LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Le marché français du générique est-il arrivé à maturité ?
CLAUDE LE PEN.- Oui et non ! Tout dépend en réalité du sens dans lequel s’entend le terme maturité. D’un point de vue psychologique, il semble désormais incontestable que le marché français du générique est arrivé à maturité. Ces médicaments sont globalement acceptés par l’ensemble des acteurs et donc bel et bien inscrits de manière indélébile dans le paysage médical et thérapeutique hexagonal. En clair, les polémiques qui ont accompagné l’arrivée des génériques sont derrière nous. D’un point de vue strictement économique, en revanche, le marché français du générique est encore en devenir et devrait donc continuer de croître.
Quelles sont les perspectives de croissance à court et moyen terme ?
Globalement, la croissance du marché s’appuiera sur une extension du répertoire. La chute prochaine (ou récente) dans le domaine public de grosses molécules, telles Inexium, Tahor ou Plavix va ainsi contribuer à faire croître, en valeur absolue, le marché français du générique. En revanche, il serait déraisonnable de penser, qu’au sein du répertoire, tous les médicaments dispensés seront des génériques. Bien que le répertoire soit une spécificité française, dans tous les pays les princeps continuent en effet toujours d’exister à hauteur, au moins, de 15 % à 20 % de chaque classe thérapeutique. Le débat actuel sur le niveau et l’évolution du taux de substitution relève donc plus d’une logique syndicale qu’économique. Il serait néanmoins judicieux de s’interroger sur l’opportunité de faire évoluer la politique française en supprimant le répertoire et en autorisant la substitution à partir de la dénomination commune internationale (DCI) d’un médicament génériqué. Dès lors se pose la question de l’opportunité de maintenir la liste de la CNAM. De même faudrait-il s’interroger sur l’intérêt d’inclure dans les objectifs de substitution des groupes sans générique.
Les avantages consentis aux pharmaciens d’officine se justifient-ils encore ?
A l’heure où la recherche d’économies semble prioritaire, s’interroger sur la raison même des largesses accordées aux officinaux peut se révéler logique. D’autant que la mise en place des CAPI correspond à une volonté de redistribuer les cartes. Mais il ne faut pas oublier que diverses mesures ont déjà changé la donne. Depuis l’époque où les pharmaciens ont accepté d’être les artisans du développement du marché des génériques en France, en contrepartie d’une atténuation des effets de la marge dégressive lissée (MDL), les baisses de prix, puis la loi Châtel ont ainsi contribué à réduire le poids des génériques sur l’économie de l’officine. Les premières ont en effet eu pour conséquence de faire baisser, en valeur absolue, la marge des officines ; et la seconde a plafonné l’ensemble des remises légales. Le générique n’est donc plus, d’ores et déjà, la même manne pour les pharmaciens qui n’en restent pas moins les acteurs centraux. Quant à céder à la tentation de fixer un prix par classe thérapeutique, cette tentation ne repose sur aucun fondement économique mais répond à un engagement philosophique : payer uniquement un résultat médical, sans tenir compte du droit de propriété.
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