EN VALEUR comme en volume, médicaments remboursables et non remboursables confondus, la spécialité la plus vendue en 2013 était Doliprane (paracétamol), suivie de Dafalgan (paracétamol) (source ANSM*). Si l’antalgie conserve donc son statut de marché phare à l’officine, le marché plus restreint des médicaments antalgiques OTC accuse un léger recul entre 2013 et 2014 (- 1 % en volume et - 0,43 % en CA) selon les données Ospharm recueillies sur un panel de 2 853 pharmacies. En part de marché (PDM) des ventes sans ordonnance, il reste un incontournable avec 3,72 % en volume et 2,02 % en valeur, même s’il est aujourd’hui largement distancé par d’autres marchés comme la contention, les médicaments conseil pour les infections ORL ou les compléments alimentaires.
L’antalgie est partout.
À ce jour, 55 spécialités purement antalgiques sont en libre accès, ce qui devrait logiquement stimuler les ventes. Il faut y ajouter les nombreuses spécialités associant un principe actif antalgique (paracétamol) à d’autres substances, comme c’est le cas pour la plupart des médicaments oraux contre le rhume. Sur le marché des médicaments conseil à visée ORL, on retrouve par exemple 3 spécialités à base de paracétamol en association (Actifed, Humex, Fervex) parmi les meilleures ventes. Ces médicaments ne sont pas comptabilisés dans le marché antalgique.
Le marché de l’antalgie ne comptabilise pas non plus les médicaments indiqués dans les douleurs digestives. Si l’on regarde le marché conseil des voies digestives, ce sont des médicaments contre les douleurs gastriques qui arrivent en tête des spécialités les plus vendues. Plus largement, sur le marché de la PMF, les données ANSM indiquent que parmi les 5 spécialités les plus vendues, on trouve trois spécialités antalgiques stricto sensu et une spécialité antispasmodique (Spasfon), c’est-à-dire indiquée en cas de douleur intestinale. Il est donc réducteur de limiter le marché de l’antalgie aux spécialités strictement composées d’une substance antalgique (paracétamol, ibuprofène et aspirine), sans prendre en compte le marché plus large de la douleur.
Nurofen, incontestablement premier.
Alors que le paracétamol (Doliprane et Dafalgan) arrive en tête des médicaments de PMF les plus vendus, l’ibuprofène l’emporte sur le marché OTC de l’antalgie. Au sein du panel étudié, la gamme Nurofen couvre plus de 20 % de PDM (en volume) de l’antalgie avec seulement 2 références, NurofenFlash 400 mg et Nurofen 400 mg. Ces données sont en cohérence avec celle de l’ANSM. En 2013, Nurofen (21e sur la liste des médicaments PMF les plus vendus en volume) a enregistré une croissance négative alors que la formule flash (lysinate d’ibuprofène) a connu une progression spectaculaire de 81 % en volume (25e sur la liste des médicaments PMF les plus vendus en volume) et de 108,4 % en CA (22e place).
Un marché dynamique.
Ces bons résultats montrent le dynamisme du marché de l’antalgie conseil. Au fil des années, les gammes leaders en antalgie se sont étoffées, multipliant les références tout en structurant leur offre autour de noms réputés (Efferalgan, Nurofen, Doliprane). Les pharmaciens disposent ainsi d’un large choix de produits pour conseiller leurs patients dans des indications diverses comme la migraine, les douleurs des règles, les douleurs dentaires, les maux de tête et les courbatures. Les médicaments antalgiques conseil ont également bénéficié d’une innovation galénique importante pour améliorer l’efficacité des principes actifs (un délai d’action plus rapide) tout en simplifiant les modalités de prise. L’arrivée des formes orodispersibles, sans eau, en est un exemple. L’association de principes actifs antalgiques, comme dans Prontalgine (paracétamol, caféine et codéine), élargit les possibilités de conseil officinal pour soulager la douleur. En traumatologie, de nouvelles spécialités antalgiques et anti-inflammatoires (diclofénac) ont été développées et complètent l’arsenal thérapeutique conseil contre la douleur.
Une concurrence nouvelle.
Malgré ce dynamisme, les spécialités leaders sont concurrencées par une pénétration croissante des spécialités OTC génériques, qui offrent l’avantage d’être moins coûteuses. Cette progression entraîne mécaniquement une baisse du chiffre d’affaires de ce segment de marché. Les antalgiques médicaments doivent également composer avec une concurrence nouvelle dans certains types de douleurs, notamment en rhumatologie (douleurs arthrosiques). Ainsi, des compléments alimentaires à base de plantes ou des huiles essentielles apportent aujourd’hui une alternative aux patients, qui délaissent les antalgiques.
Un marché à animer.
Le marché de l’antalgie OTC reste (encore) un bastion du monopole pharmaceutique. C’est un marché prometteur à condition de l’animer. Prometteur parce que la prise en charge de la douleur chronique est encore insuffisante pour de nombreux patients (migraineux par exemple) en raison d’un sous-diagnostic ou d’un traitement inefficace ou inadapté. Dans ce contexte, l’intervention du pharmacien est évidente, associant l’offre produits à des services d’accompagnement individuels. La formation est indispensable et la mise à disposition de documents d’information (documents ANSM sur les médicaments antalgiques, brochures publiées par l’Institut UPSA de la douleur) permet de compléter la stratégie d’animation.
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