L’ANNÉE 2008 restera dans les mémoires. Mais certainement pas comme un bon souvenir pour l’économie des officines. Les plans médicaments successifs se font ressentir. Et, pour la deuxième fois de son histoire, le marché du médicament remboursable accuse une baisse, après celle de 2006. Depuis 2005, les ventes ont chuté de 280 millions d’unités et la marge sur le médicament remboursable enregistre en trois ans une perte de 200 millions d’euros, selon les chiffres de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). À l’origine de ce phénomène, la diminution du nombre de consultations et de visites médicales. « C’est la raison principale de la dégradation de notre économie », estime Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la FSPF.
Des chiffres en trompe l’œil.
Les résultats de la dernière enquête économique du syndicat sont éloquents même si, à première vue, la situation n’est pas si dramatique que cela. En effet, en moyenne, le chiffre d’affaires des officines en 2008 progresse de 3,1 %, la marge de 2,8 % et l’EBE (excédent brut d’exploitation) de 0,8 %. Mais une analyse plus fine de 1 017 bilans clôturés en 2008 donne un tout autre visage de l’économie des pharmacies. « La moyenne de l’année masque la dégradation intervenue tout au long de 2008 », explique le conseiller économique de la FSPF, Patrice Ossent. Ce dernier a donc observé les résultats des pharmacies non pas sur l’année, mais en fonction du trimestre au cours duquel elles ont clos leur exercice. Résultat, entre les pharmaciens qui ont arrêté leur bilan au premier trimestre et ceux qui l’ont fait au quatrième, l’évolution du chiffre d’affaires passe de +4,4 % à seulement +0,8 %. En ce qui concerne la marge, elle part de +2,8 % et finie à +1,8 %. Le phénomène est encore plus marqué pour l’EBE qui traduit la santé de l’entreprise : il démarre à 1,8 % et s’écroule à -3,1 % sur le dernier trimestre 2008.
La trésorerie des pharmacies n’est pas plus florissante. Entre 2007 et 2008, elle s’est dégradée de 11 000 euros, relève la FSPF. Pire, la situation des trésoreries, qui étaient déjà dans le rouge, s’est aggravée de 38 000 euros en un an.
Pas d’amélioration à venir.
Pour Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la situation est encore plus noire. « Les chiffres de la FSPF sont optimistes, estime-t-il. La dégradation économique est encore plus importante ». Philippe Besset ne le contredit pas. Il admet même la remarque. En effet, selon le président de la commission Économie, les officines les plus en difficultés rechigneraient à communiquer leurs résultats, donnant un tableau final peut-être un peu plus rose que la réalité. Mais l’écart n’est pas facile à apprécier. Ce qui semble plus aisé, en revanche, pour les représentants syndicaux, est de prédire que 2009 ne sera pas meilleure. L’une des principales raisons est la réduction des délais de paiement prévue par la loi de modernisation de l’économie (LME). Car les aménagements obtenus par la profession (voir le « Quotidien » du 28 septembre et notre enquête d’aujourdhui en page 26) n’auront d’effets que sur les trois derniers mois de cette année.
- Évolution CA par trimestre p 10
- Évolution de la marge par trimestre p 13
- Évolution EBE par trimestre p 21
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