FORMULE emblématique de la cosmétique exotique, presque un symbole, le monoï est à lui seul une invitation au voyage. Quelques tours pour dévisser le bouchon, les narines à portée d’effluves et nous voilà transportés ailleurs, instantanément. Et ici, l’éveil des sens est légitime. Car la fameuse huile parfumée, estampillée Appellation d’Origine (AO), ne peut être qu’authentique si l’on considère ses composants et procédé de fabrication : le monoï de Tahiti est obtenu après macération pendant plusieurs jours de fleurs de Tiaré dans de l’huile de coprah (12 fleurs pour un litre d’huile) extraite de noix de coco récoltées en Polynésie française. Question exotisme, on ne peut pas mieux faire ! Les propriétés hydratantes, protectrices et réparatrices de l’huile, son parfum unique et l’univers enchanteur auquel elle renvoie, fondent bien sûr l’identité de plusieurs marques cosmétiques. Hei Poa (groupe Batteur) a fait de la préparation sa formule phare, présentant toute une ligne de soins traditionnels, monoï de Tahiti AO aux multiples fragrances de vanillier, frangipanier, coco, pamplemousse… Autre marque au nom directement inspiré des îles paradisiaques, les soins solaires Polysianes (Klorane) ont basé leur formule sur le monoï de Tahiti auquel sont associés des actifs issus du Morinda, un fruit des tropiques aux vertus antiradicalaires. Des soins sublimateurs pour le corps, aux teintes nacrées, participent également au rêve que contribue à créer le monoï par sa simple évocation.
Plusieurs grands noms de la dermocosmétique ont élaboré toute leur gamme à partir d’actifs venus d’ailleurs. Même si cela reste insoupçonnable. C’est le cas de Mustela Bébé (Expanscience) qui a exploité les propriétés des sucres rares présents dans l’avocat pour formuler tous ses soins.
Une voie de différenciation.
En provenance d’Afrique du sud, du Mexique et du Pérou, les avocats ne sont pas utilisés que pour leurs sucres. Ils abritent également des lipides et des protéines qui ont des applications thérapeutiques et servent des domaines très différents comme la rhumatologie. « Nous sommes toujours à la recherche de diversité moléculaire et de nouveaux modes d’actions », remarque Sophie Leclere-Bienfait, responsable Innovation et Développement des actifs cosmétiques au sein des laboratoires Expanscience. « Cultiver des végétaux dans un territoire lointain, c’est une chance d’obtenir une voie de différenciation des actifs ». Car les conditions de croissance d’une plante vont influer sur sa nature et la teneur de ses composants. Un plus ou moins grand ensoleillement, par exemple, conditionne le taux de sucres dans les fruits. « La croissance d’une plante dépend de facteurs très variés : la température, le soleil, le vent, la nature du terrain, les micro-organismes et la faune qui peuvent agresser les plantations… De ces conditions de développement va naître une composition spécifique qui leur sera propre et intimement liée à leur lieu de vie ».
Les graines issues des gousses de l’acacia présent au Burkina Faso ont ainsi retenu l’attention du laboratoire. « Quand une plante se défend, elle développe souvent des propriétés intéressantes pour l’homme ». C’est le cas de l’acacia qui pousse en zone semi-désertique et dont les molécules ont montré une activité très particulière en matière d’hydratation de la peau. « C’est une des voies d’exploitation possibles d’Aqualicia, notre nouvel actif mis très récemment sur le marché ».
La terre et ses conditions climatiques ne sont pas les seules à mener la vie dure aux végétaux. La mer ne s’en prive pas, produisant sur la base des mêmes causes, les mêmes effets. La privation d’eau qu’engendre la succession des marées montantes et descendantes a ainsi accoutumé certaines algues des côtes bretonnes à retenir le précieux liquide dans leurs cellules. Des propriétés parmi bien d’autres que les laboratoires Science & Mer ont transféré à l’épiderme humain notamment par le biais d’une ligne de soins pour le visage et le corps. « Les principes actifs issus de l’algue bleue (spiruline) sont capables de stimuler la production de collagène et d’élastine de la peau tout en la protégeant des facteurs d’agression comme la pollution, les radicaux libres », explique Christine Claverie, dirigeante du laboratoire.
Puissance et rêve.
Les autres variétés d’algues exploitées pour leur effet sur l’épiderme sont l’algue rouge ou mastocarpus aux vertus protectrices, les algues brunes comme la laminaire des profondeurs qui favorise l’hydratation et la reminéralisation ou le fucus que la marée dépose sur le sable, connu pour ses vertus amincissantes… « Ces composants marins sont efficaces comme le prouvent nos tests cliniques mais ils offrent en plus une légèreté aux textures et un effet très frais », poursuit Christine Claverie. Autant d’atouts que les valeurs de l’univers marin viennent renforcer pour, au final, doter la gamme d’une identité forte et très particulière. « Sur le marché des produits naturels, où nous nous positionnons, les actifs marins sont très recherchés et constituent un segment qui se développe rapidement ».
Élément à part entière du discours des marques, la provenance des extraits utilisés dans les formules joue un rôle indéniable pour leur image. La distance, la singularité du lieu d’où ils sont issus forment un socle sur lequel une gamme peut s’élever pour véhiculer facilement des valeurs de rareté, de puissance associée à la nature, sans omettre de nourrir une part de rêve propre à chaque univers lointain. Et l’imaginaire est poussé loin chez Weleda qui sélectionne ses plantes en fonction de leurs actifs mais aussi de leur adéquation avec un certain profil de clientèle. La grenade de Turquie, évolutive, sensuelle et orientale, symbole de beauté et de fécondité, a été choisie par la marque pour les similitudes qu’elle présente avec la femme mature dont l’épanouissement s’est forgé tout au long de son parcours. Le fruit est exploité dans une gamme de soins régénérants pour le visage et le corps. La rose musquée cultivée au Chili, la rose de Damas produite en Turquie mais aussi en Bulgarie et au Maroc sont d’autres plantes phare mises en œuvre par Weleda pour leurs propriétés mais également pour le sens qu’elles apportent aux soins. On trouve ces références aux terres lointaines dans bien d’autres gammes comme celle de la marque Lift’Argan (Léa Nature) qui puise dans l’arganier, la figue de barbarie ou le dattier du désert, des huiles aux vertus anti-âge.
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