SYMBOLE de vie et d’espoir, la lumière a toujours été considérée comme bénéfique pour l’homme. Mais son utilisation thérapeutique reste relativement récente. En 1984, un psychiatre et chercheur américain, Norman Rosenthal, a mis en évidence la relation entre l’exposition lumineuse et l’amélioration de certains symptômes dépressifs. La découverte de la dépression saisonnière a ainsi coïncidé avec la mise au point de son traitement, la luminothérapie. Au cours des trente dernières années, de nombreux travaux scientifiques ont permis de mieux comprendre les mécanismes d’action de la photothérapie dans la régulation des rythmes circadiens. De nouvelles indications sont aujourd’hui suggérées, dont le traitement des troubles du sommeil.
À propos de la dépression saisonnière.
Environ 2 % des Européens seraient concernés par la dépression saisonnière, avec une prévalence plus importante dans les pays du nord. Les femmes seraient plus à risque de développer ces troubles. La dépression saisonnière est définie comme une forme de dépression survenant en hiver (d’où son nom de dépression hivernale) et disparaissant spontanément au printemps. Les troubles sont directement liés à une privation de lumière naturelle. En effet, de 50 000 à 130 000 lux en été, la luminosité ne dépasserait pas 20 000 lux en hiver. Cette baisse de luminosité est conjuguée à la réduction de la durée du jour. D’un point de vue clinique, cette dépression se traduit par une grande fatigue, une tristesse inexpliquée et un manque d’intérêt et de plaisir. Le diagnostic différentiel repose sur les circonstances de survenue des symptômes. « Une vraie dépression saisonnière reste saisonnière. Par contre, d’autres types de dépressions présentent un caractère saisonnier ; par exemple, les symptômes dépressifs peuvent s’aggraver en hiver », précise le docteur Gilles Vandewalle du centre de recherche du cyclotron (Université de Liège).
De la lumière pour soigner le manque de lumière.
La luminothérapie vise à compenser le manque de lumière en exposant le visage du patient à une lumière blanche (sans UV) d’intensité comprise entre 2 500 et 10 000 lux. À noter qu’à l’intérieur d’une maison, la luminosité est de 500 lux environ. Selon la luminosité utilisée, la séance dure entre 30 minutes et 2 heures. Au niveau de la rétine, les rayons lumineux transformés en signaux électriques induisent la sécrétion de sérotonine et l’inhibition de la production de mélatonine (l’hormone du sommeil). L’ensemble de ces actions permet de réguler l’horloge biologique et d’atténuer les symptômes dépressifs.
Si l’utilisation de la luminothérapie est reconnue efficace pour le traitement de la dépression saisonnière, cette méthode a-t-elle un intérêt préventif ? Pour le docteur Gilles Vandewalle, « la lumière est bénéfique pour tout le monde. Un peu comme une tasse de café le matin, la lumière donne un coup de boost. Une bonne partie de la population ressent un "blues" hivernal sans que cela soit une dépression. Un peu de lumière ne peut faire que du bien dans ces cas-là, à condition de respecter les durées d’utilisation des appareils de luminothérapie. Un mauvais usage peut entraîner un risque pour la rétine. »
Lumière sur le conseil pharmaceutique.
Selon les symptômes décrits par le patient, le pharmacien peut jouer un rôle dans le dépistage de cette dépression et inviter le patient à consulter. « Le dialogue avec le client est essentiel, et permet de se rendre compte que les problèmes d’humeur n’arrivent qu’en automne/hiver et qu’ils disparaissent spontanément au printemps. Plus le dépistage et la prise en charge des symptômes sont précoces, plus le traitement sera efficace », résume Gilles Vandewalle. En complément, il doit être conseillé au patient de s’exposer plus longuement à la lumière naturelle, en faisant des promenades quotidiennes, et de pratiquer une activité physique régulière.
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