GARANTIR la sécurité du patient tout en respectant sa confidentialité, tel est la vocation première du Dossier Pharmaceutique (DP). Cette quête de sécurité passe principalement par un dépistage des interactions médicamenteuses qui doit tenir compte de la globalité des médicaments utilisés par le patient, qu’ils soient de prescription médicale ou de médication familiale, et quelle que soit la pharmacie dans laquelle ils ont été délivrés. Autre avantage du DP, permettre au pharmacien de connaître le traitement d’un patient qui, n’étant pas client habituel de son officine a oublié son ordonnance, et ainsi de lui délivrer les bons médicaments. Si la documentation fournie par l’Ordre des pharmaciens pour l’installation du DP, ne mentionne pas clairement la lutte contre le mésusage et la surconsommation de médicament, le DP fournit bien l’historique médicamenteux complet d’un patient (sur 4 mois) qui permettrait de traquer les abus de façon efficace. « Le DP ne servira pas à lutter contre le mésusage ou la surconsommation. Ce n’est pas l’objectif de cet outil », a ainsi précisé Isabelle Adenot lorsque la question lui a été posée dans le cadre d’une conférence sur le sujet à Pharmagora. « S’il n’est pas question d’utiliser le DP comme un outil de traque de surconsommation médicamenteuse, il offre bien entendu la possibilité au pharmacien de relever des anomalies de ce type pouvant mettre en danger la santé du patient », précise la représentante de l’Ordre dans les instances pharmaceutiques européennes. Auquel cas le pharmacien mettra tout en œuvre pour protéger le patient des risques iatrogéniques liés à une surconsommation, qui dans la majorité des cas se révèle être involontaire.
Conforme aux recommandations de l’AFSSAPS
Avec le DP, les pharmaciens disposent donc d’un nouvel outil pour veiller au bon usage du médicament. Il s’inscrit parfaitement dans les recommandations de l’AFSSAPS publiées en 2005 à destination des pharmaciens et des prescripteurs et visant à prévenir l’iatrogenèse médicamenteuse chez le sujet âgé, cette population étant la plus à risque. En effet, une des recommandations invite le pharmacien à consulter attentivement l’historique médicamenteux du patient, une démarche facilitée par le DP. Depuis une dizaine d’années, les autorités de santé travaillent, en collaboration avec les ordres des médecins et des pharmaciens et avec la Sécurité Sociale, à donner les moyens aux prescripteurs de limiter les accidents iatrogéniques, notamment ceux liés au mésusage et à la surconsommation. Chez les personnes âgées de plus de 65 ans, la polymédication très souvent observée augmente les risques d’accidents iatrogènes. En effet, 5 % des hospitalisations chez les plus de 65 ans sont d’origine médicamenteuse. Selon l’AFSSAPS, ce chiffre serait même sous-estimé. Ce qui est sûr, c’est que le nombre d’hospitalisations liées à ce problème augmente avec l’âge. La HAS a donc élaboré des documents pour aider le prescripteur à mieux prescrire chez le sujet âgé, le but étant d’éviter aussi bien la sous médication que la sur médication, notamment dans la classe des psychotropes. Autre lutte, celle contre le mésusage et le détournement de certains médicaments. En avril 2008, l’AFSSAPS et la direction de la Sécurité Sociale ont publié un arrêté selon lequel la prise en charge de certains médicaments contenant notamment de la buprénorphine ou de la méthadone est conditionnée par l’inscription du nom du pharmacien désigné par le patient sur l’ordonnance et par la mise en place, en cas d’usage abusif, d’un protocole de soins entre le médecin traitant, le médecin-conseil de la caisse d’Assurance-maladie et le patient.
L’argument économique.
La lutte contre le mésusage et la surconsommation se révèle être un enjeu de santé publique autant qu’économique, dont l’objectif vise la réduction de coûts. En effet, 50 % des hospitalisations d’origine médicamenteuse pourraient être évitées. Dans ses recommandations pour réduire les mauvaises utilisations des médicaments de substitution des opiacés, la HAS rappelle que « le succès du traitement nécessite l’établissement d’une relation de confiance patient-médecin-pharmacien ». Aujourd’hui, avec le DP, les pharmaciens se dotent d’un outil exemplaire pour répondre à ce besoin.
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