Pour les responsables économiques de l’association fédérale des pharmaciens (ABDA), qui présentent chaque année toutes les statistiques de la profession lors de ce forum, « 2015 a été une bonne année ». Certes, on comptait à nouveau, le 31 décembre 2015, presque 200 officines de moins que le premier janvier de l’an dernier, mais la tendance est au ralentissement, après plusieurs années où l’on a enregistré plus de 250 fermetures par an.
En 2015, le chiffre d’affaires moyen s’est élevé à 2,11 millions d’euros, mais 61 % des officines sont en dessous de ce chiffre : la pharmacie moyenne réalise un chiffre oscillant entre 1,5 et 1,75 million d’euros. Les ventes ont progressé d’un pour cent en 2015 par rapport à l’année précédente, où elles avaient fortement chuté, et le résultat a augmenté pour la deuxième année consécutive, pour atteindre 136 345 euros l’an dernier, soit 2 000 euros de plus qu’en 2014, après des années 2011 et 2012 marquées par un recul. Mais ce sont aussi les économies sur la gestion et les frais de fonctionnement qui permettent aux officines d’améliorer leur résultat, montrent les études.
Provocation
Toutefois, le président du syndicat des pharmaciens allemands, Fritz Becker, s’inquiète d’un projet du gouvernement qui tendrait à limiter la rémunération sur les nouveaux médicaments coûteux, qui constituent désormais une part significative de l’activité des pharmaciens.
Actuellement, tous les médicaments, quel que soit leur prix, sont rémunérés au pharmacien par un honoraire fixe de 8,35 euros, plus une marge de 3 %. Cette marge est donc très faible pour un médicament valant 10 euros… mais tout change quand le médicament en vaut plusieurs milliers, ce qui est de plus en plus souvent le cas (voir encadré).
Le gouvernement envisage donc soit de baisser cette marge, soit de la plafonner à 250 euros, ce qui veut dire qu’elle baisserait pour tout médicament valant plus de 7 500 euros. Pour M. Becker, il s’agit d’une véritable « provocation », car ce sont les officinaux qui assument les risques économiques du stockage et de la distribution de ces médicaments. Il s’inquiète, de plus, de la remise en cause de la liberté de choix du patient par certaines caisses qui obligent leurs assurés à aller chercher ces produits très onéreux uniquement dans des pharmacies qu’elles ont elles-mêmes agréés.
Au chapitre positif, le syndicat se félicite de la suppression envisagée par le gouvernement de l’obligation qui était faite aux pharmaciens d’acheter un certain pourcentage de leur stock (entre 5 et 7 %) sous forme d’importations parallèles à l’étranger. « Non seulement cette mesure n’a pas apporté les économies escomptées, note M. Becker, mais elle a posé des problèmes de sécurité et de fiabilité. »
Toutefois, cela ne signifie pas que la pression des caisses se relâche sur les achats des pharmaciens qui doivent toujours, notamment, délivrer prioritairement les médicaments qui font l’objet de rabais négociés avec elles. La liste de ces médicaments change tous les trois mois, accroissant le risque de confusion pour les patients, mais aussi de ruptures de stock. Les pharmaciens réclament, depuis des années, un allégement de ce système de gestion très lourd pour eux, et qui favorise les risques d’erreurs… et de sanction de la part des caisses.
Enfin, les pharmaciens allemands expriment leur satisfaction d’avoir été exclus d’une nouvelle loi, très controversée, qui vise à lutter contre la corruption au sein des professions de santé. S’ils y avaient été assujettis, les dispositions financières et les règles en matière de transparence qu’elle impose auraient, selon eux, « supprimé toutes les possibilités de négociations commerciales entre les pharmaciens et leurs fournisseurs ». Il n’en reste pas moins que le fisc, de son côté, continue de réclamer des contrôles plus sévères des caisses des officines.
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