Pour l’année 2014, les ratios économiques des officines ne sont globalement pas bons, comme on pouvait malheureusement s’y attendre. L’analyse faite par la FSPF de 699 bilans clôturés l’an dernier fait en effet apparaître un chiffre d’affaires moyen sur les ventes qui s’élève à 1,553 million d’euros, en baisse de 0,78 % par rapport à 2013. Le chiffre d’affaires médian s’élève, lui, à 1,539 million d’euros. En outre, le nombre d’officines qui voient leur chiffre d’affaires diminuer augmente chaque année. En 2014, elles sont 58 % à être dans ce cas. « En raison des baisses de prix successives, il y a de moins en moins de pharmacies qui tirent leur épingle du jeu sur l’activité », commente Philippe Besset, vice-président de la FSPF.
Quant aux produits et activités annexes (prestations de services sur les génériques, ROSP générique), ils augmentent légèrement en 2014. « Mais il faut savoir que l’année 2014 est une année où les génériqueurs ont essayé d’asseoir leur portefeuille d’officines avant le changement de réglementation sur les génériques, d’où une petite embellie sur cette ligne du compte d’exploitation », explique Philippe Besset.
Côté marge commerciale, c’est à peine mieux que le chiffre d’affaires. Certes, le taux de marge médian (28,70 %) est stable en 2014, pour la première fois depuis trois ans, « ce qui montre que les dispositifs conventionnels ont atteint l’an dernier leur maximum d’efficacité. En 2015, ce taux de marge devrait d’ailleurs augmenter un peu grâce aux effets de la réforme sur les honoraires de dispensation », ajoute le vice-président de la FSPF. Toutefois, en valeur, la marge commerciale diminue, puisqu’elle s’applique à un chiffre d’affaires qui régresse. Cette valeur baisse ainsi de 5 000 euros en moyenne entre 2013 et 2014, soit 1,1 % de moins sur son montant moyen qui s’élève à 446 000 euros.
Les chiffres de la FSPF montrent également une augmentation des charges des officines en 2014, et notamment des frais de personnel, qui croissent de 1,35 %. Dans ces charges, seuls sont en baisse (de 5,3 %) les impôts et les taxes, en raison de l’impact du crédit d’impôt compétitivité entreprise (CICE).
Au final, l’indice le plus important, à savoir l’excédent brut d’exploitation (EBE) recule en moyenne de 2,10 % par rapport à 2013 (et de 3 000 euros en valeur), pour s’établir désormais à 155 000 euros par officine. Dans ces conditions, le revenu courant avant impôt (RCAI) diminue lui aussi un peu en 2014 (de 2,26 %), et son montant n’est plus que de 125 000 euros en moyenne. Rappelons que le RCAI représente le revenu de la pharmacie, qu’il faut ensuite diviser par le nombre de titulaires pour déterminer le revenu de chacun…
Petites officines : l’état d’urgence
Ces indices économiques, déjà mauvais pour une majorité des pharmacies, sont carrément catastrophiques pour les petites officines réalisant moins de 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires. On sait que cette catégorie de pharmacies est souvent la plus touchée par les baisses de prix sur le médicament remboursable, et notamment sur les produits matures (voir article précédent). Or l’étude de la FSPF révèle que le revenu courant avant impôt de 2014 est en baisse de 7 % pour les officines qui font entre 800 000 et 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires, et même de 20 % pour celles réalisant un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 800 000 euros.
« C’est la première fois que je vois de telles statistiques dans nos enquêtes sur les bilans, constate Philippe Besset. Manifestement, et comme certains le disent, on est arrivé jusqu’à l’os pour ces très petites officines, car elles n’ont plus de gains de productivité possibles ni de marge de manœuvre. Pourtant, ces petites structures rendent un réel service à la population, surtout dans les territoires ruraux. »
De fait, la situation dramatique des très petites officines est certainement à mettre en corrélation avec l’augmentation des fermetures d’officines constatée en 2014. Une pharmacie ferme tous les deux jours actuellement, et les statistiques de l’Ordre montrent que sur 100 fermetures, seulement 31 % sont des cessions. Les autres modes sont des regroupements (17 %), des liquidations judiciaires (9 %) et surtout des restitutions pures et simples de licence (43 %). Dans la réalité, il s’agit le plus souvent de pharmaciens qui jettent l’éponge en fin de carrière. « Après toute une vie professionnelle, devoir restituer sa licence et partir du jour au lendemain, c’est terrible », ajoute le vice-président de la FSPF.
Pour éviter de voir ces petites officines continuer à fermer, et parfois même dans des communes où elles étaient les seules installées, il faut des mesures fortes, un plan d’urgence. C’est ce qu’entend défendre désormais la FSPF pour sauvegarder le réseau de proximité.
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