Dès l’Antiquité, on avait remarqué que les personnes atteintes une première fois de certaines maladies infectieuses ne l’étaient pas une deuxième fois.
Mais c’est au XVe siècle que les Chinois eurent l’idée de se protéger contre la variole en inhalant des croûtes purulentes ou en portant des vêtements de malades. Même si la méthode était risquée, la pratique de la « variolisation » d’homme à homme se répandit jusque dans plusieurs Cours d’Europe car elle était globalement bénéfique et limitait l’évolution des épidémies. Elle se perfectionna avec l’usage de la voie intradermique puis, vers 1760, l’ajout d’un antiseptique pour diminuer la charge virale de l’inoculation.
Jenner avant Pasteur
À la fin du XVIIIe siècle, Edward Jenner fait une découverte importante. Ce médecin de campagne anglais constate qu’une maladie bénigne des vaches, la vaccine, ressemble à la variole et que les fermières en contact régulier avec les vaches sont protégées lors des épidémies de variole. Pour en avoir le cœur net, il transmet la vaccine à un enfant via de petites incisions dans la peau puis lui inocule la variole. Les comités d’éthique n’existaient pas… L’enfant ne développe pas la maladie et le nom de vaccination est alors donné à cette méthode qui connaît un énorme succès. Mais c’est avec la compréhension de l’origine microbienne des maladies transmissibles que les concepts de vaccination franchissent une nouvelle étape dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Louis Pasteur, docteur en sciences, démontre tout d’abord que des cultures « vieillies » de bactéries responsables du choléra des poules et du charbon des ovins et des bovins peuvent préserver les animaux de ces maladies mortelles. En hommage à Jenner, il nomme « vaccins » ces souches « affaiblies ». Il vient d’inventer le vaccin atténué. C’est en suivant la méthode de l’atténuation de la virulence microbienne que Pasteur imagine le vaccin contre la rage quelques années plus tard, en 1885. Tous les Français connaissent l’histoire du petit berger alsacien mordu par un chien enragé… L’apport majeur de Pasteur est de proposer un vaccin comme moyen préventif mais aussi curatif. Par la suite, il se rend compte que le virus utilisé n’est pas atténué mais détruit, ce qui ouvre la voie à des vaccins à base de microbes tués ou de fragments de microbes.
Des « pasteuriens » comme Émile Roux et Alexandre Yersin poursuivent l’œuvre du maître et montrent que ce sont les toxines sécrétées par la bactérie responsable de la diphtérie qui rendent la maladie redoutable. Cette observation est rapidement étendue au tétanos, puis les chercheurs du laboratoire berlinois dirigé par Robert Koch et Emil von Behring découvrent comment le corps se protège de ces maladies : en fabriquant des « antitoxines », autrement dit des anticorps. Dans les années 1920, un vétérinaire de l’Institut Pasteur de Paris, Gaston Ramon, montre que les toxines de la diphtérie et du tétanos inactivées par du formol conservent leur capacité à induire une immunité. Il découvre également l’effet adjuvant des composants d’amidon avant que des chercheurs britanniques et allemands obtiennent des résultats supérieurs avec l’hydroxyde d’aluminium, largement utilisé par la suite.
L’essor des vaccins génétiques
Un vaccin contre la fièvre jaune apparaît dans les années trente, puis l’Américain Jonas Salk met au point le premier vaccin contre la grippe (grâce à des virus atténués cultivés sur du liquide purifié d’œuf de poule) qui sera utilisé à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour protéger les soldats américains. Vingt ans plus tard, il réalise le premier vaccin injectable contre la poliomyélite, issu cette fois d’une culture du virus en milieu synthétique. C’est également dans les années 50-60 que voient le jour les vaccins à plusieurs valences, notamment les vaccins trivalents DTP et ROR.
Mais c’est avec l’apport du génie génétique que les vaccins se multiplient à partir des années quatre-vingt : contre l’hépatite B, les pneumocoques, les méningocoques A et C, l’Hæmophilus influenzae de type b puis, en 2006, contre les infections à Papillomavirus humain. Des vaccins récents comme Sinovac sont inactivés mais l’avenir est aux vaccins génétiques, à ADN (contre le virus Ebola et le Covid-19) ou à ARN messager, très étudiés en cancérologie, déjà utilisés en médecine vétérinaire et maintenant contre le Covid-19. Cela dit, les vaccins à base de protéines recombinantes, avec adjuvant, dont la technologie est éprouvée (vaccin contre l’hépatite B, certains vaccins contre la grippe saisonnière), sont d’actualité. Ainsi, le vaccin anti-Covid-19 développé par Sanofi Pasteur-GSK est en phase 3. Ils sont en effet faciles à fabriquer en grandes quantités et se conservent à température normale.
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