La santé sexuelle et le digital vont-ils bien ensemble ? Autant le digital compose plutôt facilement avec la sexualité, des centaines d’applications existent sur Google Play et Apple Store, autant il se montre plus hésitant face au concept de santé sexuelle. Quel est le mot le plus important dans cette expression : santé ou sexualité ? Plus on tire vers le second, plus facile est le projet digital, plus on va vers le premier, plus il est difficile. Si l’on prend l’expression santé sexuelle stricto sensu en évoquant uniquement les maladies sexuellement transmissibles, là, il y a peu d’applications. D’abord parce qu’une application en elle-même ne suffit pas à embrasser le problème dans sa globalité. C’est très vrai du SIDA, dont la gravité nécessite d’aborder le sujet de façon plus large : une application oui, mais pas seulement.
C’est ainsi que la société Aadiss a conçu un projet nommé WeFlash pour les patients atteints du VIH qui vise à faciliter la réduction des risques et leur prise en charge par les professionnels de santé, notamment dans le cadre de la PreP. « L’accès à une consultation de PreP n’est pas facile et la vocation de WeFlash est de faciliter le dépistage pour une prise en charge la plus rapide possible et réduire ainsi les risques de transmission du virus », explique Monelle Muntlak, chargée de la communication chez Aadiss. Le projet WeFlash repose sur un site Web, des interfaces Web avec les soignants, reliées à une application mobile destinée aux patients. L’un des avantages de cette dernière est la notification anonyme possible en cas de contamination d’un partenaire sexuel. Ce projet, soutenu par les pouvoirs publics, est cependant en attente de financements complémentaires pour pouvoir être lancé en bonne et due forme.
Parler de santé sans parler maladie
Très ciblée également, l’application Quiss, orientée vers les jeunes pour les informer sur le SIDA et toutes les IST. « Malgré toutes les informations disponibles sur Internet, les connaissances des jeunes vis-à-vis du SIDA et des IST restent très faibles », explique Caroline Broqua, responsable solutions et partenariats institutionnels de Janssen. Le laboratoire leur propose donc depuis deux ans l’application mobile Quiss, qui, sous forme de différents quizz, leur permet de s’informer sur toutes ces maladies. « Elle permet de parler de santé sexuelle sans toutefois parler de maladie », précise Caroline Broqua. Quiss s’est enrichie depuis et propose une vingtaine de thématiques dont certaines dépassent largement le cadre des IST, l’hygiène sexuelle par exemple. Signalons que ces deux solutions digitales, WeFlash et Quiss ont été réalisées avec la collaboration essentielle, voire l’impulsion, de médecins et d’établissements hospitaliers. Toujours dans cet esprit de complémentarité, Caroline Broqua cite le site Web « Speach bot », un chatbot d’éducation sexuelle destiné aux 15-25 ans, avec notamment des thématiques qui abordent la santé sexuelle.
Mieux maîtriser le cycle menstruel
Au-delà de ces projets à la fois très ciblés, mais faisant intervenir plusieurs technologies ou médias et plusieurs acteurs, les applications relatives à la santé sexuelle pullulent sans pour autant qu’on soit bien sûr de leur efficacité. En l’absence de labels, c’est un peu la jungle. Sur les deux grands « stores » Google et Apple, les avis des utilisateurs permettent d’y voir un peu plus clair. C’est net pour toutes les applications relatives à la contraception féminine, puisque le digital peut aider les femmes à mieux maîtriser leur cycle menstruel. Parmi les applications les plus connues, Lady Pill Reminder et Pill’Oops, cette dernière est conçue par le planning familial.
Centrées sur la prise régulière de la pilule et les rappels de prise, elles apportent aussi de nombreux conseils. Il faut noter cependant que certaines utilisatrices ont laissé leurs commentaires sur Google Play indiquant que les systèmes de rappel de prise ne fonctionnent pas toujours bien. Même si le nombre de ces utilisatrices est sans doute peu représentatif au regard du nombre de téléchargements de ces applications, la récurrence de ces critiques signale néanmoins l’existence d’un vrai sujet pour ces applications.
À l’inverse, l’application Clue recueille des avis positifs. Cette application d’origine allemande, mais disponible en Français, ne se définit pas comme une aide à la contraception mais beaucoup plus comme un outil destiné à améliorer la santé sexuelle des femmes avec bien sûr le suivi du cycle menstruel, mais aussi ce qu’il faut pour bien comprendre et suivre son impact sur leur santé globale et sur leurs capacités de reproduction, planifier une grossesse par exemple.
Autre application qui peut être intéressante et plutôt appréciée pour son impact sur la santé sexuelle en général, Entraîneur Kegel Sex Exercices, qui permet de renforcer les muscles pelviens et renforcer ainsi son périnée. Utile pour les femmes, mais aussi pour les hommes qui en matière de santé sexuelle sont souvent confrontés aux dysfonctionnements érectiles pour lesquels il existe certes beaucoup d’applications sur les store, mais très peu en Français.
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