RÉPARTIS dans les trois grands halls du salon, les stands « institutionnels », et en premier lieu ceux de l’Association fédérale des pharmaciens (ABDA), présentaient leurs services et leurs activités « maison », et ont organisé de nombreux débats d’actualité. De plus, les officinaux qui le souhaitaient pouvaient s’y faire photographier par des professionnels, pour figurer ensuite sur des affiches publicitaires qui vanteront « la pharmacie de proximité ». Ces affiches font partie d’une grande campagne de communication nationale qui comprend aussi la diffusion de spots télévisés… Avec de vrais pharmaciens volontaires en guise d’acteurs.
Rayonnages virtuels.
Parmi les nombreux éditeurs de logiciels et d’outils connectés, la société Optimum Media propose des rayonnages totalement virtuels. Le client n’a plus qu’à regarder les écrans qui remplacent les produits, puis à poser son doigt sur les articles qui l’intéressent, pour obtenir une information complète… Et faire venir le médicament jusqu’au comptoir. Bien évidemment, précise un démonstrateur, c’est une employée de la pharmacie qui assiste l’acheteur dans son choix virtuel, il ne s’agit pas d’un self-service mais plutôt d’une aide à la vente, avec une adaptation permanente des écrans en fonction des moments et des besoins.
L’innovation se mesure aussi, d’année en année, avec les nouveaux logiciels de gestion qui associent la lecture de l’ordonnance, la délivrance et la facturation dans une même procédure, et les nouveaux commissionnaires plus performants et moins chers que leurs prédécesseurs. Aujourd’hui, explique par exemple la société Gollmann, vous pouvez charger le commissionnaire en vrac, sans même avoir à trier les boîtes, car il se charge de tout. Et, poursuit-il, ce qui était encore un luxe il y a quelques années devient désormais tout à fait abordable, et se rentabilise en deux ans maximum.
Applications pour smartphones.
Avec 10 millions d’exemplaires de sa revue « Apotheken Umschau » vendus par mois, l’éditeur Wort und Bild (le mot et l’image) est non seulement le leader incontesté des revues de clients distribuées dans les officines, mais aussi le deuxième plus gros tirage de toute la presse périodique allemande, juste derrière la revue de l’automobile-club ADAC. Cette année, Wort und Bild se lance dans les applications pour smartphones, offertes de manière personnalisée, propres à chaque officine, par les pharmaciens abonnés à leurs clients. L’application « je perds du poids », réalisée par des nutritionnistes, permet aux patients de mesurer exactement la valeur nutritionnelle de tous leurs aliments et de mieux équilibrer leurs repas. Surtout, les conseils de l’application peuvent être relayés et complétés par le pharmacien à l’officine, qui devient donc le « coach minceur » de ses clients. Une seconde application, consacrée elle aux mouvements et aux exercices physiques, est proposée elle aussi par l’éditeur, avec là aussi un « relais » personnalisé en officine. Les mêmes programmes peuvent être utilisés avec un ordinateur et une connexion Internet classique. Institution en Allemagne, Wort und Bild possède aussi, traditionnellement, l’un des plus beaux stands du salon, avec un grand chalet bavarois qui propose de la bière et des saucisses blanches, succulente spécialité régionale qu’aucun habitué d’Expopharm ne manquerait pour rien au monde.
Moins nombreux qu’autrefois, les laboratoires pharmaceutiques ont presque tous renoncé aux immenses stands qu’ils installaient jusqu’à ces dernières années pour faire connaître leurs nouveautés. Exception notable de l’édition 2014, les laboratoires Pfizer ont profité du salon pour y présenter leur nouvelle Esomeprazole en OTC, Nexium Control, qui fait d’ailleurs actuellement l’objet d’un lancement quasi simultané dans toute l’Europe. En revanche, les grossistes allemands et internationaux sont de plus en plus nombreux au salon, les pharmaciens étant en effet tenus d’importer un certain pourcentage de médicaments de l’étranger, afin d’en faire baisser les prix.
Marketing olfactif.
A côté des « grosses pointures », le salon permet de découvrir nombre d’exposants « tendance », plus ou moins proches de la pharmacie mais fortement attirés par ce secteur. Cette année par exemple, la pharmacie sera… Parfumée. Certes, l’entrée du « marketing olfactif » dans les officines ne date pas d’hier, mais le salon a rarement attiré autant de fabricants de senteurs et autres parfums, fraîchement ou suavement distillés par des diffuseurs électroniques. « On en vend de plus en plus, parce que quand la pharmacie sent bon, les gens y restent plus longtemps », explique un commercial de la société Voitair, tout en présentant une longue liste d’arômes naturels ou savamment élaborés. Et puisque l’on est dans le bien-être et le moelleux, autant y rester en savourant les superbes gâteaux à la crème présentés par la maison Zartgefühl… Mais attention, il s’ agit de savons et de cosmétiques en forme de pâtisseries, qui auront, en guise de consolation, l’avantage de ne pas gâcher la ligne de leurs acheteuses.
Comme il est bien connu que la pharmacie doit aussi attirer de nouvelles clientèles, elle se tourne désormais vers le monde du tatouage, qui réunit il est vrai, de manière plus ou moins discrète ou ostentatoire, plus de 6 millions d’Allemandes et presque autant d’Allemands. La société « Tattoo med » a invité des tatoueurs célèbres à exercer leur art sur son stand, tout en faisant connaître ses produits aux pharmaciens. Elle propose trois crèmes, lotions et gels destinés aux soins de la peau immédiatement après le piercing ou le tatouage, puis aux soins de long terme permettant de protéger les couleurs. « Quand on investit plusieurs milliers d’euros dans un tatouage artistique, on veut qu’il dure longtemps et on est prêt à l’entretenir régulièrement pour cela », explique le directeur commercial de la société qui, en travaillant désormais avec les pharmaciens, répond à une demande de qualité et de sécurité souvent exprimée par les amateurs de tatouage. Et comme le monde du tatouage est souvent proche de l’univers « vegan », les produits proposés répondent bien entendu à cette exigence, tant dans leur élaboration que dans leur contenu.
Un « médicament contre les douleurs fiscales ».
Tout aussi tendance, mais dans un autre genre, les sociétés de gestion et de conseil fiscal étaient elles aussi très présentes sur le salon, d’autant que la complexité de ces domaines ne cesse d’augmenter. Avec humour, le fiscaliste « ETL » offrait un « médicament contre les douleurs fiscales », en réalité un étui de dix comprimés à la menthe présentés sous blister et emballage pharmaceutique, la posologie en cas de « colère, stress, insomnie due aux impôts » étant tout simplement de prendre d’urgence contact avec lui.
Enfin, et même si ce secteur est loin d’être en expansion dans le contexte économique actuel, les nombreux fabricants d’accessoires et autres gadgets et cadeaux pour pharmacies continuent de faire les beaux jours d’Expopharm : les pharmaciens, pour fidéliser leur clientèle, lui offrent des calendriers et des médailles, tandis que les poupées père Noël faisant du ski ou du vélo et autres peluches animées et musicales, d’un goût plus ou moins sûr, peuplent souvent leurs vitrines au moment des fêtes de fin d’année.
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