LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quelle est la vocation des GROG ?
DR ANNE MOSNIER.- Le réseau des GROG est né en 1984 d’une idée : surveiller le virus grippal, très changeant et à potentiel pandémique, là où on le trouve le plus, en ville. Plusieurs centaines de médecins volontaires de ville (généralistes et pédiatres), des « vigies », communiquent chaque semaine à leur coordination régionale des données épidémiologiques (mesure de leur activité) et virologiques (prélèvements rhinopharyngés analysés dans des laboratoires spécialisés). On voit aujourd’hui l’intérêt de ces prélèvements qui ont permis de détecter les premières mutations du virus A(H1N1). L’ensemble de ces données est ensuite centralisé à la coordination nationale et donne lieu à un rapport hebdomadaire, transmis aux autorités de santé et mis en ligne sur le site Internet du réseau www.grog.org.
Quel rôle y jouent les pharmaciens ?
Pour parfaire ce système d’alerte et de surveillance de la grippe (et des autres infections respiratoires communautaires), nous l’avons élargi à d’autres professionnels de santé : médecins militaires, du travail, d’entreprise, d’aéroport et pharmaciens. Nous travaillons de plus en plus avec les pharmaciens d’officine car les modifications de l’accès aux soins font qu’ils sont davantage sollicités par les patients en premier recours. Ils ont aussi un rôle à jouer dans la veille sanitaire. Nous appelons ainsi chaque semaine par téléphone une cinquantaine de pharmaciens de ville volontaires, mais nous sommes en train de faire évoluer ce système quelque peu artisanal. Nous essayons de développer le recueil d’informations par Internet et de l’étoffer : ajoutées aux données quantitatives (nombre de vaccins, d’antiviraux vendus…), des données d’ordre qualitatif (impressions) nous permettront d’affiner les analyses. Des groupements de pharmaciens et l’OCP nous transmettent également des chiffres de vente.
D’autres organismes assurent la surveillance de la grippe en France…
Cette surveillance, coordonnée par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), s’appuie sur les chiffres hebdomadaires de la mortalité et des hospitalisations ainsi que sur les deux réseaux historiques de surveillance de ville : les GROG et les Sentinelles. Le Réseau Sentinelles, créé pour améliorer la surveillance et la connaissance épidémiologique de 8 maladies infectieuses dont les syndromes grippaux, se compose uniquement de médecins généralistes volontaires. Pour la grippe, l’InVS centralise toutes les données en provenance des deux réseaux, ce qui donne plus de puissance à l’analyse. Les deux Centres nationaux de référence de la grippe (CNRG) - à l’Institut Pasteur (Paris) pour la zone Nord et à la Faculté de Médecine de Lyon pour la zone Sud - qui collaborent avec l’OMS, participent également à cette surveillance. Ils ont un rôle d’expertise sur le virus et la mise au point de techniques de diagnostic. Nous sommes complémentaires.
La coopération des différents professionnels de santé est essentielle en cas d’épidémie. Est-elle suffisante ?
Au quotidien, tout le monde est débordé, travaille dans son coin et les approches sont encore très corporatistes. Or, en cas d’épidémie et a fortiori de pandémie, il faut travailler main dans la main. Les échanges interprofessionnels au cours desquels chacun apporte son expérience et des solutions pratiques directement issues du terrain sont donc souhaitables. Au sein du réseau, les réunions régionales et nationales permettent aux « vigies » d’échanger sur le même pied avec des praticiens très différents. Nous essayons notamment de recréer du lien entre médecins et pharmaciens. Ainsi, lors de la Journée du GROG, le 2 novembre dernier, chaque thème était présenté par un pharmacien et un médecin car chacun a une problématique et une vision différentes.
La communication est également importante, comme on l’a vu au début de l’épidémie de grippe A(H1N1)…
C’est vrai, la population, médecins et pharmaciens compris, ont eu l’impression que les informations sur le virus et la vaccination étaient floues ou contradictoires. En fait, les connaissances que nous avons de la grippe A(H1N1) et son épidémiologie évoluent sans cesse et font évoluer rapidement les avis et les décisions. Par ailleurs, il est impossible pour le Ministère de la Santé de communiquer tous les jours alors qu’Internet et la télévision diffusent très vite et pêle-mêle des informations. Maintenant que la grippe est là, cette impression de cacophonie s’est estompée… Pour notre part, nous sommes très sollicités, mais nous ne pouvons répondre qu’aux médecins et aux pharmaciens des GROG. Je conseille donc aux autres pharmaciens de s’informer aux bons endroits, notamment sur www.pandemie-grippale.gouv.fr et de ne pas hésiter à faire remonter questions et expériences de façon à faire évoluer positivement les choses, comme ce fut le cas pour la distribution de masques et d’antirétroviraux. Ce sont des acteurs de santé publique.
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