L’effervescence soudaine autour de la téléconsultation lors du confinement a amplifié une offre déjà conséquente. Pas facile pour un pharmacien de faire un choix, d’autant que nombre de ces solutions semblent très proches les unes des autres. Si bien que les critères de choix doivent forcément aller au-delà de la seule efficacité technologique.
Comme le souligne Mathilde Le Rouzic, cofondatrice de Hellocare, l’essentiel est de faire attention à ce qu’elle nomme les « points de vigilance ». Comme par exemple le respect de la réglementation française, qui paraît évident mais dont il faut quand même s’assurer. Mais aussi des choses plus simples, s’assurer aussi que la solution de son choix tient compte du rôle des pharmaciens, d’une manière ou d’une autre, de façon à concevoir des fonctionnalités qui les aideront à développer des services. Et donc à se projeter dans l’avenir.
Faire face aux déserts médicaux
Mais il faut d’abord identifier ce que l’on souhaite proposer et le modèle économique qui va avec. Parmi les prestataires qui s’intéressent de près aux pharmaciens comme intermédiaires de téléconsultation, nombreux sont ceux qui mettent en avant leur rôle essentiel dans les déserts médicaux. D’où il ressort que la situation géographique détermine déjà le potentiel, déserts médicaux ruraux bien sûr, mais aussi urbains. Un potentiel qui pourtant doit entraîner le minimum de contraintes pour les pharmaciens. Contraintes de temps, contraintes économiques, il faut en tant que prestataire proposer aux pharmaciens des solutions simples, affirme en substance Mathilde Le Rouzic. De telle sorte qu’elles leur prennent le moins de temps possible tout en assurant les téléconsultations de façon efficace, mais aussi de respecter le parcours de soins du patient et de l’ancrer dans le territoire. Une déclaration d’intention qui peut représenter des repères pour les pharmaciens. Ancrer la téléconsultation dans le territoire, c’est une façon de s’affranchir des contingences du moment. L’allègement de la réglementation lié aux conditions de rémunération et de remboursement dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 n’aura qu’un temps (il est prolongé jusqu’à la fin de l’année). Et cela signifie par exemple, en parler aux autres professionnels de son territoire, ou encore travailler la téléconsultation dans le cadre des CPTS, suggère ainsi Donatien Le Liepvre, responsable du pôle Pharmacie de Qare. Quant aux conditions financières proposées par les prestataires, elles varient beaucoup d’une entreprise à l’autre. Hellocare propose ses solutions gratuitement aux pharmaciens, ce sont les médecins qui paient un abonnement dans ce modèle. D’autres prestataires font des choix différents, à l’image de Docteur Sécu, un nouveau venu sur le marché de la téléconsultation qui, lui, demande un abonnement aux pharmaciens. « Justifié par un accès prioritaire à une plate-forme médicale », explique Loïc Petitprez, responsable des opérations de la jeune société.
Disponibilité médicale
Pour cette entreprise, l’un des points essentiels auxquels il faut porter attention est la disponibilité des médecins. « Vous pouvez annoncer le nombre de médecins que vous voulez à travers une offre, s’ils ne sont pas disponibles, ça ne peut pas marcher », affirme ainsi Loïc Petitprez. De fait, sa plateforme ne compte que trois médecins généralistes et trois spécialistes, mais elle garantit une accessibilité de 8 heures à 22 h 45. Elle met aussi en avant la présence de trois assistants médicaux qui peuvent aider les patients à débroussailler en quelque sorte la phase de pré-téléconsultation. Ce modèle met en tout cas en valeur le sujet de l’accessibilité. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si certains fournisseurs, à l’instar de Docteur Secu, de solutions de téléconsultation intègrent dans leur offre une solution de rendez-vous en ligne, forcément complémentaire à la téléconsultation. « Les médecins sont libres de leur temps, on ne peut s’engager sur le temps d’attente, estime Donatien Le Liepvre. Mais on peut s’engager sur un rendez-vous, et en pharmacie, il suffit de regarder quels sont les médecins disponibles sur Qare et on a un rendez-vous quasi immédiat, en médecine généraliste, pour les spécialités, cela peut être compliqué car certaines sont en tension. »
Des solutions interopérables
Parmi les autres points de vigilance auxquels il faut prêter attention, figure bien sûr la technologie qui dans un contexte où la plupart des solutions proposées sont des solutions Web ergonomiques et faciles à utiliser nécessite de regarder un peu au-delà. C’est ainsi que certains prestataires cherchent à intégrer le parcours de soins du patient, cela signifie une ouverture sur différents points. À commencer par la e-prescription : « nous travaillons dessus de façon à transférer directement les ordonnances dans le système d’information des pharmacies, cela devrait se faire d’ici la fin de l’année, espère Mathilde Le Rouzic. L’idée est aussi de proposer des solutions qui vont suivre le patient dans son parcours, on nous demande d’ailleurs des solutions interopérables. » L’interopérabilité qui commence dès la mallette ou la trousse d’objets connectés de santé, éléments clés d’une bonne solution de téléconsultation puisque ce sont des objets qui vont permettre d’asseoir la valeur ajoutée des pharmaciens.
D’où le soin apporté à cette offre d’objets connectés de santé à l’image de Hellocare et Docteur Secu qui travaillent tous les deux avec Tesly, considéré par les deux prestataires comme une solution globale cohérente avec une interface logicielle commune à l’ensemble des outils proposés. Autre point de vigilance évoqué par Donatien Le Liepvre, la qualité des infrastructures réseaux : « encore beaucoup de pharmaciens utilisent des réseaux anciens, vieux de dix ou quinze ans, et c’est parfois difficile, dans certaines officines, nous avons plus de bande passante avec un smartphone 4G qu’avec le Wifi », souligne-t-il.
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