LA BONNE OBSERVANCE médicamenteuse est un défi quotidien à relever par tous les professionnels de santé. On peut supposer qu’il l’a été d’autant plus pour les laboratoires génériqueurs qui ont dû répondre à des inquiétudes et à des réticences diverses de la part de certains patients. Le Laboratoire Sandoz a créé en 2006 un « observatoire de l’opinion envers les génériques ». Aujourd’hui, la chose semble acquise : les patients ont bien intégré la notion de générique et compris son intérêt, grâce aux discours des divers professionnels de santé, appuyés par les campagnes des caisses d’assurance-maladie.
Reconnaître son médicament.
Une des dernières barrières à lever est l’acceptation du changement. Car la première substitution perturbe les habitudes du patient et tout pharmacien d’officine a au moins une fois entendu un client lui dire : « Si vous me donnez les génériques, je vais m’y perdre… » Divers efforts ont été déployés pour combattre ce phénomène. À commencer par la réflexion sur les couleurs : les laboratoires ont d’abord instauré des codes couleur pour discerner leurs génériques. Chacun a sa technique : Biogaran, par exemple, utilise deux codes couleur par étui de manière à posséder un nombre suffisant de combinaisons différentes pour que chaque médicament ait ses propres couleurs. Le Laboratoire arrow tente, lui, lorsque c’est possible, de coller au plus près du princeps (couleurs grise et rouge pour l’ibuprofène). Chez ratiopharm, on tient compte des DCI ressemblantes ou des médicaments coprescrits dans le choix des couleurs des packs de médicaments remboursables et on utilise des bandes colorées sur les « packs-conseils ». Pour les malvoyants, EG, partenaire de Handicapzéro, a été le premier laboratoire à inscrire le nom des produits en braille. Depuis, des notices en braille, des Numéros Verts, ou encore des CD audio sont proposés aux malvoyants. Les conditionnements des médicaments génériques OTC sont aussi étudiés pour que le consommateur s’y retrouve mieux : par exemple, Teva propose des boîtes sur lesquelles les indications sont plus visibles que le nom scientifique de la molécule.
Au comptoir.
Les laboratoires ont aussi optimisé leurs conditionnements pour faciliter la substitution au comptoir. Ainsi, Biogaran a été le premier générique à proposer le système de « double vignette » avec un volet détachable mentionnant le nom du médicament en DCI pour permettre au pharmacien de l’apposer sur l’ordonnance au côté du nom du princeps. Aujourd’hui, la majorité des laboratoires proposent ce système, de même qu’une zone libre sur laquelle il est possible d’inscrire le nom du princeps correspondant ou autres informations utiles. Certaines informations sont mentionnées en plus : cible d’utilisation (adulte, enfant, nourrisson…), âge minimal d’utilisation, indications principales… Le langage pictographique fournissant les indications nécessaires à une bonne prise de son traitement existe depuis longtemps puisqu’il a été initié par le Laboratoire Biogaran en 1998. Il a été suivi depuis par nombre de laboratoires. Se méfier toutefois de la généralisation de ces pictogrammes : ce principe atteint ainsi ses limites lorsque trois cases (matin, midi et soir) sont imprimées sur une boîte d’hypnotiques !
Lors de la prise.
Une fois la boîte ouverte, qu’en est-il de l’intérieur ? L’idéal est, dans la mesure du possible, de faire aussi bien, voire mieux. Dans l’objectif de s’approcher du princeps en termes de conditionnement, le Laboratoire arrow a choisi d’investir dans un pilulier avec une cupule de stockage pour le bromazépam « même si ce conditionnement [leur] coûte 2 fois plus cher que [s’ils] le présent [aient] en blister. » Dans certains cas, le conditionnement primaire peut être optimisé pour améliorer l’observance : par exemple, passage du blister chez le princeps au pilulier chez le générique, présentation sous forme de blister unitaire prédécoupé ou de blister semainier. Certains sirops pédiatriques ont pu être améliorés en modifiant le système de prise (passage d’une cuillère doseuse à une pipette pour Cefpodoxime Mylan). Mylan a ainsi créé la metformine sous forme dispersible, qui représente un avantage notable pour le patient diabétique souvent polymédiqué. Les laboratoires portent une attention particulière à certaines spécialités présentant davantage de risques de mauvais usage, telles que l’acide alendronique : à titre d’exemple, en plus de l’étui double face sur lequel est mentionnée la posologie, ratiopharm propose un sticker mémo pour coller la date de prise sur un calendrier, ainsi qu’un document informatif qui rappelle les précautions d’emploi et les modalités de prise.
Un médicament générique a, comme sa définition l’indique, la même forme pharmaceutique, et sa bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité. Les marges de manœuvre pour améliorer un générique par rapport au princeps, même si elles sont limitées, existent : elles concernent le goût par ajout d’un arôme, l’élimination des excipients à effet notoire qui avaient été introduits avant l’apparition des techniques de fabrication actuelle, une réduction de la taille, une optimisation de la sécabilité, l’ajout de gravures sur le comprimé pour différencier deux dosages… En termes de couleur ou de forme, les efforts se déploient surtout pour être au plus proche du princeps et ainsi ne pas perturber les habitudes des patients : ainsi, par exemple, 24% des génériques Winthrop sont des médicaments strictement identiques au princeps (même procédé de fabrication, même couleur, même forme…).
L’éducation thérapeutique.
Les laboratoires vont de plus en plus loin pour améliorer l’usage des médicaments, mais aussi pour faciliter l’éducation thérapeutique (voir aussi notre article en page 12). Des brochures sont proposées aux patients. Elles peuvent concerner des informations spécifiques à un médicament (acide alendronique, fentanyl), ou encore des thèmes généraux comme la contraception. Certains laboratoires proposent aussi des formations destinées aux équipes officinales et portant sur les médicaments ou les pathologies. Par exemple, le Laboratoire arrow propose des formations validantes sur des pathologies telles que l’asthme ou la BPCO. La bonne observance passant par une bonne délivrance, ratiopharm apporte un soutien logistique et financier au CVAO (Comité pour la valorisation de l’acte officinal). Le Laboratoire Mylan a lancé l’année dernière une campagne visant à sensibiliser le public sur la problématique de l’observance. Le Laboratoire EG a établi un partenariat avec une société qui offre aux pharmaciens des kits de prévention pour effectuer divers dosages. Les génériqueurs ne manquent décidément pas d’idées pour contribuer au meilleur usage du médicament.
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