Outre-Rhin, les préparateurs suivent une formation de deux ans et demi avant de pouvoir obtenir leur diplôme, dont deux ans en école et six mois en officine. Les écoles de préparateurs, comme leur formation en général, sont financées en grande partie par la profession. Le pays manque actuellement de jeunes préparateurs, ce qui se traduit évidemment par des tensions sur le marché de l’emploi… et sur les salaires.
L’hiver dernier, un pharmacien d’officine installé dans une région rurale de Westphalie, Lutz Steinfurth, a poussé un véritable « coup de gueule » dans la presse professionnelle lorsqu’un laboratoire de génériques lui a, selon lui, « piqué » l’une de ses jeunes préparatrices pour l’engager dans son service commercial.
« J’ai financé sa formation, dont j’ai assuré tous les aspects pratiques au comptoir, et un laboratoire vient quelques mois plus tard lui offrir des conditions face auxquelles je ne peux bien sûr pas m’aligner », s’insurge M. Steinfurth. En travaillant pour la société TAD, filiale allemande du génériqueur slovène Krka, la préparatrice touchera un salaire de 3 500 euros bruts par mois, l’équivalent de ce que touche un adjoint débutant, et travaillera cinq jours par semaine avec six semaines de vacances par an.
Le pharmacien a vivement exprimé sa colère auprès du laboratoire, d’autant que celui-ci a la réputation d’être coutumier du fait, et de s’adjoindre ainsi, à moindres frais, du personnel formé connaissant bien le milieu officinal. Mais pour TAD, au contraire, il n’y a jamais eu le moindre démarchage dans les officines, et la préparatrice lui a présenté directement sa candidature, comme n’importe quelle postulante à un emploi.
Manque de préparateur
Mais mauvaise nouvelle pour le pharmacien, une autre de ses jeunes préparatrices vient, elle aussi, de céder aux sirènes de TAD. Comme il le relève avec amertume, « c’est sans doute la preuve que je forme très bien mon personnel, puisqu’il est tellement demandé », mais le pharmacien, cette fois n’entend pas en rester là.
Avec le soutien de plusieurs confrères, il souhaite que, « comme dans les clubs de football qui débauchent un joueur », un laboratoire qui vient chercher un ou une préparatrice officinale rembourse aux pharmaciens une partie de la formation de ce ou de cette dernière. En outre, souligne-t-il, les pharmaciens qui distribuent les génériques peuvent, sauf pour les génériques contractualisés avec les caisses, choisir librement la marque qu’ils délivrent : le comportement du laboratoire « recruteur » peut donc être « sanctionné » en toute légalité lors du renouvellement des stocks et du choix des commandes…
De nombreux pharmaciens, dont certains ont déjà été confrontés à des « débauchages » du même type de la part de laboratoires, se déclarent solidaires de M. Steinfurth, tandis que plusieurs syndicats réclament une table ronde sur le sujet, dont les conséquences peuvent être en effet très lourdes.
« Non seulement les laboratoires nous imposent des conditions de plus en plus difficiles, qui font que nous ne pouvons pas augmenter notre personnel comme il le faudrait, mais en plus, ils viennent nous le prendre alors que nous l’avons formé », soulignent ces organisations. Dans le secteur d’exercice de M. Steinfurth, une filiale de pharmacie, dans une zone isolée, a d’ailleurs récemment dû fermer, par manque de préparateur pour la faire fonctionner.
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