On sait les dommages cutanés que peuvent produire des conditions prolongées à de très basses températures : xérose, gerçures, fissures, crevasses sont quelques exemples des atteintes chroniques qui résultent de la déshydratation, toute première conséquence du froid sur les tissus.
Dans des conditions moins extrêmes, cependant, la morsure du froid peut se transformer en caresse et son contact engendrer le meilleur pour la peau : pommettes colorées, pores resserrés, œdème gommé, effet tenseur… « Le premier des effets esthétiques est sans doute la vasoconstriction », indique le dermatologue Philippe Deshayes. « Soumis à de basses températures, les petits vaisseaux superficiels présents dans l'épiderme vont se fermer empêchant les fluides du sang de se répandre dans les tissus. Cela permet de contenir l'œdème qui forme les poches sous les yeux, par exemple. »
Le deuxième effet du froid est d'endormir les terminaisons nerveuses situées juste sous la peau créant ainsi une légère sensation d'anesthésie. La fraîcheur de l'air peut également stimuler les petits muscles qui se trouvent au niveau des poils en surface. Leur contraction provoque un raffermissement des tissus. « On peut donc dire du froid qu'il combine les effets anti-œdémateux, anesthésiant et raffermissant. Il est d'ailleurs utilisé pour apaiser les zones du contour de l'œil lors d'une chirurgie. » Ces propriétés restent cependant celles du refroidissement en lui-même. La cosmétique ne peut pas s'en prévaloir car elle est incapable de produire du froid. En revanche, elle peut en traduire la sensation.
Les stratégies du froid
Deux composants, le camphre et le menthol, sont souvent utilisés pour produire un effet de froid dans certaines formules destinées au soin de la peau, qu'il s'agisse de soulager des zones de frottement du corps ou de produire une impression agréable. Sans refroidir l'épiderme, ils procurent une sensation de fraîcheur qui apporte confort et apaisement. Mais les spécialistes de la dermocosmétique ont développé d'autres stratégies pour créer un effet froid. Les concepteurs de la gamme Biafine (Johnson & Johnson), par exemple, ont misé sur un mélange produit/gaz pour doter leur Mousse Soleil SPF 50 + d'un effet de rafraîchissant immédiat. Conçu pour apporter protection et bien être, ce soin vise aussi à apaiser les sensations d'échauffement liées au soleil. « Dans la bouteille, le gaz est compressé et mélangé au produit, explique-t-on chez Johnson & Johnson. À l’usage, au moment de la libération du produit, il y a décompression du gaz. C’est ce mécanisme qui produit l’effet froid et non des ingrédients spécifiques. »
Chez Galénic, la méthode employée est différente. L'action du « cryo-booster » Beauté du Regard repose certes sur un trio d'actifs anti-rides, anti-cernes, anti-poches mais également sur la combinaison du froid et de la forme galénique. « Un socle spécialement conçu pour le soin permet de le placer au réfrigérateur et ainsi de renforcer son activité sur les poches et les cernes. Soumise au froid, la structure galénique composée majoritairement d’une phase-gel aqueuse se transforme en un coussin d’eau glacée. Elle permet un massage délicat et une diffusion progressive des actifs au cœur des cellules du contour de l’œil. De plus, l’embout métallique a été choisi pour favoriser la transmission du froid et stimuler la microcirculation cutanée. » Développée pour être activable par le froid, la formule imaginée par Galénic doit apporter une plus grande efficacité. La synergie des composants fait aussi partie des arguments du Stick Effet Glaçon des laboratoires Embryolisse mais l’effet froid est ici assuré par l’action des dérivés de xylitol. Ces sucres sont solubles dans l’eau lors de la formulation et compatibles avec les autres ingrédients fonctionnels. « Le xylitol se solubilise avec l’eau présente dans l’épiderme et dégage une sensation de froid immédiatement perceptible à l’application sur la peau. »
Cryothérapie
Au-delà des sensations qu'il peut engendrer, le froid a des applications bien concrètes. Ainsi peut-il agir comme un traitement par brûlure dans certaines maladies de la peau. Dispensé par de l'azote liquide porté à – 196 C°, il provoque une congélation des tissus qui sont détruits par simple contact avec le fluide. « Pour les cellules, il s'agit d'une agression très violente qui a un effet destructeur », reprend Philippe Deshayes. « C'est un moyen efficace pour traiter les verrues mais on s'en sert aussi pour éliminer les petites kératoses (séborrhéiques, actiniques) voire certains cancers de la peau (cryochirurgie) bien que, dans ce cas, le laser ou la chirurgie sont plus fréquemment utilisés. »
Plus que le visage, le corps fait souvent l'objet de traitements par le froid. Ses utilisations - soulagement des articulations, des contusions, des zones douloureuses, stimulation de la circulation sanguine… - sont multiples. Il fait également merveille pour aider le corps des sportifs à récupérer après l'effort. « La méthode consiste à créer un choc thermique en exposant le corps entier à des températures négatives pendant quelques minutes. Sous l'effet de la vasoconstriction, le sang va refluer vers les organes internes. Au niveau des muscles, le débit sanguin augmenté va opérer un nettoyage en entraînant l'acide lactique accumulé pendant l'effort. Le froid permet aussi de stimuler l'hypothalamus. » Ses actions anti hémorragique, anti-inflammatoire et anesthésiante, font du refroidissement bref mais extrême, un moyen de récupération de premier ordre (lire également notre article en page 16). « Il pourrait également produire une stimulation immunitaire, comme des études l'ont démontré chez l'animal. »
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