Parce qu’ils sont harmonieusement répartis sur le territoire et qu’ils sont faciles d’accès, les pharmaciens d’officine ont un rôle pivot dans la prévention, en particulier face aux IST. Les situations dans lesquelles ils peuvent intervenir sont foison : lors de l’achat de préservatifs ou d’un test de grossesse, d’une demande pour la pilule du lendemain ou un autotest VIH, à l’occasion de la délivrance de crèmes ou d’ovules antimycosiques, ou face à une demande spontanée.
« La solution à proposer est avant tout un accompagnement et une orientation. C’est pourquoi les confrères doivent toujours avoir à disposition les coordonnées des médecins, centres de santé, laboratoires d’analyse, planning familial, hôpitaux, associations… », explique Martial Fraysse, également président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens (CROP) d’Ile-de-France. C’est ainsi qu’il a accompagné une jeune Kényane ne parlant pas français mais un excellent anglais, qui écumait les pharmacies pour trouver un test de grossesse sans réussir à se faire comprendre. Quelques mots échangés pour l’orienter au mieux et Martial Fraysse découvrait alors avec effroi que cette jeune femme avait été récemment violée. « On n’avait pas qu’un test de grossesse à lui donner ! » Un cas marquant pour toute son équipe. « On répond aussi à des situations plus banales, comme le préservatif qui a craqué. L’important c’est le dialogue. »
Une évidence
Un dialogue qui passe par un vocabulaire compréhensible par tous, avant de pouvoir orienter le patient dès lors qu’il prononce des mots comme brûlures, pertes ou douleurs. « Il ne faut pas que la relation patient-pharmacien se limite à une transaction, sinon Amazon saura très bien le faire en proposant en plus un paiement par Paypal et une livraison à domicile. Orienter vers un dépistage lorsqu’il y a des symptômes ou un doute doit être une évidence. Comme il est évident qu’un protocole doit être mis en place pour la délivrance de la pilule du lendemain », insiste Martial Fraysse. Mais c’est encore loin d’être systématique. « Trop de pharmacies ne donnent pas même le livret d’informations qui doit toujours accompagner la délivrance, parce qu’elles n’ont pas fait la démarche pour en avoir. Ils sont téléchargeables sur Internet et envoyés gratuitement par le CESPHARM sur simple demande. » Au-delà de la remise de ce livret, les confrères doivent informer la jeune patiente des risques d’IST après un rapport pas ou mal protégé, « tout simplement parce qu’elle peut se mettre en danger ».
Quant à l’autotest VIH, il souligne sa complexité d’utilisation. « L’autotest est parfaitement sûr, encore faut-il le faire correctement. Beaucoup de patients reviennent et demandent à réaliser le test à l’officine pour être accompagnés, c’est leur libre choix comme le prévoit la loi Kouchner. » Ce qui pose la question d’autoriser les TROD VIH en pharmacie, comme le préconisent l’Ordre et l’Académie de pharmacie. « La prévention des IST à l’officine nécessite de l’empathie, de l’écoute, des protocoles, des supports d’information et des compétences fortes. Le pharmacien est une clé de la prévention et de l’éducation thérapeutique des patients. »
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