De l’usage à risque à la dépendance.
Il est usuel de distinguer trois groupes de consommateurs de boissons alcoolisées : ceux qui en consomment avec modération et de façon ponctuelle, ceux qui en font un usage abusif (usage à risque et usage à problème) et ceux qui sont devenus dépendants.
› Les consommateurs « à risque » consomment plus de 3 verres de vin par jour en moyenne (un verre = 10 g d’alcool) pour les hommes et 2 pour les femmes, sans conséquence clinique ou sociale.
› La consommation devient « excessive » ou « nocive », qu’elle soit ponctuelle ou chronique, dès qu’elle donne lieu à des dommages somatiques, psychiques ou sociaux (altération physique, accidents de la circulation, violences notamment intrafamiliales).
37 % des 18-75 ans sont des buveurs sans risque occasionnel, 12 % des buveurs sans risque régulier, 28 % des buveurs à risque ponctuel et 9 % à risque chronique. La consommation à risque ponctuel diminue avec l’âge, tandis que la consommation à risque chronique, importante chez les jeunes (14 % parmi les 18-25 ans), diminue jusqu’à 45 ans (7 % parmi les 35-44 ans), puis augmente ensuite (9 % chez les 65-75 ans).
› Les consommateurs dépendants de l’alcool, moins nombreux, représentent entre 1,5 et 2 millions de personnes :
- La majorité est dépendante psychiquement de l’alcool : le désir compulsif d’en consommer vise à maintenir une alcoolémie suffisante et impose de consommer des quantités croissantes (tolérance). Cette dépendance peut être secondaire à une pathologie psychiatrique ou être primaire et précéder la survenue des troubles psychiques.
- Une minorité est dépendante physiquement de l’alcool : la suppression de la boisson se traduit, en plus des signes psychiques (anxiété, irritabilité, agitation, insomnies, cauchemars), par des signes physiques de sevrage (sueur, tremblements, tachycardie, hypertension, nausées et vomissements ; au plan neurologique : confusion mentale, delirium avec hallucinations, convulsions, hyperthermie).
Les « conduites d’alcoolisation » englobent les situations de dépendance et celles où une personne perd les moyens de contrôler sa consommation (ne pouvant, par exemple, cesser de boire avant de devenir ivre, ou de consommer de fortes quantités d’alcool de façon intermittente).
Au plan neurochimique.
L’alcool exerce sur les voies dopaminergiques des effets comparables à ceux de nombreux produits addictifs. Stimulant le circuit dit « de récompense », sa consommation induit un renforcement positif (effets hédonistes, stimulants, euphorisants), et ce d’autant plus que la transmission dopaminergique devient déficitaire lorsque l’usage se prolonge - ce déficit en dopamine expliquerait les états dysphoriques (instabilité de l’humeur) accompagnant le sevrage -. Certains sujets sont génétiquement plus vulnérables aux effets addictifs de l’alcool.
Potentialisant le tonus inhibiteur GABAergique, l’alcool a un effet anxiolytique et sédatif s’épuisant avec la durée de la consommation (tolérance). Cette action explique les complications neurologiques (troubles moteurs, épilepsie…) et psychiatriques (troubles anxieux, troubles psychotiques, troubles du comportement avec agressivité et irritabilité) de l’alcoolisme, ainsi que certains symptômes de sevrage (tremblements, agitation, etc.) démasqués par une hypoactivité GABAergique. Il existe de nombreuses interactions entre alcool et endorphines, les neuromédiateurs opiacés endogènes (d’où l’administration de naltrexone pour renforcer l’abstinence, cf. infra).
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