Malgré l’intérêt médical évident de ces traitements, le recours aux médicaments d’automédication est beaucoup moins développé en France que chez nos voisins européens : 25 % du marché en Europe contre 12 % seulement en France (1) Ces chiffres s'expliquent notamment par le fait que notre système de Sécurité sociale couvrant la majorité des coûts liés au médicament, le remboursement est souvent considéré, à tort, comme le seul indicateur d'efficacité. La marge de développement de l’automédication est donc significative, de nombreuses molécules actuellement délivrées sur ordonnance en France ne l’étant plus dans les autres pays européens.
Le pharmacien, en raison de sa légitimité historique et de sa proximité géographique, joue un rôle essentiel dans le développement d’un parcours de santé optimisé pour les patients français. Dans un contexte marqué par le vieillissement de la population, le développement des pathologies chroniques et des polypathologies, la désertification médicale, la diminution de la durée de consultation et la réorganisation nécessaire des soins, le pharmacien d’officine est un acteur clé de l’accès aux soins de premiers recours.
Aujourd’hui, le pharmacien d’officine assure d’ores et déjà des missions de santé dans le but de favoriser l'amélioration ou le maintien de l'état de santé des personnes (2). Déjà présent dans la vaccination, les entretiens pharmaceutiques, les bilans de médication, il a montré que son rôle était essentiel dans la prise en charge des pathologies du quotidien ne nécessitant pas une consultation médicale. Dans les faits, un Français sur deux demande déjà conseil à son pharmacien pour des pathologies bénignes (3). Par ailleurs, les Français sont déjà 80 % à déclarer avoir recours à l’automédication, un médicament sur sept vendus en pharmacie étant par ailleurs un médicament d’automédication (4).
Reconnaître la place du pharmacien d’officine comme point de référence en matière de santé des Français, par sa mission de conseil et d’accompagnement, semble un point fondamental de l’évolution de notre système de santé et des comportements des patients français dans les prochains mois et années.
À l’heure où, selon les médecins, 16 % (soit 38 millions) des consultations médicales pourraient faire l’objet d’un conseil en officine (4), le développement de l’automédication dans le cadre d’un parcours de santé optimisé permettrait un accès plus large et plus rapide à certains médicaments de prescription médicale facultative.
Développer l’automédication responsable pour des pathologies ne nécessitant pas systématiquement de consultation médicale en s’appuyant sur le conseil avisé du pharmacien irait dans le sens de ces missions tout en permettant de répondre à un enjeu majeur de notre système de santé, à savoir un meilleur accès à des soins de proximité et de qualité. Mais, pour que l’automédication responsable se développe en France, tous les maillons de la chaîne (autorités de santé, entreprises de santé, médecins, pharmaciens, patients) doivent collaborer. Ma volonté est de travailler avec toutes ces parties prenantes pour mettre en place un parcours de soins qui permettra de développer l’automédication responsable en répondant aux attentes et aux préoccupations de tous.
(1) AFIPA. Observatoire européen 2018 sur l’automédication.
(2) art 38 Loi HPST (attendu depuis 9 ans) paru au « JO » le vendredi 5 octobre 2018.
(3) AFIPA - Baromètre sur le libre-accès 2013 - étude UPMC, mai 2013.
(4) AFIPA. « Les Français, les médecins généralistes et l’automédication responsable », étude Ipsos, décembre 2015.
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