PLUS d’un médicament délivré sur quatre est un générique. Les personnes âgées étant le plus souvent polypathologiques, elles ont souvent au moins un médicament générique sur leur ordonnance. Avec ce type de clients la substitution peut s’avérer plus délicate (risques de confusion, de mauvaise compréhension) mais un peu de diplomatie et de pédagogie contribuent à lever les freins.
Positiver les objections.
« Une objection n’est pas un refus », explique Christine Caminade, dirigeante de la société Christine Caminade Conseil. « C’est pour le pharmacien une opportunité d’argumenter face à une méfiance et de mettre au clair des idées reçues. Commencer par un point de neutralité (« Vous faites bien de me le dire ») avant de poser une question ouverte pour connaître l’origine des réticences (« Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? » « Que vous a-t-on dit ? ») et de redélivrer des informations exactes sur le médicament générique. »
Optimiser la communication.
Il est important de s’accorder au sein de l’équipe pour une unicité de discours auprès des patients, explique Christine Caminade. En particulier, face à celui qui ne veut pas le générique mais refuse de payer le princeps. Pour éviter le conflit, il est préférable de mettre à sa disposition les textes de la CNAM et de lui laisser le temps de les lire et de comprendre que tous les patients et toutes les pharmacies sont concernés par le dispositif.
Expliquer le générique.
Le patient doit sortir de l’officine en ayant compris la substitution du princeps par le médicament générique. Pour faciliter cette compréhension, employer des mots simples et lui fournir de la documentation sur les médicaments génériques*. Lui montrer les plaquettes et les comprimés pour comparaison. En cas de risque de confusion, lui proposer un pilulier hebdomadaire. S’il est convaincu et satisfait, il sera plus observant, souligne Christine Caminade.
Minimiser le risque d’erreurs.
Les principales erreurs à craindre lors de la substitution en cas de mauvaise compréhension de la part du patient sont la prise simultanée du princeps et du générique, ou la prise de deux génériques de marques différentes mais ayant la même composition.
Pour éviter ces risques éventuels de confusion entre les génériques chez les patients âgés, la dernière convention a abordé un point en ce sens : « le pharmacien s’engage à garantir au patient de plus de 75 ans, pour un médicament générique donné, la délivrance dans son officine de la même marque ». La liste des médicaments concernés contient dans un premier temps des traitements chroniques en cardiologie et en diabétologie. La rémunération est accordée dès lors que 90 % des patients visés se voient délivrer une seule marque de médicament générique au cours de l’année civile. Pour éviter les erreurs lors d’une première substitution, inciter le patient à terminer son traitement habituel avant de commencer le générique.
Former les équipes et les patients.
Pour aider à la formation des équipes sur les médicaments génériques, les laboratoires s’investissent de plus en plus et proposent des formations sur la compréhension du médicament générique et ses enjeux, l’accompagnement des patients au comptoir (comprendre leurs besoins, adapter son discours). Ainsi par exemple, le laboratoire sandoz a lancé au mois d’octobre le programme « cap 100 % substitution », le laboratoire Biogaran a lancé en mars le programme Star (5 modules de visioconférence interactive pendant 1 an), le laboratoire EG labo propose un site d’e-learning vidéo, le laboratoire Teva propose le pack Génériq’info avec une formation e-learning de substitution et un espace d’échanges entre confrère et avec des experts… La formation des patients se fait via des brochures proposées par les laboratoires, des vidéos (Biogaran a diffusé sur la toile en septembre une webserie en 6 épisodes)…
Faciliter l’utilisation du générique.
D’autres moyens sont mis en œuvre par les laboratoires pour faciliter l’utilisation des médicaments génériques. Ainsi, ils proposent des boîtes dont les couleurs se rapprochent de celles des princeps, des couleurs et formes de comprimés les plus proches possibles également de celles des princeps, des pictogrammes qui reprennent les informations principales à donner lors de la délivrance (horaire de prise, modalités de prise…), des notices en caractères agrandis, des facilités de rangement des médicaments, des conditionnements unitaires… Autant d’éléments à prendre en compte pour faciliter l’acceptation du générique par les personnes âgées.
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