Le virus Zika affole la planète. À tel point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé d’instaurer un état d’urgence de santé publique de portée internationale. Il faut dire que l’épidémie s’étend à vitesse grand V en Amérique du Sud et en Amérique centrale. Au total, des cas ont été relevés dans 26 pays et territoires de la région.
La France n’est pas épargnée. La Martinique et la Guyane viennent en effet de rentrer en phase épidémique, tandis que des cas ont été observés en Guadeloupe et à Saint Martin. En Métropole, les seuls cas recensés pour le moment sont importés (9 depuis le début de l’année).
« La saison hivernale actuelle n’est pas propice au développement des moustiques en Métropole et il n’y a donc pas aujourd’hui de risque épidémique dans l’Hexagone », a précisé la semaine dernière la ministre de la Santé, Marisol Touraine. En effet, le Zika est transmis par l’intermédiaire d’une piqûre de moustique du genre Aedes. Mais des cas de transmissions sexuelles sont suspectés. Ce qui changerait considérablement la donne.
Des moustiques pas chics
Pour l’instant, seule la transmission par un moustique est attestée au niveau international. Plus précisément, les vecteurs attitrés du virus Zika sont Aedes aegypti et Aedes albopictus, les mêmes qui propagent la dengue et le chikungunya, tous deux responsables de récentes épidémies de forte ampleur.
Les deux maladies présentent des symptômes similaires : fièvre élevée (supérieure à 38,5 °C), frissons, maux de tête, courbatures ou douleurs articulaires, pouvant être intenses. La dengue, le plus souvent bénigne, même si elle est invalidante, peut se compliquer de formes graves. Sa forme hémorragique est rare (1 % des cas) mais est très sévère. Les formes compliquées de chikungunya étaient quant à elles exceptionnelles jusqu’à l’épidémie de 2005 survenue sur l’Île de la Réunion au cours de laquelle des atteintes neurologiques graves ont été observées.
L’infection au virus Zika est généralement bénigne, asymptomatique dans 70 à 80 % des cas (voir également « le Quotidien » du 4 février). Comme pour la dengue et le chikungunya, les symptômes, quand il y en a, sont de types pseudo-grippaux, avec toutefois une particularité : une irruption cutanée. Mais l’épidémie de 2015 a fait apparaître des formes plus graves, le virus Zika étant suspecté d’être à l’origine de syndromes de Guillain Barré (atteinte des nerfs périphériques) et de microencéphalies fœtales. Cependant, rien n’est encore définitivement prouvé.
Encore peu de données
« Les données sont très faibles à ce sujet, explique dans « le Quotidien du Médecin » Anna-Bella Failloux, entomologiste et directrice de l’unité de recherche « Arbovirus et insectes virus » à l’institut Pasteur. C’est la priorité de recherche. Jusqu’à ce que les cas de microencéphalies ressortent au Brésil compte tenu de l’ampleur de l’épidémie, peu de cas graves étaient rapportés. »
L’entomologiste ajoute : « Le rôle des co-infections virales est évoqué. Les deux espèces d’Aedes sont capables de transmettre chacun trois virus, la dengue, le chikungunya et le Zika. Le moustique est capable de transmettre en même temps la dengue et le chikungunya. Il reste aujourd’hui à prouver la co-transmission du Zika avec la dengue ou le chikungunya, voire les trois simultanément. »
Quant à une propagation de l’épidémie à la France métropolitaine, Anna-Bella Failloux n’écarte pas cette éventualité. Dès lors que le moustique albopictus est présent sur le territoire français (dans une trentaine de départements), « si un sujet malade arrive en métropole en plein été, la transmission devient théoriquement possible », indique-t-elle. D’ailleurs, en 2010, deux cas autochtones de chikungunya ont été recensés dans le Var. La même année, deux cas de dengue ont été détectés à Nice.
En attendant, c’est à l’arrivée d’un autre virus à laquelle l’Hexagone se prépare. L’Institut de veille sanitaire (InVS) a ainsi annoncé que l’épidémie de grippe s’est installée désormais sur l’ensemble du territoire. On l’oublie souvent, mais la grippe saisonnière est mortelle. L’épidémie 2014-2015 a fait plus de 18 000 décès en France.
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