Le jeûne se définit par la privation volontaire de toute nourriture. Depuis près d'un siècle, les scientifiques s'intéressent aux effets sur la santé de cette abstention totale de prise alimentaire durant une période donnée. Les recherches sur la question ont, aujourd'hui, bien évolué. À tel point que certains utilisent les termes de jeûne thérapeutique. « Le qualificatif " thérapeutique " ne devrait pas être employé car il suggère, d'emblée, que le jeûne est recommandé au même titre que les thérapeutiques qui ont formellement montré leur efficacité. Or, nous ne disposons pas, à ce jour, de recommandation pour utiliser le jeûne comme thérapeutique, même s’il existe des études sur ce sujet, notamment dans le domaine des cancers », souligne le Pr Boris Hansel, nutritionniste-endocrinologue à l'hôpital Bichat et rédacteur en chef de la chaîne santé de l’Université de Paris PuMS (1) sur Youtube.
Néanmoins, une chose est sûre : le fait de restreindre les apports alimentaires augmente l'espérance de vie et diminue le risque de survenue de maladies chroniques. « Les études scientifiques sur les animaux et sur l'Homme sont unanimes sur ce sujet. Par ailleurs, les données épidémiologiques issues des observations sur les centenaires de l'île japonaise Okinawa suggèrent que le fait de manger moins est associé à une augmentation de l'espérance de vie », indique le Pr Hansel.
Une amélioration des paramètres cliniques et biologiques
Mais que signifie le fait de « manger moins » ? Il existe trois grandes manières de diminuer les apports alimentaires. « Le jeûne intermittent consiste à s'alimenter durant une partie de la journée et jeûner, le reste du temps. Le jeûne alterné, quant à lui, est le fait de manger normalement durant un ou plusieurs jours, puis, jeûner pendant une ou plusieurs journées. Le jeûne peut être plus ou moins radical. Parfois, il s'agit plutôt d'une restriction calorique sans véritable période de jeûne. Cette troisième manière de réduire les apports consiste à diminuer l'apport calorique total sur une période donnée ou sur le long terme », détaille le Pr Hansel.
Aucune méthode n'a démontré sa supériorité ou son infériorité sur les autres en termes de bénéfices sur la santé. Les effets sur la santé de ces différentes méthodes ont été étudiés dans le cadre de quelques études cliniques. « Les résultats montrent que le jeûne ou la restriction calorique améliorent certains paramètres cliniques et biologiques tels que la glycémie, les paramètres inflammatoires, la TSH, l'hormone de croissance, la température corporelle. Tous ces marqueurs sont associés à une vie plus longue, en bonne santé », note le Pr Hansel. Toutefois, il n'y a aucun argument, à ce jour, permettant d'indiquer que le jeûne est plus intéressant pour la santé que la restriction calorique.
Cancer et diabète : de bons résultats à nuancer
Les études menées dans le domaine du cancer montrent une possible diminution de la prolifération des cellules cancéreuses, via le jeûne ou la restriction calorique. Les glucides sont le carburant des cellules cancéreuses. « Il s'agit là d'un argument poussant certains patients à devenir des adeptes du jeûne ou du régime cétogène, caractérisé par une restriction importante des glucides alimentaires », précise le Pr Hansel.
D'autres travaux scientifiques, menés sur des patientes atteintes de cancer du sein, ont démontré que le jeûne peut potentialiser l'effet de la chimiothérapie. « Les effets bénéfiques du jeûne doivent toutefois être nuancés. Car cela peut induire un risque de carences et de dénutrition, menant à repousser le traitement par chimiothérapie. Dans le cadre du cancer, le jeûne doit donc être encadré par un diététicien ou un médecin nutritionniste », affirme le Pr Hansel. Certaines études montrent, par ailleurs, que le jeûne permet une rémission du diabète. « Ce phénomène est notamment observé à la suite d'une chirurgie de l'obésité : le seul fait de ne pas manger ou de peu manger après l'intervention améliore les paramètres glycémiques. Et cela, avant même la perte de poids », assure le Pr Hansel. Le jeûne, encadré par un médecin ou un diététicien, peut permettre une rémission du diabète lorsqu'il existe une carence relative en insuline. Mais pas en cas de carence absolue : il n'est donc pas une solution chez les diabétiques de type 1. Quoi qu'il en soit, le jeûne n'est pas un traitement alternatif du diabète et ne garantit aucunement la guérison de cette maladie.
1) Destiné à tout public, PuMS (Pour une Meilleure Santé) est une chaîne santé animée par des médecins pour fournir une information fiable et des conseils pratiques au quotidien : https://pums.fr
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