QUELQUES questions adroites permettent de faire la différence entre une indigestion, une intoxication alimentaire et la classique « gastro » et de délivrer conseils et médicaments ad hoc.
• L’indigestion :
Chez une personne en bonne santé, sans traitement médicamenteux particulier, et après un repas de fête, trop copieux, trop gras, trop sucré et/ou trop arrosé, la « crise de foie » comme les Français continuent de dire improprement est l’hypothèse la plus probable. L’estomac, rempli à ras bord d’aliments riches, difficiles à digérer, n’arrive pas à brasser correctement les aliments avec le suc gastrique pour les envoyer réduits en bouillie semi-liquide vers l’intestin grêle. Pour y parvenir, il se distend et sécrète davantage de suc gastrique, mais cet excès, très acide, provoque la fermeture du pylore et les aliments tournent sans pour autant être digérés. D’où cette impression de lourdeur, avec crampes, spasmes, brûlures, nausées ou même « retour à l’envoyeur » qui a l’avantage de soulager. Autre possibilité : les aliments indigestes arrivent péniblement à passer la barrière du pylore, mais l’intestin, à son tour débordé, expulse les résidus en diarrhées désagréables.
Vos conseils : boire beaucoup, à petites gorgées, tisanes, bouillon de légumes, eaux minérales, de préférence alcalines ; 24 à 36 heures plus tard, reprendre un régime équilibré, lacté et végétarien pour commencer. Proposer cholagogues et cholérétiques pour stimuler la sécrétion de bile (donc la digestion des graisses) et accélérer la vidange gastrique, préparations à base d’enzymes digestives pour compléter la dégradation des aliments, antispasmodiques, anti-acides légers ou inhibiteurs de la pompe à protons, pansements gastro-intestinaux, probiotiques. Exemples : Citrate de bétaïne, charbon de Belloc, Gaviscon, Maalox, Mopralpro…
• La toxi-infection alimentaire :
Un buffet du Nouvel An où des petits fours ont traîné trop longtemps dans une pièce surchauffée, des fruits de mer à la mayonnaise conservés plus de 2 jours dans le réfrigérateur, des viandes mal cuites, un reste de gâteau crémeux… il faut penser à une intoxication due le plus souvent à une bactérie : Salmonella, Escherichia coli, Shigella, Staphylococcus, Clostridium…
Le patient peut attribuer à tort ses symptômes, il est vrai très ressemblants (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée), aussi bien à une « crise de foie » qu’à une « gastro ». Une différence tout de même : fièvre et maux de tête sont fréquents. La toxi-infection bactérienne est généralement sans gravité, mais la vigilance s’impose pour les personnes âgées ou au système immunitaire affaibli ou encore souffrant déjà d’une maladie de l’appareil digestif. Une hospitalisation peut être nécessaire.
Vos conseils : repos, boissons en abondance pour éviter la déshydratation, au besoin des solutés de réhydratation orale (SRO), des aliments légers et frais, pas d’alcool ni de caféine. Des probiotiques pour rétablir l’équilibre des « bonnes » bactéries dans l’intestin ; en revanche, les anti-diarrhéiques qui ralentissent l’évacuation des toxines bactériennes peuvent faire plus de tort que de bien.
• La « Gastro » hivernale :
S’il y a une saison propice aux « grippes intestinales », comme on le dit encore, c’est bien l’hiver. Le pic se situe souvent en janvier, mais l’ampleur des épidémies varie selon les années. En France, le record date de l’hiver 2000-2001, avec près de 2,5 millions de malades recensés.
Les gastro-entérites sont surtout d’origine virale, plus rarement bactérienne. Dans les pays développés, le rotavirus, le plus fréquemment en cause, très contagieux et « méchant », frappe tout particulièrement les enfants en bas âge, aux contacts multiples (nounou, crèche, famille…), et les seniors, causant chaque année des centaines de décès dus à une déshydratation aiguë. Selon l’InVS, 90 % des enfants hospitalisés ont moins de 2 ans et presque 20 % moins de 6 mois.
Le virus, transmis par contact direct avec une personne malade ou par l’intermédiaire d’aliments ou d’objets sur lesquels se sont déposées de fines particules de selles infectées, pénètre dans les cellules intestinales et bloque leur fonctionnement. Les cellules n’absorbent plus l’eau et les aliments, le mouvement s’inverse : elles rejettent dans l’intestin l’eau et les sels minéraux essentiels au bon équilibre sanguin. Cette fuite cellulaire digestive provoque diarrhées et vomissements. L’invasion virale peut modifier durablement la flore bactérienne et entraîner une intolérance au lait, mal venue chez l’enfant.
Vos conseils : boire beaucoup (eau, thé, jus de fruits fortement dilués, bouillies de riz, soupes), antispasmodiques, adsorbants/protecteurs intestinaux pour agir localement (diosmectite, charbon activé, attapulgite…), antidiarrhéiques seulement au bout de quelques jours et sur avis du médecin. Dans un deuxième temps, levures et probiotiques pour restaurer la flore intestinale.
Pour les nourrissons et les personnes âgées ou fragiles, des solutés de réhydratation orale. En cas de muqueuses sèches, d’urines peu abondantes, de perte de poids, de pli cutané, de fontanelle enfoncée ou de faible réflexe de succion, direction les urgences.
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