L’annonce par le Premier ministre, lors du Conseil stratégique des Industries de Santé (CSIS) du 10 juillet dernier, de mesures de nature à renforcer l’attractivité et la compétitivité de la France pour les investissements en santé, avait pourtant donné le sentiment d’une convergence des deux approches.
Simplification des mesures de régulation, réduction des délais d’accès des patients aux innovations thérapeutiques, accélération des procédures d’autorisation des essais cliniques, ouverture du régime de l’ATU aux extensions d’indication et aux médicaments déjà sous AMM… Les décisions annoncées lors de CSIS, innovant sur la méthode et le contenu, apparaissaient comme la manifestation tangible de la reconnaissance par les pouvoirs publics de la contribution essentielle à l’innovation et au progrès thérapeutique des entreprises de santé à la croissance économique du pays (investissements, exportations).
La réalité du PLFSS pour 2019 est plus sombre, avec un montant d’économies sur le médicament sensiblement égal à celui de l’année dernière, année déjà particulièrement pénalisante pour les entreprises du médicament. L’absence de concertation préalable sur certaines mesures contenues dans ce PLFSS contredit l’esprit du CSIS.
Un engagement collectif
Avec les pharmaciens d’officine, nous partageons les mêmes maux : mécanismes de régulation lourds et complexes, mutation rapide du marché et évolution des métiers, instabilité réglementaire…
Nous sommes confrontés aux mêmes défis : le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques, la diffusion des innovations thérapeutiques, l’émergence de solutions globales de santé, les opportunités offertes par le conseil et le parcours pharmaceutique, et enfin la digitalisation et la gestion des données de santé…
Et, surtout, nous sommes engagés dans les mêmes combats. Le premier combat qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui du bon usage du médicament. De 2015 à 2017, le Leem a contribué, avec les acteurs du médicament – dont les pharmaciens d’officine - réunis au sein du « Collectif Bon Usage du médicament », à un vaste programme de lutte contre la iatrogénie médicamenteuse chez les patients âgés.
La vaccination contre la grippe franchit une nouvelle étape cette année avec l’extension de l’expérimentation par les pharmaciens d’officine dans 4 régions françaises Je le dis ici avec conviction : les entreprises du médicament soutiennent toutes les mesures qui visent à favoriser la couverture vaccinale préconisée par les autorités.
Enfin, nous partageons la responsabilité d’assurer aux patients une chaîne de distribution du médicament efficace et sûre. C’est un engagement collectif, en particulier pour répondre aux phénomènes grandissants de ruptures d’approvisionnement de médicaments. À l’instar des pharmaciens d’officine, les entreprises du médicament restent extrêmement mobilisées pour faire face à cette situation en lien avec l’ANSM. Si les causes sont multifactorielles, les réponses doivent être apportées par chacun des acteurs concernés. Les industriels ont l’obligation de signaler précocement les ruptures à l’ANSM, et d’instaurer des mesures de prévention et de gestion pour les Médicaments d’Intérêt Thérapeutique Majeur (MITM). Je tiens d’ailleurs ici à reconnaître le rôle du DP Rupture qui a amélioré la communication entre les acteurs, avec plus de 95 % des signalements des officines aux laboratoires qui obtiennent des précisions sur la durée prévisionnelle de la rupture et les alternatives disponibles.
Je voudrais, en conclusion, m’attarder sur l’aboutissement d’un chantier qui a mobilisé tous les acteurs de la production à la dispensation des médicaments de prescription obligatoire. Dans le cadre de la lutte contre le trafic de faux médicaments, la directive européenne relative aux médicaments falsifiés, adoptée en 2011, prévoit la mise en place au 9 février 2019 de la sérialisation à la boîte tout au long du circuit du médicament, afin d’assurer la traçabilité complète de chaque produit, et de vérifier son authenticité. Loin d’être une simple adaptation, la sérialisation des médicaments est un changement organisationnel d’une ampleur inédite. Je veux croire en la capacité des différents acteurs pour être prêt le 9 février 2019. Car n’oublions pas que c’est le patient qui, in fine, bénéficiera, grâce à cette technologie, d’un accès encore plus sécurisé aux médicaments de qualité au sein de l’Union européenne.
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