COMME le trafic des faux médicaments, celui des cosmétiques (et des parfums) s’avère très lucratif et se développe de manière inquiétante. Sur Internet, mais aussi à la sauvette ou même en boutique. Pour que les contrefaçons soient rentables au maximum, des économies sont faites à tous les niveaux, sur les composants, les contrôles (inexistants), le packaging et les conditions de stockage. Résultat : au mieux les dermocosmétiques n’ont pas les effets attendus, au pire ils ont des effets néfastes sur la santé. Même si les conséquences ne sont pas aussi lourdes que celles des faux médicaments, les médecins et les pharmaciens diagnostiquent parfois des problèmes cutanés (allergies et brûlures en tête) qui, après un petit interrogatoire, se révèlent liés à l’emploi d’un cosmétique suspect.
Les grandes marques françaises.
« Évidemment, ce sont les cosmétiques et les parfums des grandes marques, recherchés pour leur prestige et souvent coûteux, qui sont contrefaits et vendus à des prix avantageux », explique Laurence Wittner, fondatrice de l’Observatoire des cosmétiques, un site d’information objectif sur la composition et l’efficacité des cosmétiques (versions grand public et professionnelle)*. Tous les grands noms de la parfumerie-cosmétique française sont donc concernés et ne ménagent pas leurs efforts. Ceux du groupe LVMH, très en pointe sur les questions de contrefaçon, comme ceux de la « Cosmetic Valley », un technopôle qui s’étend sur plusieurs départements, l’Eure et Loir et le Loiret principalement, et regroupe aussi bien Chanel que l’Oréal et Clarins.
En provenance d’Asie.
La dermo-cosmétique des laboratoires pharmaceutiques n’est pas en reste dans cette guerre contre la contrefaçon. « Les premiers produits contrefaits auxquels nous avons été confrontés ont été les solaires. Ils n’avaient aucun effet protecteur, ce qui était ennuyeux, mais la fabrication était artisanale, les imitations grossières et le trafic limité », raconte Pierre André Poirier, secrétaire général de Pierre Fabre Dermo-Cosmétique. « L’origine de ces produits, essentiellement vendus en Afrique du Nord, était diverse, locale ou méditerranéenne essentiellement (Italie, Espagne, mais aussi Albanie et ex-Pays de l’Est). Puis, petit à petit, la fabrication s’est déportée sur l’Asie et le trafic a changé de dimension. La qualité du packaging s’est améliorée au point que c’est à s’y méprendre. Il faut aujourd’hui un œil exercé pour reconnaître un faux… ».
La lutte est difficile parce que les ventes s’effectuent surtout sur le net, sur des sites étrangers ou de ventes aux enchères, mais aussi parce que des villes chinoises entières, voire des régions, vivent de la contrefaçon et que celle-ci, aux mains d’une mafia locale ou pas, est très structurée. Deux exemples donnés par Pierre André Poirier : au sein d’une entreprise de produits légaux, une ou deux heures, au petit matin, sont consacrées à la fabrication de produits contrefaits. Ni vu ni connu. La fabrication peut aussi passer par plusieurs petits ateliers et petits transporteurs pour aboutir en fin de course à des produits contrefaits… Presque parfaits, du moins à l’œil.
Les indices qui alertent
« Quelques indices, qui relèvent du bon sens, permettent de repérer les cosmétiques contrefaits, mais il faut multiplier les campagnes d’information… », estime Laurence Wittner. Les messages à faire passer aux patients crédules :
- Le lieu de vente : fuir les offres à la sauvette, les boutiques n’ayant pas pignon sur rue et méfiance sur Internet : vérifier mentions égales, numéro de société, adresse complète et/ou de téléphone, sinon aucun moyen de recours n’est possible, ce qui est hautement suspect. Gare aux fausses adresses Internet se terminant par « .fr ».
- Le prix : éviter les cosmétiques de marque dont le coût est anormalement bas, proposés avec un discours très au point (fond de cuve, lots, etc.). Mais attention, la différence n’est pas toujours énorme quand le prestige de la marque prime, sur les sites de vente aux enchères en ligne par exemple.
- L’emballage : mauvaise qualité d’impression, fautes d’orthographe et de français (traduction automatique), couleurs et logos approximatifs indiquent une contrefaçon. Mais un packaging a priori identique ne garantit pas la qualité du contenu…
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