FRÉDÉRIQUE Hébrard ne le savait sûrement pas mais, lorsqu’elle écrivit cette scène de « La demoiselle d’Avignon » en 1972 dans laquelle son héroïne pratique une opération de trachéotomie en suivant les instructions d’un médecin à la télévision, l’écrivain nous offrait en avant-première ce qu’on appelle aujourd’hui la télémédecine. Toutes les problématiques étaient réunies : un trouble respiratoire engageant le pronostic vital, l’absence de médecin sur place, et un site inaccessible en raison d’une tempête de neige. Scène de fiction il y a quarante ans, la télémédecine est devenue aujourd’hui le quotidien dans certaines régions du globe terrestre.
En Guyane par exemple, la télémédecine s’est imposée, ou plutôt c’est la configuration géographique et démographique qui a imposé la télémédecine. Département atypique par sa taille (86 000 km2), par son climat et par la présence de la forêt tropicale sur 96 % du territoire, la télémédecine a permis de dépasser les contraintes naturelles et de développer l’offre sanitaire dans les communes isolées. Le réseau de télémédecine permet de relier le centre hospitalier de Cayenne et les centres délocalisés de prévention et de soins. Utilisée en dermatologie, en cardiologie, en pédiatrie, en gynécologie, la télémédecine s’ouvre aujourd’hui à de nouveaux domaines tels que la néphrologie et la mise en place d’une unité de dialyse télé surveillée à Saint-Laurent de Maroni (situé à plus de 250 km au nord de Cayenne). D’un point de vue technique, l’équipement se résume à une valise utilisant la technologie satellitaire pour assurer la liaison téléphonique et le transfert de documents essentiels au diagnostic tels que les photos, les échographies et les ECG.
La technologie soumise à des conditions extrêmes.
La valise de télémédecine est un dispositif transportable, l’objectif étant de pouvoir l’utiliser partout, même au cours d’un périple. La performance n’est pas suffisante. L’outil doit aussi être robuste afin de supporter les épreuves subies au cours du voyage. En Guyane, c’est l’humidité et la chaleur qui peuvent compromettre le fonctionnement de cette valise tandis que dans d’autres régions, c’est le froid, la glace, le sable ou la pression. D’ailleurs, certaines expéditions ou compétitions sportives sont l’occasion pour les fabricants de tester leur matériel, de recueillir les données d’utilisation en conditions réelles afin de l’améliorer. L’expérience la plus médiatisée fut celle d’Arnaud Boissières lors du précédent Vendée Globe (2012). Le skipper disposait à bord de son bateau d’une mallette contenant différents dispositifs d’auscultation et de diagnostic (stéthoscope, tensiomètre, thermomètre, électrocardiographe). Autre exemple, celui du logiciel de télésanté MEDITRIP développé par MEDES (Institut de médecine et de physiologie spatiale) et testé par deux Français embarqués dans un Paris-Bangkok en vélo, au profit de l’association Handichien (opération « nos rayons pour un soleil »).
Vers une utilisation démocratisée.
Fort de son expérience dans le domaine spatial et satellitaire, le CNES (Centre national d’études spatiales) contribue aujourd’hui à faire bénéficier le grand public des outils initialement destinés aux spationautes. C’est d’ailleurs lui qui a permis de développer, en partenariat avec le CH de Cayenne et l’ARS de Guyane, la téléconsultation dans ce département français d’Amérique. Aujourd’hui, il existe plusieurs modèles de valises de télémédecine, qui offrent toutes la possibilité d’acquérir et de transmettre des données nécessaires à l’établissement d’un diagnostic à distance et à la mise en place rapide d’une stratégie thérapeutique. La fiabilité de ces systèmes est un aspect essentiel, tout comme la confidentialité des informations qui doit être garantie. L’autre atout majeur est la traçabilité des données. La plupart des valises disponibles contiennent un micro-ordinateur et un logiciel interfacé pour la téléconsultation, des dispositifs d’enregistrement d’ECG (électrodes), un appareil photo numérique permettant une qualité d’image optimale, un tensiomètre, un thermomètre électronique, un test de glycémie, un oxymètre de pouls et un GPS permettant la localisation de l’individu. Selon les besoins, au cas par cas, d’autres dispositifs peuvent être ajoutés comme un spiromètre, un otoscope et un stéthoscope. La technologie bluetooth est utilisée pour simplifier la saisie des données dans l’ordinateur (transfert des photos numériques par exemple). Enfin, ces valises portables sont conçues pour être utilisées par des non professionnels de santé. Une courte formation préalable est néanmoins recommandée.
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