UNE ADMINISTRATION du médicament prescrit, au bon moment, à la bonne posologie et dans les conditions d’utilisation correctes ! C’est tout le challenge qui repose sur les épaules du pharmacien et de l’équipe soignante. Au sein des EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), le circuit d’approvisionnement tient compte de ces exigences et pour les satisfaire, la PDA (préparation des doses à administrer) apparaît comme un outil de plus en plus incontournable.
La PDA en pratique.
Titulaire à Castres et président de l’UNPPDA (Union nationale pour la pharmacie préparatrice de doses à administrer), Xavier Dautezac propose la PDA aux établissements avec lesquels il travaille : « Nous sommes équipés d’un appareil de PDA automatisé et disposons d’une ligne téléphonique spécifique (téléphone et fax) pour recevoir les ordonnances et contacter les EHPAD ». Conformément aux recommandations de l’Ordre des pharmaciens, une salle est réservée à la réalisation des sachets doses. « La première étape est la facturation de l’ordonnance. Les produits sont ensuite apportés dans la salle blanche, pour réaliser les semainiers. Les sachets de préparation ne contiennent que les formes sèches (gélules et comprimés). Les autres médicaments (sachets buvables, insulines, collyres) sont distribués selon le protocole validé avec l’établissement », explique notre confrère. Pour chaque semainier, un descriptif (forme, couleur) des médicaments est fourni. « Sur chaque sachet nominatif, l’heure de la prise est mentionnée ainsi que les conditions de bon usage, ce qui permet d’optimiser l’observance ».
La qualité, une démarche indissociable de la PDA.
Outre les performances techniques des appareils aujourd’hui disponibles, les atouts de la PDA reposent sur la mise en place de procédures qualité. « On a tendance à dire que moins il y a d’intervention de l’humain dans la production, moins il y a d’erreur, ce qui serait en faveur de la robotique. En réalité, que ce soit pour la PDA automatique ou la PDA manuelle, le contrôle humain est indispensable », indique Agnès Lepin, consultante pour Santé Projet. Le double contrôle, par deux personnes différentes, permet ainsi de réduire le taux d’anomalies et de renforcer la sécurité tout au long du circuit de distribution. « Le taux d’anomalie est de l’ordre de 1 pour cent mille sachets produits », précise Xavier Dautezac, dont la pharmacie est certifiée norme ISO depuis 3 ans : « Dans ce cadre, nous avons mis en place des indicateurs de suivi de notre activité PDA qui nous permettent d’apporter des actions correctives et d’amélioration continue ». De même, la démarche qualité valorise la traçabilité à tous les niveaux, du médicament (numéro de lot, péremption) à l’entretien de l’appareil et de la salle de PDA.
Une mise en place concertée.
La concertation avec le médecin référent et la direction de l’établissement est une étape essentielle. « Préalablement à la mise en place de ce système, plusieurs réunions ont été menées pendant plusieurs semaines afin d’adapter au mieux nos réalisations au fonctionnement de l’EHPAD », intervient Xavier Dautezac ajoutant que « cette démarche revalorise l’acte pharmaceutique et rend les équipes soignantes plus disponibles pour s’occuper des personnes dépendantes ». Des réunions de gériatrie bi-annuelles sont organisées afin de faire le point sur les nouveaux traitements ou sur les difficultés observées.
Un nécessaire retour d’information.
L’amélioration de l’observance passe surtout par un retour d’information efficace. « L’équipe soignante, qui administre les médicaments, nous remonte systématiquement et rapidement les problèmes ou anomalies rencontrés. Par exemple, si la taille du comprimé compromet l’administration, elle nous avertit. Dans ce cas, nous étudions avec le médecin les possibilités pour faciliter l’administration de ce comprimé (écrasement, dissolution). Dans certains cas, une alternative thérapeutique doit être envisagée », explique Xavier Dautezac.
Un système insuffisamment exploité pour les patients à domicile.
À ce jour, la PDA bénéficie principalement aux patients des EHPAD. Pourtant, ce système de distribution pourrait améliorer l’observance et le suivi thérapeutique des patients vivant à leur domicile, comme le démontre l’expérimentation menée en 2013 en Basse-Normandie chez des patients âgés et polymédiqués.
La PDA pour les patients de ville, comme pour les patients en EHPAD, doit donc être considérée comme une solution à développer pour renforcer la mission d’observance du pharmacien. Dans un rapport publié en 2013, l’Académie nationale de pharmacie s’est prononcée explicitement en faveur de ce nouveau modèle de dispensation du médicament : « la PDA constitue un service supplémentaire que le pharmacien d’officine peut offrir aux patients dont l’état nécessite un accompagnement spécifique ».
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