Eczéma, eczémas

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Publié le 09/01/2017

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Quel que soit leur type, les lésions eczémateuses d’apparition récente se présentent typiquement sous la forme de plaques rouges prurigineuses, associées à de petites vésicules emplies d’un liquide clair et à des squames (l’étymologie du nom « eczéma » est évocatrice : elle dérive d’un verbe grec signifiant « bouillonner » : c’est donc une « éruption cutanée qui bouillonne »). Les présentations chroniques se traduisent quant à elles par un épaississement de la peau, qui semble comme « cartonnée », marquée d’excoriations résultant de son érosion et de fissures ou rhagades (crevasses à la jonction entre une muqueuse et la peau, par exemple aux commissures des lèvres) résultant de la déchirure mécanique des téguments qui ont perdu leur élasticité.

Apparaissant parfois très tôt dans l’existence, ces lésions s'observent chez le nourrisson (eczéma atopique, cf. ci-dessous) comme chez l’adulte (eczéma de contact, cf. ci-dessous) et sont souvent associées à diverses affections allergiques et notamment à l’asthme. L’affection évolue généralement en voyant alterner des phases d’exacerbations (« poussées d'eczéma ») durant lesquelles les symptômes s’aggravent, et des phases de rémission.

Évolution

Les lésions eczémateuses varient selon leur stade évolutif.

- Eczéma aigu. Un eczéma apparaît de façon soudaine, et se révèle d’emblée prurigineux. On observe un placard érythémateux infiltré, œdématié, à bords mal délimités et émiettés. Les vésicules sont isolées ou confluent en formant de petites bulles ; ces lésions s’accompagnent d’érosions de grattage. L’affection peut évoluer spontanément ou avec traitement vers une guérison sans cicatrices, mais elle peut aussi persister et évoluer vers la chronicité.

– Eczéma chronique. Il s’agit d’un eczéma sec, formé de placards érythématosquameux mal délimités, toujours prurigineux, présentant en règle de nombreuses lésions de grattage.

– Eczéma lichénifié. Apparu de longue date, faisant suite à des grattages incessants, il est caractérisé par une peau épaissie, infiltrée, sillonnée de stries blanc-jaunâtre.

Un eczéma peut se compliquer lorsque l’hygiène locale n’est pas assurée : surinfection bactérienne suivant le grattage et le plus souvent due au staphylocoque doré (impétigo) voire généralisation des lésions avec fièvre et frissons (érythrodermie). Une surinfection par un herpèsvirus (HSV-1 surtout), très rare mais redoutable peut affecter les enfants victimes de dermatite atopique : ce syndrome de Kaposi-Juliusberg se caractérise par des pustules souvent hémorragiques s'étendant à l'ensemble du corps sur les lésions d’eczéma préexistantes, avec douleurs évoquant des brûlures, altération de l’état général, fièvre élevée, parfois troubles neurologiques. Cette urgence médicale, à traiter en milieu spécialisé par de l’aciclovir injectable, explique qu’une personne présentant une poussée herpétique ne devrait jamais être en contact avec un nourrisson souffrant d’eczéma atopique.

Le diagnostic d’un eczéma, simplement clinique, est largement orienté par le contexte. Ses causes déclenchantes (allergènes, irritation, stress, etc.) sont recherchées par l’interrogatoire du patient : par exemple, un eczéma d’irritation professionnel se caractérise par sa disparition ou son amélioration lors des congés ; volontiers localisé aux mains, il affecte des professions souvent spécifiques : métiers du bâtiment, mécaniciens, ouvriers de l’industrie chimique, coiffeurs, etc.

L’aspect des lésions, leur type de groupement (isolées, disposées en anneau, en lignes, avec des bords nets ou émiettés, couvrant un dermatome, etc.) et leur topographie sont également évocateurs.

Le diagnostic requiert parfois une biopsie cutanée et un bilan allergologique avec réalisation de tests cutanés (patch-tests, prick-tests) ou recherche d’IgE spécifiques (permettant, par exemple, de diagnostiquer un eczéma associé à une maladie dysimmunitaire congénitale).
Le diagnostic différentiel peut s’avérer délicat dans la mesure où les lésions eczémateuses ressemblent parfois à celles d’un psoriasis (les bords des lésions sont alors nets) ou d’un zona (qui affecte typiquement un dermatome).