentissage de la médecine. « Sur le plan pédagogique, la simulation va permettre d’apprendre dans des conditions simulées, sans risque pour les patients, d’améliorer les compétences professionnelles des participants et, surtout, leurs comportements vis-à-vis des patients, c’est-à-dire savoir faire et savoir être », déclare le directeur du laboratoire.

La simulation en santé améliore aussi la qualité des soins. À titre d’exemple, l’apprentissage de la pose de cathéters centraux sur des mannequins diminue significativement le taux d’infections et la durée de séjour en réanimation lorsque les internes en médecine sont formés en amont avec la simulation, avec une économie de l’ordre de 800 000 dollars par an à l’échelle d’un service de réanimation, selon une récente étude américaine (1, 2)

Dr Valérie Auslender
 
(1) Barsuk JH et coll. Arch Intern Med 2009 ; 169 : 1420-3.
(2) Cohen ER et coll. Simul Healthc 2010 ; 5 : 98-102.

Source : lequotidiendupharmacien.fr
Sommaire du dossier