EST-IL NÉCESSAIRE de rappeler que la contraception désigne l’emploi de moyens visant à empêcher qu’un rapport sexuel entraîne une grossesse ? Plus précisément, l’Organisation Mondiale de la Santé indique que la contraception comprend « l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter ».
Les Égyptiens inventent le préservatif… Il y a 3 000 ans.
Grâce à la propension des anciens Égyptiens à tout écrire, nous en savons beaucoup sur ce sujet. Si certaines approches semblent très surprenantes, d’autres devaient avoir sans nul doute une certaine efficacité. C’est ainsi qu’à titre de spermicide ceux-ci proposaient d’introduire dans le vagin des préparations à base d’excréments de crocodile, de miel, d’huiles (safran, acacia…), mélangées à de la pulpe de grenade ou de figue pour empêcher la pénétration du sperme dans le vagin.
Les Égyptiens avaient également développé des dispositifs intra-utérins car on a retrouvé de petites boules de cuivre (!), ainsi que d’autres types de substances, dans l’utérus de momies. Il en est de même de l’ancêtre des pessaires, un obturateur à base de fiente de crocodile, miel, carbonate de sodium et gomme arabique.
Enfin, apparus il y a près 3 000 ans en Égypte, le préservatif fut d’abord en papyrus, puis connu par la suite une grande évolutivité dans les matières utilisées : papier de soie huilé (Chine), écailles de tortue (japon), cuir, boyaux d’animaux, tissus, rubans…
Les douches vaginales d’eau froide étaient fort prisées des Romains ; il existait d’ailleurs dans les riches demeures des esclaves préposés tout spécialement à ce service. Soranos d’Éphèse, un Grec considéré comme le plus grand gynécologue de l’Antiquité, a notamment formulé des recommandations concernant ce que nous appelons maintenant l’abstinence périodique et proposa des tampons occlusifs en laine, précurseurs du diaphragme.
Durant le Moyen-Âge, l’Église apporta en quelque sorte sa contribution en multipliant les périodes d’abstinence sexuelle. Enfin, à toutes les époques, de nombreuses plantes ont passé pour avoir des vertus contraceptives ou abortives.
Les temps modernes.
Le latex (matière première de la majorité des préservatifs actuels) a été découvert par Charles Goodyear en 1839… et le premier préservatif fut lancé sur le marché en 1870.
Au début du XXe siècle se répandit la mode des douches vaginales après chaque rapport sexuel et le stérilet fut mis au point… bien qu’il ne devait être utilisé effectivement qu’après la Seconde guerre mondiale.
En 1924, le Dr Kiasuku Ogino, un médecin japonais, élabora la méthode qui prit son nom. Il découvrit la loi physiologique qui porte aussi son nom (loi d’Ogino), selon laquelle l’ovulation se produit d’habitude une seule fois au cours du cycle menstruel entre le douzième et le seizième jour après le début de la menstruation. Ce fait couplé à une survie des spermatozoïdes dans les voies génitales féminines jusqu’à 4 jours, et à une survie de l’ovule pendant le jour qui fait suite à l’ovulation, l’a amené à déterminer une période féconde entre 12 - 4 = 8 jours, et 16 + 1 = 17 jours après le début des règles. Une telle connaissance permettait aux couples qui désiraient un enfant de savoir à quel moment les rapports offraient les meilleures chances de conception. En 1928, le gynécologue autrichien Herman Knauss confirmait et précisait la découverte d’Ogino, complétait par la méthode des températures, mettant au point la méthode Ogino-Knaus, dite également rythmique ou cyclique, qui consiste à prévoir à chaque fois, grâce à un calcul statistique des cycles menstruels précédents, la période de l’ovulation, c’est-à-dire pendant laquelle la fécondation est possible. Une méthode acceptée par l’Église catholique en 1951. Mais cette méthode exige une grande autodiscipline dans le couple et n’est pas utilisable en cas de cycles menstruels irréguliers, ce qui est souvent le cas. En fait, la méthode Ogino-Knauss est beaucoup plus utile dans le cadre, inverse, d’aide au désir de grossesse que dans celui de la contraception !
Puis vinrent les hormones.
Une nouvelle ère commence quand les hormones « entrent dans la danse ». En 1921-1922, Ludwig Haberlandt développe et teste sur des lapines le 1er contraceptif hormonal administré sans forme d’injections.
Il faudra néanmoins attendre 1928 pour que l’on comprenne précisément le fonctionnement du cycle hormonal.
À partir des années 1930, des scientifiques isolent et déterminent la structure des hormones stéroïdes et montrent que de hautes doses d’androgènes, d’estrogènes ou de progestérone inhibent l’ovulation.
En 1955, le Dr Gregory Pinkus met au point le prototype de la pilule contraceptive estroprogestative. En 1957 L’Enovid voit ainsi le jour aux États-Unis, dont la vente est autorisée en 1960 et en 1963 en France. Il faut bien reconnaître que ses débuts dans notre pays seront extrêmement timides, car la « pilule » sera d’abord utilisée pour régulariser les cycles et les médecins seront extrêmement réticents à la prescrire. Il faudra attendre la loi Neuwirth, en 1967, pour permettre l’accès à la contraception orale, encore interdite alors aux mineures de moins de 21 ans. La loi de 1975 sur l’IVG aura parmi ses objectifs un accès facilité à la contraception orale. Il faudra néanmoins attendre l’année 2000 pour voir la première campagne nationale sur la contraception et 2001 pour le libre accès à la contraception d’urgence ; cette même année permettant aussi l’accès à la contraception définitive.
Jusqu’à l’implant
…
Le premier contraceptif uniquement progestatif (injectable) est introduit en 1969 sous le nom de Dépo-Provera et le premier stérilet hormonal (Progestasert) en 1976. Norplant sera, quant à lui le premier implant contraceptif, en 1983. Nuvaring, un anneau vaginal contraceptif, est commercialisé en 2002.
Une mention à part pour l’ormeloxifène, qui n’est pas une hormone mais un SERM (modulateur sélectif des récepteurs aux estrogènes), utilisé en Inde à visée contraceptive à partir de 1991.
Signalons enfin, bien qu’il ne s’agisse pas de contraception au sens strict, que l’emploi du RU 486 a été autorisée en France en 1990.
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