Il n'existe aucun traitement qui guérisse l'eczéma : les interventions thérapeutiques se limitent à réduire l'inflammation, à atténuer l'inconfort et à éviter les situations ou environnements favorisants. L’éviction de l’allergène en cause, s’il parvient à être connu, entraîne souvent une rapide régression des lésions.
Hygiène générale
Les savons ordinaires pouvant irriter la peau, il convient d’utiliser une base lavante douce, liquide. Le bain reste un élément essentiel du soin de la peau sèche : prendre un bain de cinq minutes environ par jour dans de l’eau juste tiède, en ajoutant à l’eau une dose d’une huile émulsifiante pour aider la peau à conserver sa souplesse. Après le bain, avant séchage, appliquer un hydratant gras sur la peau pour y retenir l’humidité. Les crèmes et lotions à base d’urée ou d’alpha-hydroxyacides (acides lactique et glycolique) adoucissent la peau desquamée. L’application de compresses froides peut réduire l’inflammation et les démangeaisons.
Traitements locaux
Il repose essentiellement sur l’application régulière de produits émollients (cornéothérapie, non développée ici) et sur la corticothérapie.
- Cornéothérapie. Les émollients réduisent la sécheresse cutanée. Bien tolérés, ils se présentent sous plusieurs formes déclinées par de nombreuses marques. Citons par exemple des baumes (Atoderm PP, Codexial, Effadiane, Ictyane, Lipikar, Xéracalm, Xéradiane, etc.), des crèmes (Atopiclair, remboursée dans l’indication de dermatite atopique, Atopiclairhydra, Bépanthensensicalm, Cicabiafine, Dermachronic, Elteans, Ictyane), cold-cream (Avène, La Roche-Posay, Noreva, etc.), des émulsions (Bionike Proxera, etc.), des huiles de bain (Eucerin Atopicontrol, etc.), des laits (Ginkolium, etc.), des gels (Lipikar, etc.). La plupart des marques citées ici déclinent plusieurs formes galéniques de façon à couvrir l’ensemble des besoins. Ces produits, généralement préconisés en cas d’eczéma atopique, peuvent bien entendu être utilisés dans toute forme d’eczéma.
- Corticothérapie. La corticothérapie locale réduit les démangeaisons et l'inflammation : le dermatologue peut recourir à un corticoïde plus ou moins puissant : activité très forte (classe I), activité forte (classe II), activité modérée (classe III), activité faible (classe IV). Elle est contre-indiquée en cas d'infection cutanée ou de lésion ulcérée. L’application de corticoïdes expose à une iatrogénie locale qui ne doit pas être sous-estimée : dermite faciale rosacéiforme, atrophie cutanée (après plusieurs mois de traitement), couperose, vergetures, plus rarement dépigmentation ou hypertrichose voire même… eczéma de contact. Ces effets dépendent de la puissance de la molécule, de la durée du traitement, du degré d'occlusion, de la surface traitée, de l'intégrité cutanée et de l'âge. La forme galénique sera choisie en fonction du site et du stade de l’affection : d’une façon générale, une crème est indiquée pour les lésions suintantes et les plis, une pommade pour les lésions sèches et/ou lichénifiées, une lotion pour le cuir chevelu. L’usage des glucocorticoïdes locaux obéit à des règles précises : n’utiliser que le médicament prescrit (ne pas remplacer un corticoïde par un autre retrouvé dans l’armoire à pharmacie !), ne pas appliquer tous les jours plus d’une semaine, ne jamais arrêter brutalement les applications, ne pas appliquer sur le visage ou les fesses (chez les enfants), ne pas appliquer sur des lésions dont l’aspect change soudainement, décompter les tubes utilisés pour ne pas dépasser les doses.
- Inhibiteurs de la calcineurine. Le tacrolimus (Protopic) constitue un traitement de seconde ligne : il s'agit d'un médicament d'exception prescrit par un dermatologue, dans le traitement des poussées d’eczéma atopique modéré à sévère de l’adulte, en cas de réponse inadéquate ou d'intolérance aux traitements conventionnels et en traitement d'entretien en cas d'exacerbations fréquentes (≥ 4 par an). Son application peut induire une sensation de brûlure et de prurit modéré et transitoire (quelques jours) et un effet antabuse. Il n'entraîne pas d'atrophie cutanée. Des tumeurs malignes (lymphomes et cancers cutanés) ayant été rapportées, ce médicament ne sera pas utilisé en cas de déficit immunitaire inné ou acquis et une lymphadénopathie sera recherchée avant prescription. L'exposition au soleil est déconseillée durant le traitement.
Traitements médicamenteux systémiques
- Antihistaminiques. Les antihistaminiques peuvent soulager partiellement les démangeaisons, réduire les lésions de grattage et améliorer le sommeil.
- Corticothérapie. Des corticostéroïdes oraux sont parfois prescrits dans les formes sévères, mais seulement sur une période brève en raison du risque iatrogène.
- Immunosuppresseurs. La ciclosporine est préconisée dans les formes sévères de dermatite atopique de l'adulte, en cas d'inefficacité, d'intolérance ou de contre-indication des traitements classiques : elle expose notamment à un risque de néphrotoxicité et de survenue d'une hypertension artérielle. L'azathioprine peut être utilisée (hors AMM) dans le même contexte : elle expose à un risque de myélotoxicité, d'hépatotoxicité et de troubles gastro-intestinaux ainsi qu’à la survenue de lésions cutanées cancéreuses. D'autres immunosuppresseurs, le mycophénolate et le méthotrexate, sont également utilisés (hors AMM).
Les photosensibilisants sont parfois prescrits dans le cadre d’une photochimiothérapie (PUVAthérapie) pour traiter une dermatite atopique résistante, en alternative aux traitements immunosuppresseurs systémiques.
Les traitements
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Publié le 09/01/2017
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3315
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