Internet et dossiers patients

DP-DMP, la grande connexion arrive

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Publié le 24/09/2018
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C’est parti ! Les pharmaciens peuvent d’ores et déjà ouvrir des Dossiers Médicaux Partagés (DMP). Les éditeurs de logiciels de gestion de l’officine sont prêts ou le seront sous peu.
dmp

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Crédit photo : GARO/PHANIE

kapelse

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La connexion DP-DMP annoncée avec enthousiasme au début des années 2000 est enfin devenue réalité. Après 18 mois d’expérimentation dans 9 départements et le passage du seuil symbolique du million de DMP créés (1,2 en juillet 2018), l’assurance-maladie s’apprête à généraliser progressivement, à partir d’octobre, le Dossier Médical Partagé (ex-Dossier Médical Personnel), qualifié de « véritable carnet de santé numérique ». Il sera déployé en totalité à la fin de l’année.

14 ans après

Le projet ne date pas d’hier, puisque le DMP avait été lancé pour la première fois en 2004 par Philippe Douste-Blazy… mais rendu accessible en 2011 moyennant des coûts considérables pour seulement 158 000 dossiers créés en 2012, en majorité restés à l’état de coquilles vides. D’où sa suspension, elle aussi coûteuse, fin 2012.

Relancé en 2017 par Marisol Touraine et désormais géré par l’assurance-maladie, le DMP sera-t-il un succès ? Les créations de DMP par les patients eux-mêmes via le site www.dmp.fr ou auprès de leur caisse primaire d’assurance-maladie sont en hausse et compensent un peu la forte diminution des créations par les médecins via des logiciels. Mais, pour accélérer le déploiement du DMP à l’échelon national, le ministère de la Santé compte aujourd’hui sur les pharmaciens, comme en témoigne la signature, en juillet 2017, de l’avenant n° 11 à la convention pharmaceutique paru au « Journal officiel » en décembre dernier. Lequel met l’accent sur les missions de coordination des soins du pharmacien et prévoit une rémunération dédiée de 1 euro par DMP créé (art. 31.1.5).

La ministre se montre confiante

Des supports d’information sont envoyés aux pharmaciens depuis la mi-septembre et la grande majorité d’entre eux approuvent la mise en place de ce service gratuit, confidentiel et sécurisé qui va leur permettre d’accéder rapidement, et 24 heures sur 24, à des informations médicales bien classées et d’améliorer ainsi la prise en charge de leurs patients. Antécédents, allergies éventuelles, traitements en cours, comptes rendus d’hospitalisation et de consultation, résultats d’examens (radios, analyses biologiques…), etc, plus besoin de compter sur sa seule mémoire ou de poser moult questions. Ce service sera particulièrement utile pour faciliter le suivi des patients souffrant de maladies chroniques ou de longue durée (diabète, pathologies cardiovasculaires et psychiques, cancers…) et éviter les interactions médicamenteuses.

Via le LGO ou le lecteur de cartes

Créer un DMP en accès direct depuis le logiciel métier est le moyen le plus fréquent. Le DMP est intégré dans le logiciel habituel et rend la création possible en quelques clics depuis le poste de travail. La liste des logiciels DMP-compatibles est référencée sur le site www.sesam-vitale.fr.

Quelques minutes suffisent pour ouvrir un DMP, en procédant par ordre : identification du patient par la lecture de sa carte Vitale ; connexion via le logiciel métier ; recueil du consentement du patient et enregistrement ; impression de l’accusé de réception de l’ouverture du DMP ou remise au patient de son identifiant et de son premier mot de passe pour consulter lui-même son DMP. Dès son ouverture, le DMP du patient est automatiquement alimenté par l’historique des soins et traitements des 24 derniers mois conservés par l’assurance-maladie.

Le DMP ne remplace pas le DP

Mais si le DMP comprend des informations extraites des dossiers patients des professionnels de santé utiles à un suivi coordonné, il n’est pas exhaustif et ne remplace pas le DP qui est, lui, un outil de coordination entre pharmaciens. Ils sont donc complémentaires et le lien prévu entre les deux outils facilitera grandement le quotidien des pharmaciens. Dans un premier temps, les éditeurs de logiciels ont travaillé dur tout l’été sur le DMP de façon à être fin prêts avant les épisodes de maladies hivernales. Quelques exemples. Les quelque 4 500 pharmaciens dotés du logiciel Winpharma (Everys) peuvent déjà créer des DMP directement depuis leur logiciel mais la deuxième version qui leur fera gagner davantage de temps, dûment homologuée par l’assurance-maladie (c’est obligatoire), sera disponible début octobre sur simple mise à jour. L’onglet « DMP Web » du logiciel permet d’afficher et d’ouvrir l’écran du site officiel www.dmp.fr et, à partir de l’onglet « Parcours de soins », de consulter ou de modifier en un clin d’œil le DMP du patient. Comme aucun périphérique supplémentaire n’est nécessaire, ce service est totalement gratuit pour le pharmacien.

Isipharm est également prêt : les lecteurs Kapelse permettent les créations de DMP en s’affranchissant du logiciel LGO. La fonctionnalité Création DMP est homologuée depuis avril 2018 sur le terminal de comptoir Kap&Link, équipé d’un écran couleur tactile et de la taille d’un IPhone 5. L’opération est à la fois simple, rapide et intuitive. Particularité : le consentement du patient est prouvé par sa signature numérisée. Un gage de sécurité pour le pharmacien qui garantit sans contestation possible l’accord de l’assuré pour la création de son DMP. Cette fonctionnalité est offerte dans le cadre du contrat de service Kap&Maj 2.0 qui intègre le service complet de télémise à jour des cartes Vitale et la fonction borne de prix. Grâce à ce système, des dizaines de milliers de DMP ont déjà été créés.

Smart Rx aussi est dans les temps. Homologué depuis la mi-juillet pour créer des DMP directement via le logiciel métier Smart Rx Agile ou bien depuis les lecteurs de cartes Vitale Kapelse, le système sera disponible automatiquement lors de la prochaine mise à jour de version.

 

Ève Oudry

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3459