Dans un souci de prévention, tout doit être mis en œuvre pour que le sujet âgé conserve toute son autonomie et puisse vivre chez lui le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions. On sait aujourd’hui que son maintien à domicile dépend pour grande part de son alimentation.
Un état de lieux pas toujours satisfaisant
Contrairement à une idée reçue, on ne doit pas manger moins en vieillissant. Les besoins énergétiques de la personne âgée sont au moins équivalents à ceux d’un adulte, à activité physique égale. Les apports ne doivent jamais être inférieurs à 30 à 35 kcal/kg de poids, les besoins caloriques étant estimés en moyenne à 2000 kcal chez l’homme et 1 800 kcal chez la femme. Un état pathologique ou un stress nécessite même des apports supplémentaires.
Les déficits en micronutriments les plus fréquents concernent les vitamines C et D, celles du groupe B, le magnésium, le chrome, le cuivre, le sélénium, le zinc. Certains (Se et Zn) seraient corrélés au déclin des fonctions immunitaires. En revanche, une carence en fer n’est pas un facteur de risque lié au vieillissement.
L’avancée en âge s’accompagne d’un risque accru de déshydratation car le seuil de perception de la soif diminue avec l’âge. Le sujet âgé doit être encouragé à boire même sans soif, au cours et en dehors des repas.
Recommandations pratiques au cas par cas
Conscients des pathologies qui les guettent, certains seniors réduisent leurs apports de façon anarchique alors que d’autres, plus insouciants, laissent s’installer la graisse et le surpoids. Parmi les pathologies liées à l’âge, on sait maintenant identifier celles pour lesquelles il existe une prévention nutritionnelle.
Surpoids ou amaigrissement : garder un poids de forme stable
L’obésité est indéniablement susceptible d’induire ou d’aggraver certaines pathologies, mais chez le sujet âgé, un surpoids est plutôt le garant d’une meilleure espérance de vie. Une restriction calorique peut s’imposer mais il faut rester prudent car les régimes prolongés sont sources de monotonie alimentaire, d’anorexie et donc de malnutrition. Par ailleurs, la perte de poids se fait aux dépens de la masse maigre, ce qui peut majorer la sarcopénie.
Taux de cholestérol : éviter les régimes inutiles
Si l’élévation du taux de cholestérol est associée à une augmentation du risque coronarien chez l’homme d’âge moyen, son impact diminue à partir de 70 ans. Les régimes pauvres en graisses sont susceptibles de faire diminuer le bon cholestérol (HDL) et d’entraîner une carence en vitamines liposolubles et en acides gras essentiels. Il est préférable de varier les sources de corps gras.
Hypertension : saler sans excès
L’hypertension s’installe volontiers au fil des ans. Inutile de suivre un régime sans sel, il fait perdre l’appétit et aggrave les modifications du goût et de l’odorat liées à l’âge. Il suffit de ne pas resaler systématiquement les plats et d’enlever la salière de la table.
Diabète de la cinquantaine : rééquilibrer en douceur
Les moyens classiques pour réguler la glycémie sont un régime modérément hypocalorique, une bonne répartition dans la journée d’aliments de faible indice glycémique (légumes secs, pâtes, riz, pain complet…), l’augmentation de la ration en fibres alimentaires, le maintien d’une activité physique régulière.
Maladies du cœur : « palpiter » pour les oméga 3
Les oméga 3 constituent des éléments protecteurs grâce à leur action bénéfique sur la baisse du taux de triglycérides, la fluidité du sang et la souplesse des globules rouges et des artères. Ils peuvent contribuer à une baisse de la pression artérielle.
Chutes et fractures : muscler l’alimentation
Avec l’avancée en âge, la masse musculaire diminue aboutissant parfois à une sarcopénie provoquant des troubles de l’équilibre et de la marche. Il est possible de « refaire du muscle » en associant une activité physique et des apports protéiques adéquats (1 à 1,2 g/kg/jour) dont la moitié sous forme de protéines animales : viande, poisson, œufs, laitages…
Fragilité osseuse : inviter le couple calcium et vitamine D
L’absorption intestinale du calcium décroît régulièrement à partir de 50 ans, cette diminution est en grande partie liée à une carence en vitamine D. En pratique, le lait et les produits laitiers sont les aliments les plus riches en calcium sous une forme bien assimilable. Les légumes, les fruits les céréales et les eaux de boisson complètent les apports. La supplémentation en vitamine D se fait sous forme médicamenteuse.
Éviter la dénutrition des seniors
Bien que consciente des dangers que la dénutrition peut faire peser sur leur autonomie et leur qualité de vie, une grande majorité de sujets âgés persistent dans leurs erreurs alimentaires : consommation insuffisante de viande, de féculents et d’eaux de boisson, mauvaise régulation et répartition des repas.
D’autres facteurs aggravent cette malnutrition. En particulier, une diminution progressive de l’appétit, des modifications de l’odorat et du goût (prédominant sur le salé), un mauvais état de la dentition et/ou le port d’appareils inadaptés. L’augmentation des apports est la première réponse à proposer devant une situation associant des signes d’alerte.
Si la consommation alimentaire des patients devient insuffisante, les recommandations officielles proposent la complémentation nutritionnelle orale (CNO). Il en existe plusieurs types disponibles en pharmacie : les produits hyper-énergétiques ou hypercaloriques (HC) et les produits normo-protidiques (NP) ou hyper-protidiques (HP).
La teneur en fibres varie selon les produits salés ou sucrés. Il existe une large gamme de textures et d’arômes. Gammes Clinutren, Delical, Fortimel, Fresubin, Nutrison, Renutryl Booster…
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