IL Y A LA CROYANCE d’une part, la démonstration scientifique d’autre part. La croyance, c’est que le temps pluvieux et le froid sont considérés comme des facteurs aggravants les rhumatismes. Une pensée collectivement admise, qui traverse les générations. Mais l’influence climatique sur les rhumatismes est-elle scientifiquement avérée ? Et si oui, par quel mécanisme d’action ? « En consultation, certains patients nous décrivent une aggravation de leur douleur au changement de saison, notamment en automne. Selon la même logique, des patients notent une amélioration de ces douleurs rhumatismales quand ils partent en vacances au soleil », reconnaît le Docteur Claire Martin, praticien hospitalier rhumatologue à l’hôpital de La Rochelle. D’un point de vue médical et scientifique néanmoins, il manque de nombreuses inconnues pour établir l’influence du climat sur les rhumatismes. « Nous avons du mal à comprendre comment et pourquoi ce phénomène est décrit à la fois par des patients souffrant d’arthrose, de maladies inflammatoires ou des patients fibromyalgiques. Ces maladies sont en effet très différentes sur le plan physiopathologique ».
L’aspect psychologique ne doit pas être négligé.
Sans remettre en cause la perception des patients, qui reste d’ailleurs très variable selon les individus, les médecins restent dubitatifs quant à l’influence climatique, en particulier les changements de temps, par manque de démonstration scientifique. À ce jour, aucune étude n’a permis de déterminer ce lien, encore moins d’en expliquer la cause. Modification de la pression atmosphérique, baisse des températures ou diminution de l’ensoleillement ? La luminosité justement pourrait être un élément de réponse quant au réveil des douleurs rhumatismales. Il est en effet reconnu que la baisse de lumière en automne et en hiver a des répercussions psychologiques, à l’origine de déprimes et de dépressions ; par ailleurs, les troubles de l’humeur sont des facteurs aggravant la douleur. Car c’est bien de la douleur dont il s’agit, et non d’une aggravation de la maladie. « Les examens cliniques, biologiques et radiographiques ne mettent pas en évidence une évolution plus rapide de la maladie en hiver », précise le Docteur Martin. Si les patients souffrant de rhumatismes se plaignent de douleurs à l’approche de l’hiver, qu’en est-il des douleurs liées à d’autres pathologies chroniques, comme le cancer ? Il serait intéressant d’élargir l’analyse afin de mieux comprendre la relation globale entre les changements météorologiques et les mécanismes de la douleur.
Des facteurs de risques bien identifiés.
Si l’impact des phénomènes météorologiques en rhumatologie reste énigmatique, d’autres facteurs d’aggravation sont bien identifiés. « La prise de poids favorise l’aggravation de l’arthrose, quelle que soit la localisation. Cela concerne le genou, la hanche mais également les doigts. On sait maintenant qu’au processus mécanique s’ajoute un processus physiopathologique faisant intervenir les adipokines (molécules produites au niveau du tissu adipeux) », indique le docteur Martin, avant de rappeler quelques règles diététiques : « l’hiver est caractérisé par un régime alimentaire plus pauvre en légumes, plus gras, favorisant la prise de poids. Il est important de conseiller aux patients de manger sainement et équilibré, des légumes et des fruits notamment ». Autre facteur favorisé par un climat pluvieux et froid, la sédentarité. « L’activité physique est nécessaire. Elle permet de renforcer les muscles autour de l’articulation. L’activité physique est également un bon moyen de limiter la prise de poids ». Deux disciplines sportives sont particulièrement intéressantes et peuvent être pratiquées qu’il pleuve ou qu’il vente à condition d’être bien équipé. « La natation peut être conseillée en cas de lombalgie, de préférence la nage sur le dos. Le vélo (cyclisme ou vélo d’appartement) est également intéressant et permet de décharger le poids du corps. Enfin, la marche à pied peut être bénéfique, à condition d’être pratiquée au moins 20 à 30 minutes par jour », conseille Claire Martin.
Des solutions à exposer.
Le pharmacien dispose d’un ensemble de produits pour soulager le patient rhumatisant. Outre les médicaments (le paracétamol), la phytothérapie est une alternative généralement appréciée. Des compléments alimentaires à base de saule, d’harpagophytum, d’ortie, de prêle et d’huile d’argan peuvent être proposés. D’autres compléments alimentaires à base de glucosamine, de chondroïtine sulfate, d’huile de krill et de silicium visent à améliorer le bon fonctionnement du cartilage. En oligothérapie, c’est le soufre qui dispose d’une indication en cas d’affections rhumatismales.
L’aromathérapie aussi offre des solutions satisfaisantes, avec la gaulthérie, le genévrier, l’ylang-ylang ou le thym à feuille de sarriette. En homéopathie, le conseil doit tenir compte des caractéristiques de survenue de la douleur. Rhododendron chrysanthum est proposé chez les sujets sensibles au changement de température, Dulcamara chez les sujets sensibles à l’humidité. Ledum palustre peut être proposé si les douleurs se réveillent en cas de froid.
Pour les patients dont les douleurs sont soulagées par la chaleur, le conseil peut porter sur les coussins thermiques ou les gammes de produits de thermothérapie (Gibaud) composées de coudières, de genouillères et d’épaulières.
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