AMÉLIORER le pouvoir d’achats des ménages : tel était l’un des objectifs du libre accès à certains médicaments voulu par Roselyne Bachelot. En clair, en autorisant le passage devant le comptoir de spécialités pharmaceutiques, la ministre de la Santé misait sur davantage de concurrence entre les points de vente pour faire baisser les prix. Un an plus tard, l’objectif semble être atteint. En effet, les premiers chiffres de l’observatoire mis en place par l’AFIPA* et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) montrent une diminution des prix pratiqués de 3,1 % à 3,2 %. « Cette baisse porte sur la totalité des officines », explique Philippe Gaertner, président de la FSPF. « Toutes les pharmacies n’ayant pas encore mis en place des produits devant leur comptoir, cela signifie que les baisses de prix pratiquées dans les officines où le libre accès existe sont certainement supérieures à 3 % », analyse Philippe Gaertner. Ou alors, poursuit le président de la FSPF, les diminutions tarifaires appliquées dans certaines pharmacies ont eu des répercussions sur l’ensemble du réseau. Quoi qu’il en soit, estime-t-il, l’objectif en terme d’amélioration du pouvoir d’achats des patients est atteint.
Des chiffres contestés.
Pas d’accord sur la méthodologie employée, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) ont décidé de créer leur propre observatoire. Les deux syndicats reprochaient en effet à l’étude de l’AFIPA de ne porter que sur les prix publics, ne tenant pas compte des prix fabricants. Car, pour eux, il paraît difficile d’apprécier la hauteur de la baisse de prix public sans tenir compte de l’évolution des tarifs proposés par les fabricants. Autrement dit, quel est l’effort réel de chacun des acteurs ?
C’est donc ce que l’UNPF a cherché à déterminer. Et les premiers chiffres annoncés par le syndicat début avril ont créé la polémique. Selon son président, Claude Japhet, les industriels auraient profité du libre accès pour augmenter leur prix catalogue de 8,7 %. Des déclarations qui ont provoqué un clash avec l’AFIPA, l’UNPF dénonçant même la charte de bonnes pratiques commerciales signée il y a un an entre les industriels et les syndicats d’officinaux. Depuis, plus rien. Les différents observatoires devaient rendre leur copie début mai. Mais depuis cet épisode, personne ne semble vouloir dévoiler ses chiffres en premier.
« Des analyses complémentaires ont lieu actuellement », indique Philippe Gaertner.
Observations délicates.
Il faut dire que les baisses de prix ne sont pas simples à observer. D’abord, dans les chiffres récoltés, il n’est pas facile de savoir précisément s’ils émanent d’une pharmacie qui a mis en place le libre accès, ou pas. Ensuite, même lorsqu’on sait que le relevé de prix a été effectué dans une officine ayant opté pour le libre accès, il n’est pas plus aisé de savoir si le produit concerné est lui-même disposé devant le comptoir, ou pas.
Au final, ce sera certainement le ministère de la Santé qui tranchera. Lui-même aurait en effet mis en place son observatoire. Mais personne ne sait réellement quand il communiquera ses résultats. Peut-être les pouvoirs publics attendront-ils de voir les premiers effets sur les prix des centrales d’achat pharmaceutiques. Le décret permettant leur création, ainsi que les structures de regroupement à l’achat (SRA), est paru au « Journal officiel » il y a seulement une semaine (« le Quotidien » du 25 juin). En effet, on attend beaucoup de ces SRA qui « permettent dorénavant à des pharmaciens de se grouper en vue d’achats en commun et d’obtenir ainsi les meilleures conditions auprès des laboratoires d’OTC ou de parapharmacie », comme l’explique l’UNPF. Une bonne nouvelle pour la profession, mais aussi pour les patients.
Article précédent
Ils ont testé les médicaments devant le comptoir
Article suivant
« Une nouvelle responsabilité pour le pharmacien »
Ils ont testé les médicaments devant le comptoir
La guerre des prix aura-t-elle lieu ?
« Une nouvelle responsabilité pour le pharmacien »
Votre rayon libre accès, indication par indication
Les secrets d’une présentation dans les règles
Chronique d’une révolution de comptoir
Le libre accès à travers le monde
Connaissez-vous bien votre rayon conseil ?
Premiers résultats d'un nouveau rayon
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %