Place à l’imagination. Car, tout autant que les efforts d’anticipation, elle sera requise pour identifier des nouvelles sources de financement pour l’officine de demain. Une officine qui, tournant le dos à une économie exclusivement portée par la dispensation du médicament, sera gourmande en personnels.
Alors que les résultats de notre sondage (voir page 18) démontrent un nouvel appétit des titulaires pour les investissements, les experts-comptables témoignent d’une progression continue des frais de personnels dans le bilan de leurs clients. Ainsi le réseau CGP relève que les charges en personnels représentent en moyenne 10,8 % du chiffre d’affaires HT de l’officine en 2018 (1,83 million d’euros) contre 10,6 %, il y a encore deux ans. « Les titulaires sont dans une phase d’investissement : ils recrutent des pharmaciens adjoints pour assurer les nouvelles missions. Tout cela à un coût », remarquent les experts-comptables.
Pour relever ce défi de la transition vers une économie de services, les pharmaciens vont devoir disposer de nouveaux moyens pour assumer leur rôle d'acteur de premier recours. Car, souligne Philippe Becker du cabinet Fiducial, « autant il est facile dans une économie de dispensation de réduire les frais de personnels en investissant dans un robot, autant cette solution est totalement exclue pour réaliser des TROD angine, vacciner contre la grippe, ou encore prendre des rendez-vous ». Et de prédire : « C’est mécanique, les frais de personnels vont augmenter ! Les pharmaciens doivent intégrer ce nouvel aspect ; si on veut sauter le pas, il faut y mettre les moyens. » C.Q.F.D. Autrement dit, investir dans l’humain, mécaniser certaines tâches et digitaliser ce qui peut l’être pour rentabiliser le temps pharmaceutique. De là les inquiétudes qui pèsent sur les petites officines dont les ressources ne permettront pas les investissements nécessaires. Ni de réduire le poids des frais de personnels. Ainsi, dans une officine tenue par un seul titulaire, ces coûts sont équivalents à 11 % du chiffre d’affaires, alors qu’ils se réduisent à 9 % dans les officines avec des associés.
Les pharmacies plus importantes ne sont pas non plus épargnées par ces mutations structurelles. Face à l’avènement des services, elles seraient bien conseillées également de maintenir la totalité des piliers de leur marge, recommande Joël Vellozzi, de KMPG. « Alors que la marge brute en valeur se réduit sur le médicament remboursable, les pharmaciens ne peuvent se permettre de perdre de la marge sur les activités autres que le remboursable », met-il en garde. Et à ceux qui prétendent que les autres circuits de distribution ne pénalisent pas les officines, l’expert-comptable répond formellement que, au contraire, « la pharmacie a vraiment besoin de la totalité de ses marges. La progression de la marge en valeur globale est portée tant par le non-remboursable que par la para, le complément alimentaire et d’autres éléments », analyse Joël Vellozzi. Les curseurs seront donc à manier avec précaution pour maintenir le fragile équilibre économique de l'officine.
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