L’adolescence se situe entre l’enfance et l’âge adulte, soit entre 10 et 19 ans. Au cours de cette période de croissance et de développement, le jeune subit les modifications physiques et psychiques inhérentes à la puberté. Cette transition se caractérise également par l’installation de conduites à risques, responsables, à court et long terme d’une morbidité et d’une mortalité élevées. En tête : les accidents de la route, première cause de mortalité des adolescents, liés, entre autres, à la consommation d’alcool et de cannabis.
Revue de consommations adolescentes
L’expérimentation de l’alcool débute à 11 ans. Une augmentation importante des alcoolisations aiguës et des épisodes d’ivresses a été mise en évidence récemment : le taux d’alcoolisation ponctuelle importante annuelle étant passé de 41 % en 2010 à 52 % en 2014[1]. Les conséquences sont immédiates : coma, troubles métaboliques et perte de contrôle avec risques d’agressions sexuelles, de rapports non protégés, de traumatismes, de tentatives de suicide… L’intoxication alcoolique massive altère les fonctions cognitives d’apprentissage et de mémoire, et peut révéler des troubles psychiatriques. En outre, plus l’initiation est précoce, plus le risque de dépendance à l’âge adulte est élevé.
Quant au tabac, sa consommation demeure très populaire dans la population adolescente. L’expérimentation est en baisse et tardive, avec une première cigarette fumée à 14 ans et demi. Cependant, les jeunes, et majoritairement les garçons, sont de plus en plus dépendants (de 29 % chez les 15-25 ans en 2006 à 47 % en 2010)[2].
Autre toxique mais illicite en France, le cannabis, première substance psychoactive consommée chez les adolescents. En 2014, 48 % des jeunes de 17 ans avaient déjà fumé au moins une fois du cannabis. Malgré les avertissements connus sur le risque d’addiction, 5 % des adolescents âgés de 17 ans présenteraient une dépendance au produit[3]. À terme, surviennent une altération des résultats scolaires et des relations sociales voire des troubles psychiatriques. L’expérimentation des autres psychotropes (champignons hallucinogènes, ecstasy, LSD, cocaïne ou héroïne) reste rare et tardive, à l’inverse de la prise de médicaments opiacés à base de codéine, à des fins récréatives, chez les jeunes adolescents.
L’usage d’une seule substance est rarement isolé et les polyconsommations sont fréquentes. Le tabac associé à l’alcool et au cannabis diminue la perception du risque de ces substances et facilite ainsi leur consommation.
Le goût du risque
Étymologiquement, la prise de risque fait appel à la nécessité de s’extraire de son environnement sécuritaire pour rechercher le danger en testant ses propres capacités. Pendant l’adolescence, les modifications morphologiques et physiologiques poussent le jeune à agir, explorer son identité et s’affranchir de la dépendance des parents, tout en gagnant l’approbation de ses pairs. Si statistiquement, la consommation de substances est liée aux habitudes parentales, l’initiation se fait sous l’influence de camarades. Le groupe a ainsi valeur de fournisseur et de renforcement social. Et devant le groupe, prendre des risques (« biture express », mélanges de substances, défis physiques voire sexuels) s’avère prestigieux. Les conduites dangereuses sont d’ailleurs d’autant plus fréquentes que les adolescents sont reconnus auprès de leurs pairs et manquent de soutien familial. Une carence affective, l’absence de cadre éducationnel et un dysfonctionnement familial renforcent aussi la quête de disparition de soi, qui, chez certains adolescents, se traduit par un coma éthylique ou les troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie mentale.
Sans compter la recherche de la nouveauté et des sensations, atteignant un pic lors de l’adolescence, intervenant dans l’initiation et le maintien des pratiques à risques.
Bien qu’informés par les campagnes de prévention, les adolescents ont tendance à minimiser le danger. Et chez certains, plus le risque est connu et élevé, plus il est stimulant et attractif…
1) Baromètre santé 2014, INPES
S ESCAPAD 2014, INPES
3) OFDT 2014, INPES
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