L’introduction de l’honoraire n’en finit pas de secouer la profession, au risque de la diviser. Mais elle n’est pas le seul élément à agiter le paysage de la pharmacie. Avant l’honoraire, d’autres facteurs avaient introduit la mutation du modèle officinal. Parmi eux, pour ne citer que les plus importants, le développement de nouvelles missions et de nouveaux services, le statut juridique et le développement des SEL et SPFPL, ainsi que la vente en ligne de médicaments.
Leur introduction dans l’exercice officinal a été appréciée à différents degrés par les pharmaciens. Un sondage, mené du 15 au 31 juillet 2015 par Call Medi Call (groupe GMG-Santé) auprès de 1 066 pharmaciens* pour « Le Quotidien du Pharmacien », a mesuré l’impact positif sur l’économie de l’officine qu’avait eu chacune de ces trois mesures.
À titre prospectif, les pharmaciens ont également été interrogés sur l’ouverture du capital aux adjoints, prévue au projet de loi de Santé. Chaque pharmacien sondé a été invité à décerner une note de 0 à 10 à chacune de ces évolutions.
Zéro pointé à la vente en ligne
Aucun de ces changements ne recueille de mention spéciale, ni même de tableau d’honneur. Il en ressort plutôt un tableau très différencié, selon que la nouvelle disposition touche la structure juridique et capitalistique de l’officine ou modifie l’activité officinale à proprement parler.
Ainsi, le développement de nouvelles missions et de nouveaux services à l’officine, tel qu’il est prévu à la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), mérite quasiment un avertissement. En effet, 65,5 % des pharmaciens interrogés lui décernent une note en dessous de la moyenne. Ils sont même 15 % à l’estimer nul. Ces nouvelles missions et nouveaux services peinent d’ailleurs à recueillir une note supérieure à 7. Et encore, ils ne sont que 4 % des pharmaciens à l’approuver en ces termes.
Le jugement des pharmaciens est encore plus dur à l’égard de la vente en ligne de médicaments. Ce nouveau paradigme, introduit en 2013 dans le monde officinal, réussit le tour de force de fédérer presque 85 % de la profession… contre lui. Et s’ils sont encore 10,4 % à lui accorder une petite moyenne. Les pharmaciens sont presque inexistants quand il s’agit de noter favorablement ce nouveau mode de distribution du médicament. Difficile cependant de savoir si, dans cette question comme dans la précédente, les pharmaciens interrogés sanctionnent davantage la nouvelle disposition sur son principe que sur son application à l’officine.
Ils sont en revanche moins sévères, ou tout au moins plus nuancés, lorsqu’il s’agit d’estimer, toujours sur une échelle de 0 à 10, les bouleversements des règles juridiques et capitalistiques des officines. Le statut juridique et le développement des SEL et SPFPL remportent une belle majorité avec 63,7 % de notes équivalentes ou supérieures à 5. La moyenne lui est accordée par près d’un quart des pharmaciens tandis qu’ils sont 15,4 % à lui décerner un zéro tout rond. Un bulletin de notes quasiment similaire est décerné à l’ouverture du capital aux adjoints, une éventualité inscrite au projet de loi de Santé. Cette évolution n’a pas encore vu le jour qu’elle est déjà l’objet d’appréciations très différenciées. Saluée par un 5 sur 10 par 22 % des pharmaciens et par une note supérieure à la moyenne par plus d’un tiers d’entre eux, elle ligue quand même contre elle 13 % de la profession. Entre les deux camps, près d’un tiers de pharmaciens reste mitigé. Ou au mieux réserve son verdict.
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