Malgré une activité de dépistage en laboratoires qui continue d'augmenter avec 5,6 millions de sérologies VIH réalisées en 2017-2018, le nombre de découvertes de séropositivité VIH, estimé à 6 000 personnes, reste stable depuis 2015. Les hommes ayant des rapports sexuels entre hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l'étranger restent les deux groupes les plus touchés et représentent respectivement 45 % et 38 %. Plus alarmant encore, 28 % des personnes ont découvert leur séropositivité à un stade avancé (sida déclaré) et 49 % n’avaient jamais été testées auparavant. « Ces chiffres soulignent l'importance du dépistage du VIH qui doit encore être intensifié dans les populations les plus exposées (HSH et migrants), prévient Jade Ghosn, président de la Société Française de Lutte contre le Sida (SFLS). On estime à 30 000 les personnes infectées par le VIH ignorant leur statut sérologique, beaucoup d'entre elles restent inaccessibles et ne bénéficient pas d'un traitement antirétroviral (AVR). Pourtant de nombreux outils disponibles permettent de prévenir et/ou contrôler l'épidémie : préservatifs, prophylaxie pré-exposition PrEP, traitement postexposition, TASP. Parallèlement, les TROD (tests rapides d'orientation diagnostique) et les autotests VIH sont d'excellents moyens de dépistage mais leur nombre (55 770 TROD réalisés dans un cadre communautaire et près de 75 000 autotests VIH vendus en pharmacie) reste stable depuis 2016.
Mieux cibler le risque
Les résultats de l'étude « Opportunités manquées » menée par l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) expliquent en partie l'échec relatif des stratégies de dépistage mises en place. Ils révèlent une proportion élevée d'actes manqués chez 1 008 patients VIH nouvellement diagnostiqués qui ont consulté une structure de soins dans les trois années qui précèdent le diagnostic. Pour le soignant, il ressort un manque de formation pour reconnaître les indications qui justifient de proposer en routine un dépistage du VIH chez un patient à risque. Ainsi, le test de dépistage n'est proposé que dans 2 % des cas pour des infections bactériennes récidivantes, 11 % pour une adénopathie généralisée persistante, 14 % pour un zona, et 54 % pour des IST. La stratégie de dépistage ciblée actuelle s'avère donc insuffisante car son application est insuffisante. « La prévention combinée VIH doit être poursuivie et intensifiée, il faut faire entrer le patient dans une démarche de dépistages répétitifs, reconnaît Liliane Grangeot-Keros de l'Académie de pharmacie. Dans ce contexte, il est parfaitement légitime d'envisager la mise en place des TROD-VIH en pharmacie en insistant sur l'accessibilité et la confidentialité. » Après une formation, le pharmacien pourrait aider à leur réalisation en l'accompagnant d'un soutien psychologique et d'un suivi des traitements AVR si besoin. « Le pharmacien doit être prêt à s'investir à 100 % dans cette nouvelle mission surtout pour les personnes isolées et anxieuses », insiste Alain Delgutte, Président de la section A, Conseil national de l'Ordre des pharmaciens.
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