En hiver, les dispositifs de surveillance sanitaire sont en état d’alerte. Et pour cause ! L’hiver est associé à une surmortalité saisonnière. En influençant la pénétration virale dans l’organisme, le froid favorise les maladies infectieuses et respiratoires, dont la grippe. Le froid est également reconnu comme un facteur de risque cardiovasculaire. Les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables ; les populations en situation précaire aussi, comme le démontrent plusieurs études.
Le confort thermique, un facteur de salubrité
Premier moyen de lutte contre le froid dans les maisons, le chauffage a bénéficié des énormes progrès technologiques des dernières décennies et des efforts réalisés en isolation. Avec l’électronique (thermostat d’ambiance) et les robinets thermostatiques, la chaleur artificielle est de mieux en mieux domestiquée pour chauffer juste, ni trop ni trop peu. Mais quels sont les bénéfices réels du confort thermique sur l’état de santé ? Des éléments de réponses sont apportés par les études et enquêtes analysant les conséquences d’une privation de chauffage. En 2013, la Fondation Abbé Pierre a initié une étude sur les conséquences sanitaires de la « pauvreté énergétique », définie comme une difficulté à se chauffer du fait d’un matériel insuffisant (radiateur électrique) et peu performant, dans des logements souvent vétustes et mal isolés. Les résultats montrent une fréquence accrue des pathologies hivernales, dont le rhume, l’angine, la grippe ou la gastro-entérite, chez les sujets vivants dans ces conditions, en comparaison à la population générale. Les auteurs observent aussi une aggravation des symptômes de maladies chroniques comme l’arthrose ou les pathologies respiratoires telles que l’asthme. Conséquences directes d’un chauffage insuffisant, l’humidité et le développement de moisissures favorisent les infections. À l’inverse, le sur-chauffage observé dans certains logements, peut lui aussi altérer l’état de santé en fragilisant l’organisme. Selon les recommandations actuelles, la température ambiante des maisons ne devrait pas dépasser 20 °C et 19 °C dans les chambres.
Isolation ne signifie pas calfeutrage
Le défaut de chauffage n’est pas le seul à favoriser l’insalubrité d’une habitation. L’aération des logements est essentielle et permet de renouveler l’air intérieur. Le premier geste à recommander est d’aérer les pièces régulièrement, en ouvrant la fenêtre pendant au moins 10 minutes par jour. En complément, une aération naturelle (grille ou bouche d’aération) ou mécanique (VMC, ventilation mécanique contrôlée) est nécessaire pour une meilleure circulation des flux d’air entrants et sortants.
Eau courante : attention aux gastros
Autre confort de la vie moderne, l’eau courante contribue à une meilleure hygiène corporelle. Le lavage des mains à l’eau et au savon, facilité par ce circuit, est un geste incontournable pour limiter la transmission virale, qu’il s’agisse de la grippe, de la bronchiolite ou des rotavirus. Si le système d’assainissement permet de limiter les risques de contamination par micro-organisme, il est néanmoins recommandé d’éviter de consommer l’eau du robinet en période d’épidémie de gastro-entérites, notamment chez les nourrissons et les personnes âgées.
Un confort contrarié par la pollution intérieure
Le confort a ainsi permis d’améliorer la qualité de vie dans les habitations, mais ses bénéfices sur la santé en général sont à nuancer. Le mode de vie actuel, caractérisé par un confinement grandissant et une tendance au cocooning, expose en effet à une pollution intérieure néfaste. Les études disponibles estiment que la pollution domestique est 7 fois supérieure à la pollution extérieure. Les composés organiques volatils, dont le formaldéhyde, en sont une des causes principales. Ils sont présents dans les solvants, les colles et le bois aggloméré, les peintures, la fumée des cigarettes et des cheminées, les produits isolants des combles et les sprays assainissants. Autant dire partout ! Ces produits, dont la dangerosité est accrue par leur caractère volatil, sont à l’origine de risques respiratoires et cancérigènes.
Autre facteur de pollution intérieur, le chauffage, et notamment le chauffage au bois, augmente les émissions de particules fines. Pour limiter ce phénomène, il est conseillé d’utiliser des appareils performants (labellisés Flamme verte 5 étoiles). La fumée de tabac est un élément important de pollution domestique, d’autant plus que les résidus de fumée de tabac restent présents dans les sols, les rideaux et sur les murs malgré une aération. Enfin, l’hiver est associé à un nombre accru d’intoxications au monoxyde de carbone, responsable d’une centaine de décès par an en France.
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