Moins chère et mieux ciblée

L’automatisation, plus accessible aux petites officines

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Publié le 24/09/2018
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Des prix plus tenus, des adaptations aux besoins plus limités des petites officines vont permettre à celles-ci d’accéder plus facilement à l’automatisation, ou plus précisément, à la robotisation.
Rowa Smart

Rowa Smart
Crédit photo : Doc. BD Rowa France

Gollmann Zwick

Gollmann Zwick
Crédit photo : Doc. Gollmann Zwick

L’automatisation est en train de franchir un nouveau pallier qui va permettre aux petites officines d’y accéder plus facilement. Cela fait plusieurs années pourtant que les fabricants de robots ont lancé des machines standardisées pour séduire les petites et moyennes officines. Mais, après avoir « crevé » le plancher des 100 000 € pour atteindre les 70 000 à 80 000 €, la fourchette de prix la plus basse actuellement, certains prestataires lancent et vont lancer des machines encore moins chères. Omnicell a tiré le premier avec son robot RDX Essential, lancé au prix promotionnel de 54 000 € pendant la dernière édition de PharmagoraPlus (le prix officiel devrait être de 10 % plus cher, près de 60 000 € donc), BD Rowa va bientôt lui emboîter le pas avec son robot Rowa Smart qui devrait être lancé au début de l’année prochaine pour un tarif qui se situera entre 40 000 et 50 000 €, promet François Legaud, directeur commercial de BD Rowa France. Une façon de cibler les officines qui font entre 1 et 1,5 M€ de chiffre d’affaires, voire moins. Le coût de ces produits est en effet le principal frein à l’automatisation des petites officines. Pour une pharmacie qui fait 4 millions d’euros de chiffre d’affaires, un investissement de 150 000 € est moins lourd que 70 000 € pour une pharmacie dont les recettes tournent autour du million d’euros, 4 % du CA dans le premier cas, 7 % dans le second. D’où la nécessité de réduire ces prix pour faciliter l’accès à l’automatisation des petites officines.

Espaces comptés

C’est donc avant tout une équation économique qu’il faut résoudre et les fabricants ont déjà le bon modèle à disposition, des usines qui produisent des robots standards, déjà rentabilisées. Il restait à trouver les produits les plus adaptés aux espaces comptés des petites officines. L’enjeu pour eux, c’est de gagner de la place sans sacrifier aux fonctionnalités qui font tout l’intérêt de la robotisation. Omnicell a fait le choix d’un système de chargement plus simple, moins automatisé, occupant de ce fait moins de place. Pour sa part, BD Rowa a supprimé l’un des deux côtés des étagères que l’on trouve d’ordinaire dans tous les autres robots. Dans l’un comme dans l’autre cas, ça n’enlève rien aux petites officines, elles n’ont pas besoin d’un chargement entièrement automatisé, ni d’une grande capacité de rangement. 6 000 à 8 000 boîtes leur suffisent quand de grandes officines ont besoin de traiter 15 000 à 20 000 boîtes. « L’enjeu technologique est plus faible, il y a moins d’entrées et de débit par jour et on va moins l’utiliser que dans une grande pharmacie », explique Vincent Deltour, directeur commercial de Meditech, qui dispose d’une offre commençant à 75 000 €. Le Rowa Smart de BD Rowa s’en trouve allégé, et n’occupe en largeur plus que 1,2 m contre 1,6 m. La longueur commence, selon les modèles, à 3,5 m.

D’autres prestataires, comme Gollmann Zwick, proposent des robots d’un peu moins de 3 m de longueur. Il est vrai que ce fabricant dispose d’une technologie de rangement qui le dispense d’utiliser un bras à l’intérieur du robot et gagne ainsi de l’espace. La hauteur est aussi susceptible d’être regardée de près, ça a été en tout cas l’un des critères de Dominique Birgand, titulaire de la pharmacie Birgand à Bouvron, en Loire-Atlantique, quand il a choisi voilà plus de trois ans son robot auprès de Gollmann Zwick. « Je suis allé voir d’autres collègues qui ont automatisé leur officine, et leur robot est parfois trop haut, il faut une échelle pour voir si un produit est coincé », explique-t-il. La hauteur de son robot est de 2,3 m, tout en abritant quelque 8 000 boîtes pour un espace au sol inférieur à 3m et équivalent à celui occupé par les anciennes colonnes tiroirs.

Le facteur ressources humaines

Pour Dominique Birgand, se lancer dans la robotisation de son officine, c’était bénéficier des avantages d’un robot, au-delà des préjugés que l’on peut encore en avoir. C’était surtout résoudre le problème de ressources qui se présentait. « Le coût de revient d’un robot est moindre que celui d’un salarié supplémentaire », souligne-t-il. Travaillant à deux dans l’officine, le titulaire était dans la « limite d’une nouvelle embauche », il lui a préféré un robot. Les prestataires confirment l’importance du facteur ressources humaines dans les décisions des petites officines. « Un salarié supplémentaire pour une petite officine est une vraie contrainte, beaucoup plus que pour les grandes », explique Emmanuel Zittoun, directeur France de Pharmathek. « Les petites officines en milieu rural dans des zones désertées sont confrontées à des problèmes de recrutement », ajoute Tangi Caron, responsable régional chez Gollmann Zwick. Autres avantages perçus par Dominique Birgand, le fait de passer plus de temps avec les patients grâce à celui gagné notamment sur le rangement, la possibilité de faire des inventaires immédiats et même la nette diminution de la poussière. « Il y a un seul inconvénient à l’automatisation, celui de ne pas avoir la vision matérielle du stock et d’observer s’il y a un trou quelque part, la commande nous échappe, c’est le robot qui décide », ajoute le titulaire qui dans l’idéal aurait souhaité une machine hybride, robot et automate à la fois, mais c’est trop cher selon lui.

Qui peut le plus, peut le moins

Il reste aux prestataires à trouver le bon accompagnement adapté à ces petites officines, ce qui ne présente pas de difficultés particulières, les enjeux techniques pour les grandes officines sont plus importants, qui peut le plus peut le moins… La nuance se situe sur une formation intensive de tous les membres du personnel, alors que dans une grande pharmacie les membres de l’équipe seront formés différemment. « En aucun cas, il ne faut les laisser seuls face à la machine », estime Emmanuel Zittoun. Pharmathek ne dispose pas d’une offre spécifique dédiée aux petites officines, mais le dirigeant affirme que d’emblée le fabricant à chercher à se positionner auprès d’elles, avec des dimensions notamment adaptées à leur demande. Il faut également adapter les coûts de maintenance et a priori ils seront moindres, dans le cas de BD Rowa, inférieurs à 490 € par mois, coût actuel. Meditech propose actuellement 325 € par mois, Omnicell 300 € par mois environ. Mais aussi prévoir des solutions de financement, Gollmann Zwick par exemple a un partenariat avec Pharmalease tandis que Pharmathek propose une solution globale de leasing, robot et maintenance compris, pour 1250 € par mois sur sept ans.

Hakim Remili

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3459