Selon une enquête de France Assos Santé, 25 % des Français déclarent avoir déjà subi un cas de rupture, dont 30 % chez les patients en ALD. Pour près d'une personne sur deux, cette situation a induit un véritable désagrément. « Les ruptures d'approvisionnement de médicaments représentent un problème pluri-quotidien pour le pharmacien. Au sein de mon officine, mon équipe y consacre en moyenne 30 minutes par jour. Un temps que nous pourrions consacrer à faire davantage d'entretiens pharmaceutiques ou de bilans partagés de médication, par exemple », souligne
Fabrice Camaioni, président de la commission Métier pharmacien à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Lorsqu'un médicament est en rupture de stock, le pharmacien doit trouver des solutions alternatives pour ses patients. Il doit notamment en discuter avec le prescripteur qui n'est pas toujours disponible. « Il existe, par ailleurs, un service intitulé Vigirupture (www.vigirupture.fr) qui nous permet de vérifier quels sont les confrères disposant d'un médicament qui serait en rupture au sein de notre officine. Cette solution peut nous dépanner mais elle n'est pas fiable à 100 % car elle recense les stocks de la veille », précise Fabrice Camaioni.
Les pistes de réflexion des industriels
Pour leur part, les Entreprises du Médicament (LEEM) tentent également de trouver des solutions au problème de pénurie de médicaments. Elles ont récemment conduit une enquête sur les causes de rupture des MITM. « La principale cause dans le secteur industriel est liée au différentiel entre l'offre et la demande. Nos entreprises répondent à des marchés répartis sur la planète. Et lorsque la demande augmente, pour des raisons de capacité industrielle, l'offre ne suit pas toujours immédiatement. Pour proposer des solutions permettant de faire face à cette situation, nous avons travaillé sur un plan d'action visant à favoriser le maintien de la production de principes actifs sur le territoire européen. Ce point est essentiel pour limiter le niveau de dépendance stratégique à la fourniture de principes actifs produits sur d’autres continents. Cela passe par une politique européenne industrielle volontariste », précise Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques & RSE du LEEM. Une autre réflexion menée au LEEM porte sur les médicaments ayant un enjeu sanitaire important. « Il faut circonscrire ces produits sur la base d’une liste pour renforcer l’efficacité des dispositifs réglementaires existants, des mesures que peuvent porter les industriels pour assurer un niveau de stockage suffisant, permettant de pallier à une éventuelle rupture », confie Thomas Borel.
Une marge de manœuvre optimisée à l'officine
Les grossistes-répartiteurs ont également un rôle à jouer pour limiter l'impact des pénuries. « Nous avons l'obligation de détenir 2 semaines de stocks correspondant à la consommation de notre clientèle habituelle. Ce stock de sécurité permet de minimiser l'impact des ruptures mais ne règle pas le problème », regrette Emmanuel Dechin, délégué général à la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Pour aider les officinaux à anticiper les ruptures de stocks, l'Ordre des pharmaciens a créé, en 2015, un outil efficace : le DP-Ruptures. « En cas de rupture, les laboratoires ayant contracté avec l'Ordre, y laissent un message indiquant au pharmacien la durée prévisionnelle d'attente avant le retour du médicament. Autre outil, le DP-alertes donne accès aux messages de l'ANSM concernant les tensions d'approvisionnement et le risque de ruptures », note Alain Delgutte, président de la section A du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Enfin, autre avancée adoptée la semaine dernière, en première lecture à l'Assemblée nationale : les pharmaciens devraient à l'avenir pouvoir proposer une alternative thérapeutique en cas de rupture d'un médicament prescrit, susceptible de mettre en jeu le pronostic vital ou d’entraîner une perte de chance. Cette possibilité s'effectuera conformément aux recommandations de l'ANSM et le pharmacien devra en informer le prescripteur.
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