Un peu de laudanum, préparé par le pharmacien Pierre-Joseph Pelletier, pour calmer les affres de la douleur causée par une balle tirée par « les cognes ». Voilà le remède autoprescrit par le héros, Valentin Verne, mi-pharmacien et mi-policier. Éric Fouassier plonge son lecteur dans le Paris de l’automne 1830, au sortir des fameuses journées révolutionnaires de juillet, alors que le nouveau roi des Français, Louis-Philippe, peine à s’imposer face à une opposition éparse mais virulente. Mêlant habilement les personnages de fiction et les grands noms de l’époque, le docteur en droit, docteur en pharmacie et enseignant d’histoire de la médecine distille ces trois passions au fil des pages de ce polar historique. Pour y parvenir, il crée Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, muté à la brigade de Sûreté. Celle-là même que l’emblématique Vidocq a fondée et récemment quitté.
Valentin Verne a une formation proche de celle de son créateur : d’abord scientifique, formé dans le laboratoire officinal du pharmacien Pelletier et sur les bancs de « l’École de pharmacie de la rue de l’Arbalète », il a bifurqué vers des études de droit pour traquer un homme qui se fait appeler le Vicaire. Cette traque solitaire de justicier n’a cependant rien à voir avec les missions qui lui sont confiées. Appelé à faire la lumière sur l’étrange suicide du fils Dauvergne, dont le père a fait fortune « dans les drogues pharmaceutiques » et notamment les « chocolats médicinaux », il remonte les pistes politiques et médicales.
Collant à l’époque, Éric Fouassier dévoile un Paris authentique, des venelles malfamées des quartiers Saint-Avoie (aujourd’hui dans le 3e arrondissement parisien) et Saint-Merri (4e arrondissement) au « beau linge » du faubourg Saint-Honoré et de la Chaussée-d’Antin, le tout dans l’ambiance instable de la Monarchie de juillet, où s’affrontent légitimistes, orléanistes, bonapartistes, républicains, ouvriers et artisans « marqués par la baisse des salaires et le durcissement des conditions de travail », et même les féministes.
Ce roman est le premier opus d’une série policière dont Valentin Verne est le héros. « Chaque enquête se résout par le recours à un progrès médical, à une invention ou une découverte scientifique encore méconnus du grand public », promettent les éditions Albin Michel. Et de citer « l’hypnose, l’homéopathie, l’anesthésie générale, la pile électrique, la photographie (daguerréotype), la thermodynamique, l’électromagnétisme… ».
« Le Bureau des affaires occultes », d’Éric Fouassier, éd. Albin Michel, 360 pages, 20,90 euros.
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