Sources d'inquiétudes majeures des titulaires, les difficultés de recrutement influent directement sur les frais de personnels. Leur progression est de 5,30 % sur l'année 2021, bien supérieure à la hausse du Smic de 1,5 %. Mais elle est loin d'être terminée puisque deux augmentations de 3 % chacune sont déjà intervenues depuis le début de cette année.
Ces perspectives ne manquent pas d'inquiéter les titulaires, à l'instar de Delphine Lienhardt, titulaire à Lutzelhouse (Bas-Rhin). « Aurons-nous à l'avenir les moyens de nos ambitions pour réaliser les nouvelles missions ? », s'interroge l'officinale qui se dit prise en otage par l'augmentation des salaires. Car si, aujourd'hui, un tiers de la marge sert à payer le personnel, comme le rappelle Emmanuel Leroy (KPMG), comment mener une politique salariale dans un contexte de pénurie de personnels, alors que l’embellie des comptes de résultats semble pour le moins éphémère ? Aujourd'hui, les frais de personnels représentent 10,3 % du chiffre d'affaires (9,5 % pour les officines en association, 11,5 % hors association). Les titulaires pourront-ils maintenir ce ratio comme cela est le cas depuis trois ans ? Pour Emmanuel Leroy, cet objectif ne peut être atteint que si les nouvelles missions génèrent de l'activité supplémentaire et une marge différente. Dans le cas, contraire, il faudra s'attendre à une dégradation de l'EBE.
De nouvelles stratégies
Parallèlement, les experts-comptables suggèrent plusieurs options managériales afin de conjuguer difficultés de recrutement et hausse prévisible des frais de personnels. Un indicateur doit être suivi de près. Il s'agit du chiffre d'affaires annuel réalisé par chaque salarié, soit environ 330 000 euros en moyenne. « L'objectif n'est pas de mesurer la productivité, mais bien de situer son officine par rapport à la moyenne. En dessous de ce ratio, il est conseillé au titulaire de revoir les plannings et de prévoir des formations », relève Emmanuel Leroy.
S’inspirant d’autres secteurs d’activité, tels que la restauration ou l’industrie automobile, les experts-comptables conseillent de réduire la voilure. Pourquoi ne pas adopter des horaires de bureau et commencer les gardes à 18 heures ? soumet Joël Lecoeur (CGP). Tandis que Philippe Becker (Fiducial) cite l'exemple du constructeur automobile Stellantis qui a choisi de vendre moins de véhicules. « Cela lui a permis, aussi paradoxal que cela puisse paraître, d’augmenter sa rentabilité. » Travailler moins pour gagner plus ? Ou tout au moins travailler différemment. Car les analystes sont formels, l'officine détient des marges de rentabilité et de productivité. Ainsi, un certain nombre de produits se vendent à perte, dans ce cas pourquoi ne pas reconsidérer en profondeur leur référencement ? De même, certaines activités ne dégagent aucune rentabilité, ne faudrait-il pas revoir leur utilité ? Parmi les autres pistes évoquées par les experts-comptables, une amélioration des process pour une meilleure efficience du personnel, ou encore un recours encore plus poussé à la digitalisation.
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