Quand la téléconsultation s’invite à l’officine

La téléconsultation se définit comme une consultation à distance réalisée entre un médecin exerçant une activité libérale conventionnée, dit "téléconsultant", quels que soient son secteur d'exercice et sa spécialité médicale et un patient, ce dernier pouvant être assisté par un autre professionnel de santé.

• En pratique

Les officinaux intéressés doivent avoir à disposition un espace de confidentialité doté d’un équipement de téléconsultation.

Le groupe Visiomed a ainsi développé une station mobile de télémédecine : Visiocheck®, destinée aux officinaux. Cela permet aux patients d’accéder à la téléconsultation d’un médecin au sein de l’officine, une alternative intéressante dans les situations de déserts médicaux pour faciliter l’accès aux soins et améliorer le suivi des patients atteints de pathologies chroniques. Peu encombrante (elle occupe environ 50 cm2 au sol et pèse moins de 300 grammes), elle intègre ECG, tensiomètre brassard, oxymètre, thermomètre sans contact à infrarouge et mini-lecteur de glycémie. Équipée d’une caméra HD, le patient installé dans l’espace de confidentialité de la pharmacie pourra être mis en relation avec le médecin par visioconférence. Ce dernier transmettra si besoin en fin d’entretien une prescription à la pharmacie. Les données collectées par Visiocheck® sont sécurisées. Son lancement commercial en officine a été officialisé à Pharmagoraplus 2018. Elle sera accessible sous la forme d’un abonnement de 599 € HT par mois sur 48 mois.

• Quid du remboursement ?

Concernant le remboursement, l'arrêté précisant les tarifs des deux nouveaux actes de télémédecine – téléconsultation (23 à 70 €) et télé-expertise (12 à 20 €) ont été publiés le jeudi 23 août au Journal officiel. Il confirme la mise en place de la télémédecine en France et la date d’ouverture de la téléconsultation au 15 septembre 2018. La prise en charge sera dépendante du respect du parcours de soins coordonné, le patient devant être orienté par son médecin traitant et connu du médecin téléconsultant. Deux exceptions sont tout de même prévues pour les enfants de moins de 16 ans et lors d’un accès direct spécifique à un médecin spécialiste.

• Un exemple d’initiative

Depuis juin 2018, les 68 officines du groupement Pharmabest proposent un service de dépistage du mélanome en partenariat avec le Syndicat national des dermatologues. Ainsi, lorsqu’un patient présente un grain de beauté suspect, le pharmacien peut lui proposer un entretien pharmaceutique au cours duquel il prendra des clichés du grain de beauté douteux à l’aide d’un dermatoscope (petit appareil d’imagerie médicale développé par la société suédoise ScreenCancer). Ces derniers seront alors envoyés à un dermatologue référent qui analysera les photos. En cas de lésion suspecte, une infirmière contactera le patient afin de l’inciter à consulter rapidement un spécialiste. Ce service est facturé 28 € pour un grain de beauté suspect, puis 14 € pour chaque grain de beauté supplémentaire (cette somme, non prise en charge, étant destinée à la rémunération du dermatologue). Enfin, la location du dermatoscope est facturée 75 € par mois au pharmacien. À noter que malgré le soutien du Syndicat national des dermatologues, ce service est critiqué par une partie de la communauté de ces spécialistes qui craignent un suivi insuffisant et surtout sélectif. Alain Styl, le directeur général de Pharmabest, le présente quant à lui comme un « prédiagnostic » pour les patients inquiets ayant du mal à avoir un rendez-vous avec un praticien.