Sans doute certains auront-ils regardé par curiosité le nouvel arrêté ministériel datant du 28 novembre dernier précisant les conditions de la vente en ligne de médicaments OTC. Il reprend dans les grandes lignes les principes de celui qui avait été publié le 20 juin 2013, annulé ensuite par le Conseil d’État. Rien qui ne change de façon profonde ce qui était déjà connu concernant les règles de la vente en ligne : un site forcément adossé à une pharmacie physique, demande d’autorisation à son ARS, présentation rigoureuse des médicaments et de leurs notices… Certains points sont même venus renforcer les contraintes légales, tel que la gestion des cumuls des principes actifs dans le process de commande d’un patient, souligne Nicolas Duhamel, gérant de la société 161 éditrice de la solution Apotekisto, laquelle s’est conformée à cette nouvelle disposition. Ce nouvel arrêté ne modifiera pas la situation actuelle d’e-commerce dans le secteur de la pharmacie en France, toujours complexe à mettre en œuvre, et de ce fait balbutiant, comparé à ce qui se passe dans certains pays voisins. Faut-il pour autant se désintéresser totalement de la vente en ligne ? Nicolas Duhamel plaide pour les sites dédiés à la parapharmacie, qui, aussi nombreux soient-ils, permettent aux pharmaciens qui se lancent « de tirer néanmoins leur épingle du jeu sur un marché certes concurrentiel mais très atomisé où il est possible de trouver des positionnements intéressants. »
Y aller doucement
Mais la vente en ligne ne représente qu’un aboutissement d’une stratégie Internet. Il y a bien d’autres façons plus simples d’acquérir la visibilité souhaitée sur la Toile. L’offre s’est adaptée à la diversité des profils possibles de pharmacies tout en tenant compte d’un modèle économique cohérent. Elle s’est structurée autour de deux principes qui guident l’aventure des pharmaciens sur Internet, la mutualisation et l’évolutivité. Les offres mutualisées apportent un tronc commun sur lequel on greffe un certain nombre de spécificités aux pharmacies, et cela à un tarif acceptable pour elles. « C’est aussi une bonne façon pour les pharmaciens de se rendre compte de la démarche que l’on peut avoir sur Internet, y aller doucement afin de voir comment cela se passe », analyse Stéphanie Barré, directrice générale de Doctipharma (présente sur le salon). Il existe différents types d’offres mutualisées, celle qui, à l’image de Doctipharma, donne accès à une place de marché, « cela permet d’avoir une double entrée sur Internet, le propre site de l’officine et celui plus global de la place de marché, d’où une meilleure visibilité. » Ou d’autres qui se focalisent sur des services mutualisés précis, comme la géolocalisation des officines à partir de leurs offres de produits, comme le propose Pharmanity. L’enseigne possède une base de produits référencés importante, 140 000 références, de la parapharmacie jusqu’aux médicaments à prescription obligatoire, il suffit de taper sur son site le nom d’un médicament, une liste de pharmacies s’affiche avec des propositions de prix. La recherche est désormais possible à partir des services proposés par les pharmacies, dépistage, diététique, soins du bébé, micronutrition etc… « Une évolution qui nous a été demandée par nos clients », affirme Samuel Mottin, co fondateur de Pharmanity, illustrant ainsi la contribution des pharmaciens à l’évolution régulière des services proposés. Quelles que soient les différences des modèles proposés et notamment du point de vue économique (commissions ou non sur les ventes en cas de site de vente en ligne, différents types d’abonnement), les sites mutualisés ont en commun d’offrir des sites vitrines, sur lesquels on greffe les services les plus courants, actuellement surtout la réservation d’ordonnances et le click & collect.
Profondeur et dynamisme
C’est le second pilier des offres Internet actuelles, l’évolutivité, qui permet au pharmacien de tester son site brique par brique et d’y aller en fonction de ses besoins. D’abord une bonne visibilité sur Internet, qui suppose qu’on ait résolu les questions d’identité (que veut-on transmettre de son officine ?), laquelle permet de montrer « la profondeur de son catalogue ce qui n’est pas possible de faire aussi bien dans une pharmacie physique, les patients ne faisant pour la plupart que regarder un peu autour d’eux pendant qu’ils attendent au comptoir », souligne Stéphanie Barré. Puis le dynamiser grâce à un flux d’informations (cogéré la plupart du temps avec le prestataire), par exemple des newsletters, comme le propose désormais 161 avec son offre Apotekisto, ou l’animation de pages Facebook. Et enfin lui apporter les services complémentaires, jusqu’à la vente en ligne. Nombreux sont les acteurs à proposer des offres évolutives, un marché qui du reste devient de plus en plus concurrentiel…
Mais il en existe d’autres qui ont un point de vue différent à l’instar de Sophie Gillardeau, consultante indépendante en transformation de la pharmacie. Il faut pouvoir se distinguer des offres standardisées et proposer une communication originale de l’expertise proposée par une pharmacie, affirme-t-elle en substance. Une communication taillée sur mesure pour une somme raisonnable, 3 000 € qui couvre l’ensemble des prestations de transformation numérique proposées.
Deux éléments sont également à prendre en compte quand on fait appel à un prestataire pour disposer d’un site Internet, tout d’abord s’assurer que ce dernier est « responsive design », accessible de n’importe où, un PC, une tablette, un smartphone. Cela n’a l’air de rien mais selon Nicolas Duhamel, cela n’est pas si évident. Par ailleurs, il faut s’assurer d’une bonne synchronisation de ces plates-formes web avec les LGO des officines. Ce qui, là aussi, peut poser quelques difficultés, bien que sur le sujet les prestataires web aient des avis assez tranchés. Si tous tombent d’accord pour affirmer que les échanges avec les éditeurs de LGO ont permis une bonne synchronisation des plates-formes web avec les stocks gérés par les logiciels de pharmacie, certains regrettent que cela n’aille pas plus loin, un accès direct au profil du patient depuis le site Internet par exemple, tandis que d’autres estiment au contraire que la relation avec les éditeurs de LGO est naturellement complémentaire. C’est en tout cas un point à surveiller, de façon à ne pas perdre de temps à ressaisir les données.
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