« Ma voisine s’est fait vacciner l’an dernier contre la grippe et ça ne l’a pas empêché de tomber malade ».
Les exemples sur une supposée inefficacité du vaccin anti-grippal ne manquent pas et participent majoritairement au refus à la vaccination. L’enquête du Baromètre Santé 2016 a mis en évidence que près des deux tiers des personnes interrogées âgées entre 65 et 75 ans, se méfiaient de l’utilité du vaccin. Moins de la moitié de la population étudiée s’est d’ailleurs fait vacciner contre la grippe lors de l’hiver 2015-2016.
Or, l’efficacité d’un vaccin dépend de plusieurs facteurs dont le premier est la réponse immunitaire, moins bonne chez les personnes âgées. La formulation du vaccin contre la grippe change d’une année sur l’autre en fonction de l’évolution des virus en circulation. Selon les recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la composition du vaccin destiné à l’hémisphère nord est basée sur la circulation des souches de l’hémisphère sud. L’efficacité peut alors être diminuée en cas de mutations depuis sa préparation et l’arrivée de l’épidémie. En outre, la virulence elle-même du virus peut expliquer la moins bonne efficacité attendue du vaccin.
Cependant, même avec une efficacité moindre, l’impact sur la mortalité des personnes âgées est conséquent : plus de 2000 décès ont été évités avec une efficacité moyenne du vaccin jaugée à 35 % sur une période de 2000 à 2009. Si la couverture vaccinale montait à 75 %, plus de 3 000 décès supplémentaires seraient évités.
« Je suis en bonne santé, pas besoin de vaccin qui donne des effets secondaires ! »
Demeurent encore aujourd’hui les représentations erronées des maladies infectieuses, qui, chez certaines personnes âgées, sont suffisamment prévenues par une bonne hygiène de vie. La méconnaissance de la gravité et des complications des maladies comme le zona, la grippe, les pneumopathies et la coqueluche est également un facteur diminuant la couverture vaccinale, au même titre que l’idée de la vaccination réservée aux enfants. En outre, la crainte d’effets secondaires graves est retrouvée chez près de 47 % des 65-75 ans interrogées sur le vaccin anti-grippal. L’OMS considère cependant que ce vaccin est sans danger, les effets indésirables étant bénins et attendus : réaction au point d’injection, fièvre, douleurs musculaires. Élaboré à partir de souches virales inactivées, il ne peut être à l’origine de la grippe. En cas de syndrome grippal post-vaccinal, trois hypothèses sont possibles : l’infection par un autre pathogène, l’administration du vaccin pendant la période d’incubation du virus (un à quatre jours) ou bien la survenue de l’infection dans les trois premières semaines suivant la vaccination, période correspondant à l’atteinte du niveau d’efficacité du vaccin.
« J’ai reçu le bon pour me faire vacciner. Je le fais tous les ans car c’est gratuit mais je me demande si ce n’est pas encore un moyen pour arranger les laboratoires pharmaceutiques… »
Chez les personnes âgées et donc plus vulnérables à la grippe, les complications peuvent être graves (pneumopathies, atteintes extra-respiratoires) voire fatales. 75 % des décès dus à la grippe surviennent chez les plus de 65 ans. En découlent les recommandations de l’OMS engageant les personnes âgées de plus de 65 ans à se prémunir contre cette maladie grave, avec un vaccin aux effets indésirables bénins, et non par d’autres solutions jugées insuffisamment efficaces.
La gratuité du vaccin par le bon de vaccination envoyé par l’Assurance Maladie aux personnes âgées de plus de 65 ans participe à l’amélioration de la couverture vaccinale. Ils sont d’ailleurs plus enclins à chercher les vaccins antigrippal ou anti-pneumococcique s’ils présentent des comorbidités (pathologies cardiaques, respiratoires, diabète, obésité…) et si les vaccinations antérieures ont été également prises en charge.
« J’ai lu sur Internet que le vaccin contre la coqueluche provoquait des convulsions mais mon médecin le recommande. »
Télévision, radio, Internet, forums et réseaux sociaux… le tri parmi le flux incessant d’informations sur les produits de santé s’avère corsé ! Sans oublier la couverture médiatique de la pandémie de la grippe H1N1 de 2009 qui a participé à la chute de la vaccination.
L’appui du médecin traitant, du pharmacien, des professionnels médico-sociaux et même de l’entourage familial est primordial. Un message commun, clair, compréhensible, scientifique et se basant les recommandations officielles engage plus sereinement les personnes âgées à se faire vacciner.
Aujourd’hui, les plus de 65 ans cherchent à être autonomes et en bonne santé le plus longtemps possible, d’où l’intérêt de se prémunir des malades infectieuses. Enfin, le désir de protéger les enfants, petits-enfants, voire arrière-petits-enfants, sans oublier le conjoint pouvant être malade, motive à accepter la vaccination. Se protéger soi-même et protéger les autres reste l’enjeu principal de la pratique vaccinale.
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